Je vous parlais pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps de l’album de CRYPTICUS et du bon vieux feeling bien sépulcral et rétro qui se dégageait de la chose. Hé bien sachez que la nostalgie passéiste de Razorback records a encore frappé avec la sortie voilà déjà quelques mois de ce premier album de FUNEROT. Une galette qui, par son approche musicale, nous ramène près d’une vingtaine d’année en arrière.

Montez dans ma machine à remonter le temps et suivez le guide dans ces temps reculés. METALLICA viens de sortir son « Master of Puppets », Cliff Burton va disparaître pendant la tournée européenne qui suivra dans un accident de bus, Ronald Regan est président des Etats-Unis, le death métal connaît ses premiers balbutiements, le réacteur numéro 4 de Tchernobyl vient d’exploser mais le nuage radioactif a eu la bienséance de s’arrêter à la frontière franco-allemande, une cinquième chaîne puis une sixième apparaissent sur les petits écrans français, SLAYER sort son album le plus culte et Coluche se plante dans un accident de moto qui lui coûtera la vie. Bienvenu en 1986! C’est cette même année qu’un mouvement encore inconnu commence à prendre un essor relatif sur le continent américain. Influencés à la fois, par les mouvement punk, hardcore et thrash voilà qu’un nouveau genre fait de plus en plus parler de lui. En raison de ses inspirations à la croisée de plusieurs styles, son nom est tout trouvé: le crossover. Des groupes comme D.R.I., CRUMBSUCKERS, WEHRMACHT, ATTITUDE ADJUSTMENT ou THE ACCÜSED lui donnent ses titres de noblesses. Ce style musical ne se préoccupe que très peu d’un quelconque style académique. C’est l’ère des musiciens exclusivement autodidactes qui ne jouent qu’au feeling, des chanteurs qui savent à peine poser leur voix sur de la musique, des titres courts débouchant sur les premières tracklists fleuves, des productions brutes de coffrage et cheap et pourtant cette scène dégage une putain d’énergie qui ne connaîtra jamais d’égal dans les années à venir.

Hé bien comme MUNICIPAL WASTE avec son excellent « Hazardous Mutation » l’an passé ou l’indispensable « Oh Matha » de THE ACCÜSED fraîchement reformé, c’est au tour de FUNEROT d’exhumer le crossover par un album court, incisif qui n’atteint pas la demi-heure. Comme au temps jadis, les riffs sont nerveux, incisifs et puisent autant leurs racines dans le thrash que le hardcore. Les mélodies sont omniprésentes bien que les tempos soient rapides. Le chant clair est partagé entre les deux guitaristes et un bassiste qui balancent des textes à un débit très soutenu et dont la haute portée philosophique va des craignos monsters des séries Z à des histoires digne de comics rétro. Quelques solos viennent ici se balader sur les gammes, histoire de nous rappeler que les gratteux se démerdent pas trop mal. En fait c’est tellement bien fichu qu’on croirait presque tenir là un disque d’une époque que les membres de FUNEROT ont indiscutablement connu et aimé au point d’en garder une nostalgie présente au détour de chaque riff.

Bizarrement, malgré son approche clairement tournée une vingtaine d’années en arrière et sa production à l’ancienne « Invasion from the Death dimension » ne donne jamais le sentiment que le genre a pris un sérieux coup de vieux. En fait ça se laisse même écouter avec une certaine délectation qui peut aller jusqu’à un bon vieux panard si vous êtes, comme moi, accro au crossover. J’en vois d’ici qui vont pousser des beuarks d’écœurements mais tant que Saul D trainera dans les parages, je sais que nous serons au moins deux à aimer ce genre de disque.


Rédigé par : Tonton | 18/20 pour les amoureux du crossover – 12 | Nb de lectures : 12904