Autant être clair tout de suite. Si vous décidez d’écouter ce groupe, vous ne serez plus tout à fait le même. Peut-être que vous ne serez même plus tout à fait vivant. Funeralium, c’est l’absence de lumière, l’absence de vie, le désespoir et la décomposition les plus extrêmes. Le groupe est composé de 2 membres d’Ataraxie et de 2 Heol Telwen, et existe depuis 2003. Après une démo cassette limitée à 500 exemplaires (kvlt) dont le titre définissait parfaitement le style pratiqué par le groupe, à savoir Ultra Sick Doom, voici le premier méfait longue durée des quatre cavaliers de l’apocalypse. Et c’est le label israélien Total Rust (Mourning Dawn, Remembrance) qui en est le responsable.

Comme je le disais en préambule, abandonnez tout espoir au moment d’attaquer les 6 morceaux et les 76 minutes que durent cet album. Funeralium, c’est un tempo pachydermique et lentissime, une basse écrasante, des guitares dissonantes, possédées et mammouthesques, et un chant, tantôt black, tantôt death, mais toujours en plein désespoir, hurlant à la damnation éternelle. Amateurs de Bunkur, Bethlehem, des parties lentes et malfaisantes d’Ataraxie, vous serez ravis. Là où les groupes de doom/death accélèrent le tempo pour montrer leur colère, là où les groupes de Funeral doom dégoulinent de nappes de clavier pour rendre leur musique triste, Funeralium plonge tout le monde sans exception vers les abysses démoniaques et désespérées du doom, où plus rien de subsiste. Même lorsque Ys dérape accidentellement sur sa double pédale (sur le titre "Funeralium", notamment, qui se termine en un evil death metal du tonnerre), le résultat est qu’il nous entraîne un peu plus profondément dans les ténèbres. Le chant lui se perd quelquefois dans le mix, accentuant le sentiment de perte. Même le solo de "Let People Die" ne parvient pas à allumer la moindre flammèche dans cette noirceur, provoquant même une ivresse des profondeurs. Durant les 6 morceaux, Funeralium ne laisse pas respirer, les basses surplombant le tout, et bourdonnent entre deux accords. Le son, très bon, est étouffant à souhait, et donne à ce manifeste anti-vie toute sa splendeur. La pochette montre des silhouettes, mortes, le tout dans une ambiance malsaine, blanche/grise, la lumière du bout du tunnel. L’artwork colle parfaitement à la musique (même si je préfère le design du vinyl). Funeralium, c’est un peu comme le film The Abyss, sauf qu’il n’y a pas d’extraterrestre lumineux, pas de happy end, juste une lente agonie, des psychoses des profondeurs, et des suicides dus à la situation catastrophique et irréversible.

Ajoutant une nouvelle potence au doom, Funeralium est définitivement un groupe à supporter ! Unissons nous contre la beauté, le bonheur, la joie, les sourires, les rires, les rêves, les petites fleurs... Dressons nous afin de rendre la Terre triste, désespérée et suicidaire. Les heures de l’Humanité sont comptées, et Funeralium vient achever le travail de la Faucheuse, et vient précipiter le Monde dans le chaos et la désolation. La Noirceur a un nouveau nom, et elle s’appelle Funeralium.

No female voices, no fucking keyboards, just despair and rotten ! BUY AND DIE !!!

Et pour les collectionneurs et amateurs de bel objet, signalons la version vinyl en double gatefold chez Ostra Records.


Rédigé par : Kryde | 19/20 | Nb de lectures : 12266