Ha ha ha, j’en vois déjà qui ricanent au fond rien qu’à la lecture du nom du projet incriminé dans cette chronique. Il faut dire que FURZE fait partie des one-man bands BM qui ne peuvent laisser indifférent. Génial et culte pour certains parce que c’est troOoOoOoOp evil vois-tu, absolument bouzesque et ridicule pour d’autres. Après la chronique hilarante de NecromanZee Cogent faite par Prince de Lu, on aurait pu croire que le projet allait devenir un running-gag à la STRIBORG, mais notre ami Woe J. Reaper ne s’avère pas être suffisamment productif. La rédac a même zappé UTD sorti en 2007. Tant pis, je prends tout de même le relais pour vous relater la suite des aventures de notre « Kevin apprenti-sorcier novateur © » avec son 4ème album, Reaper Subsconscious Guide.

Et grande nouvelle, notre Kevin a eu une révélation : BLACK SABBATH, celui des seventies, sans qui la « flamme sombre du Metal n’aurait jamais vu la réalité ». Après avoir mis Tommy Iommi et ses potes en tête de ses amis MySpace, il a donc décidé d’enregistrer un album-hommage, comme ça sur un coup de tête. Et bien que FURZE se définit comme faisant du « Black Psych Metal », il n’y a pas vraiment de Black là-dedans, en tout cas ça n’a plus grand-chose à voir avec le Black-Doom expé foutraque des albums précédents, qui ne ressemblait à rien si ce n’est à un kloug mal cuit. Reaper Subconscious Guide présente donc 5 morceaux s’étalant de 6 à 12 minutes (diantre), au sein desquels on pourra trouver une sorte de Stoner-Doom lent, basique et primitif. Du proto-Metal fait à l’arrache et en dépit du bon sens. Kev… pardon, Woe nous offre donc une collection de riffs Doom lourds particulièrement répétitifs, qui s’étalent pendant des minutes et des minutes sur des morceaux dont la longue durée est injustifiée, avec un jeu de batterie assez binaire et horriblement naïf. L’ami norvégien se lâche surtout sur les quelques parties plus rapides ("It Leads…", "Immortal Lecture"), seuls moments où son exécution instrumentale est honnête (en plus d’une basse plutôt bien amenée, avouons-le). Pour le reste, les compositions ornant ce skeud sont d’un basique et d’une pauvreté affligeante. Woe a voulu nous montrer ce qu’il a appris à jouer à la guitare, OK mais bon…

Woe tente aussi de nous sortir quelques expérimentations qui se veulent subtiles mais qui tombent complètement à plat. Entre les parties semi-acoustiques qui débarquent comme un cheveu sur la soupe, les sons « cristallins » qui sonnent comme des cloches de Noël, les changements de plans étranges sur "Immortal Lecture", il y a de quoi faire. L’album est majoritairement instrumental, le chant ne servant qu’à épicer vainement le vide sidéral des compositions. Et ce chant ne ressemble à rien, coincé entre des vocaux typés Black dépréssif, des râles psychédéliques à la Blake Judd (NACHTMYSTIUM) et des assauts de chant Black acéré placés à la FADADES (héhé). Non quand même, dans sa globalité Reaper Subconscious Guide est un album risible et consternant. C’est censé être son 4ème album quand même, on est en droit d’attendre autre chose qu’un mec qui nous fait écouter ce qu’il a composé ces derniers temps, en mode « regarde ce que j’ai fait avec mon Guitar Pro ». Surtout que le tout est incroyablement ennuyeux et inintéressant. Et surtout : il n’y a pas d’ambiance ! C’est bien beau de vouloir sonner « Psychédélique », mais encore faut-il qu’il y ait une atmosphère fumeuse bien prenante, et ici c’est loin d’être le cas (prenez le dernier UFOMAMMUT : les compos sont répétitives et peu étoffées, mais l’ambiance est saisissante et porte le tout). On a parfois l’impression d’entendre un ELECTRIC WIZARD qui serait retourné à l’âge prépubère, ou qui se serait amusé en studio pour s’échauffer avant de vraies répétitions sérieuses. Ce disque aurait dû être une démo rehearsal qui se passe entre potes, pas un disque qui sort sur un label.

Bon après tout, je vais vous faire un aveu (attention, les dents vont grincer) : Reaper Subconscious Guide n’est pas un mauvais album. A la limite, pris tel quel, que Woe veuille faire son hommage à BLACK SABBATH dans son coin (je laisse les puristes décider si on est dans le domaine de l’hommage ou de l’insulte), grand bien lui en fasse. Le problème c’est que
1. C’est incroyablement chiant, répétitif, pauvre et sans intérêt
2. Ce n’est qu’un simple assemblage de riffs Stoner-Doom sans ambiance ni structuration cohérente qui pourrait faire décoller le tout
3. Quand on lit la mention en grand sur le CD promo « merci de ne pas balancer l’album sur le net, l’artiste (lol) a dépensé beaucoup de temps et d’énergie pour cet album… », et surtout quand on voit écrit (YEARS) mentionné à la fin de la phrase, on a envie de se rouler par terre en se tenant les côtes. Ah c’est sûr, pendant ces années il a dû apprendre à jouer de la guitare ! Le tout pour 5 riffs et demi en 43 minutes (peut-être carrément repompés sur BLACK SABBATH d’ailleurs, je n’ai qu’une connaissance très étroite de leur répertoire). A ce niveau, soit c’est de l’ironie mordante, soit un énorme foutage de gueule. Il est difficile de penser qu’un label comme Agonia puisse croire en « ça », hormis sur les gogos collectionneurs prêts à donner 66€ tout de suite dans le vinyle de cet album « culte ». Culte dans la médiocrité surtout.

Alors bon, histoire de rattraper mon retard en terme d’apprentissage de la guitare, je pense me procurer les tablatures de Reaper Subsconscious Guide, ça ne doit pas être compliqué à assimiler. Il faudrait aussi qu’on prenne des nouvelles de ceux qui ont loué un local de répète après la lecture de la chronique de NecromanZee Cogent, depuis janvier 2007 ils ont dû réussir à composer quelque chose qui tient la route. En tout cas, quelque chose d’un peu plus étoffé que ce que nous présente FURZE qui, lui, est censé avoir (minimum) 14 ans d’expérience à la guitare. Ça fait peur… Bon OK c’est censé être un trip primitif assumé, ou alors c’est une bonne grosse vanne, mais là franchement je ne peux pas. Et par contre, ça n’a pas fait peur aux forces armées de mon subconscient qui se sont contentées d’ignorer cette faucheuse peu reluisante, qui ne présentait aucune menace. Et à mon réveil, le disque ne tourne plus dans ma platine. Ouf !


Rédigé par : ZeSnake | 04/20 | Nb de lectures : 13129