Et la bouse du mois nous vient de Candlelight. Projet solo du Norvégien Woe Reaper, Furze tire son nom de la faux avec laquelle la Mort sévit. Voilà pour le concept et le bonhomme a l'air bien bloqué là-dessus. Candlelight nous réédite "NecromanZee Cogent", originellement sorti par Apocalyptic Empire Records en 2003. Le label anglais tente de nous vendre la soupe du "true expérimental" de cette sortie enregistrée en 2000, que vous aviez été nombreux à vous arracher à l'époque (c'est de l'ironie, hein). Déjà en 2003 Apocalyptic grattait les fonds de tiroir, Candlelight s'est carrément mis à creuser. Ca sent le piège à gogos à deux cents mètres, le bidule à vapeur propulsé "culte" aussi facilement qu'une émission de M6. Et il y a bien de ça.

Furze étale un black/doom minimaliste mal branlé qui ferait passer Von pour des guitar heroes. Nous sommes vraiment dans le niveau "débutant 1ère année" de l'école de musique municipale, dans l'exécution mais surtout dans la composition (toutefois, sans descendre dans les abysses sondées par Malevolus). Pendant 70 très longues minutes, le Kevin apprenti-sorcier novateur fait mumuse avec ses instruments. "Regarde maman ce que je peux faire!". C'est très long 70 minutes parfois. Et on sent rapidement que le bagage n'est pas là du tout et que les morceaux ne méritent même pas le titre de compositions. Les seuls riffs crédibles sont pompés sur Darkthrone, Burzum ou Cathedral sans aucune vergogne. Je ris encore de la pathétique imitation de "Det som en gang var" sur le début de "Leizla". Avec un aplomb et un sérieux extraordinaires, Woe Reaper tartine longuement de l'insipide à faire pâlir un candidat aux présidentielles.

Si l'instrumentation est à peine passable, notre Norvégien s'en donne à cœur joie sur les voix, poussant le bouchon du pathétique plus loin que Secht (et c'était pas facile). Quelques effets sonores viennent s'ajouter pour essayer de faire du remplissage : du scratch sur un passage, des plans d'orgue à deux balles genre "je suis mystique", énormément de slides à la basse ("Regarde maman, je sais faire ça aussi"). Emballé dans un slipcase, ce skeud ne vaut pas le papier qui a été utilisé pour imprimer son livret. Enregistré à l'arrache avec un micro d'ambiance, le son de cet opus accompagne à merveille les "compositions" qui s'étalent de trois à vingt-trois minutes (j'ai mal rien que d'y repenser).

Plutôt que d'investir dans un CD inutile, louez un local de répétition avec des potes et défoulez-vous. Vous ferez aussi bien en qualité et vous ferez du sport. Je me demande comment un label reconnu peut signer une bouse pareille et oser la refourguer avec une étiquette "expérimental". Sûrement pour faire un peu de pognon sur le dos des collectionneurs compulsifs (genre le futur "Wine of Satan 2" et son édition collector). On sort n'importe quoi sans discernement et on s'étonne de la chute des ventes. Mercantilisme, quand tu nous tiens...




Rédigé par : Prince de Lu | 02/20 | Nb de lectures : 14186