Jamais un groupe n'aura aussi bien porté son nom que celui-ci. Durement affecté par le décès de Einar Andre Fredriksen mort en 2003 quelques mois après la sortie de "In Fields Of Pestilent Grief", le précédent album, c'est cette fois Christian Loos, guitariste du groupe qui est mort (dans des circonstances que j'ignore) en octobre dernier avant même que cet album ne sorte. Malgré tout, contre vents et marées, le groupe continue son chemin et nous offre avec ce "From these wounds" un quatrième album de toute beauté.

Grand bouleversement chez FUNERAL, le chant féminin qui était jusque-là une des marques de fabrique des Norvégiens a disparu tout comme les growls qui lui faisait généralement écho. Ne vous laissez pas avoir par la chorale féminine qui ouvre l'album, elle ne va faire qu'un passage éclair. C'est désormais un certain Frode Forsmo qui se charge du chant, tout comme il se charge de la basse, comme il le fait dans son autre groupe MINAS TIRITH. La palette de notre homme est assez large et il s'en sort plus que bien. Son chant grave et posé (mais toujours clair, pas de growls ici) est assez souvent doublé. Il m'a parfois un peu rappelé celui de BEYOND DAWN, période "Pity love" ou encore à celui de Dan Swanö dans GODSEND. Frode Forsmo est d'autant plus efficace qu'il travaille sur de bonnes bases. La musique de FUNERAL est sur ce skeud plus que jamais inspirée. Certains regretteront sans doute que le groupe ait quelque peu délaissé sa face Funeral au profit d’un doom plus mélodique mais pour ma part je suis convaincu. Je trouvais parfois les albums précédents un peu maladroits, enchaînant un peu trop facilement des parties pas toujours originales. Loin de la lenteur et de la tristesse que pouvait dégager les anciens albums ou que peut le faire par exemple un MY DYING BRIDE, FUNERAL donne maintenant plutôt dans le mid-tempo et la mélancolie, une mélancolie qui s'appuie sur des tombereaux de riffs vraiment inspirés et de rythmiques plombées des plus pachydermiques et qui se développe durant des morceaux assez longs (jamais moins de 6 minutes). FUNERAL fait partie de ces groupes qui maîtrisent leur sujet de façon vraiment impressionnante et pour qui tout semble simple. Il suffit par exemple d'écouter le riff de "Pendulum" pour s'en convaincre. Cette petite mélodie est somme toute vraiment simple mais elle est pourtant d'une efficacité redoutable et d'une frissonnante beauté. Pour renforcer le côté mélancolique de la musique des voluptueux synthés ou un délicat violon viennent régulièrement apporter leur pierre à l'édifice.

Arrivé sans doute un peu tard pour figurer dans les classements, cet album aurait, vous l'avez compris, sans peine eu sa place dans le top 2006. Reste maintenant à savoir si le groupe se relèvera vraiment de ce coup dur, Andres Eek, le batteur étant aujourd'hui le seul survivant - et le mot n'est pour une fois pas usurpé - du line-up originel.


Rédigé par : Sheb | 18/20 | Nb de lectures : 13907