Le moins qu’on puisse dire au sujet de ce split album, c’est que FUNEBRARUM aura ménagé le suspens de sa sortie dans des proportions insoutenables. Imaginez un peu que le groupe américain n’avait que le EP « Dormant Hallucination » à son actif depuis la sortie de leur premier et unique album «Beneath The Columns of Abandoned Gods » en 2002. Et lorsque l’on sait que ledit album avait été enregistré en 2000, on comprendra aisément que la productivité n’est pas le fort de FUNEBRARUM dont les membres étaient sans doute trop occupés dans leurs groupes respectifs notamment ABAZAGORATH et EVOKEN. Annoncé depuis déjà de nombreux mois et repoussé à outrance jusqu’en ce début d’année 2007, voilà enfin le tant attendu « Conjuration of the Sepulchral ».

Pour partager dignement ce retour inespéré, FUNEBRARUM est allé nous déterrer une bande d’authentiques vétérans suédois reformée depuis peu. J’ai nommé, INTERMENT. Ce nom ne vous sera sans doute pas vraiment familier et pour cause. Le groupe ne comptait jusqu’alors à son actif qu’un chapelet de démos dont la plus récente datait de 1994 ; de quoi chasser toutes idées superflues sur les motivations mercantiles d’un tel retour. D’un autre côté, il faut bien préciser que certains des membres d’INTERMENT se sont distingués dans quelques formations plus connues telles CENTINEX, DEMONICAL ou encore DELLAMORTE.

Mais revenons plus précisément à l’objet de cet article, ce split CD fermement ancré dans une approche définitivement passéiste pour ne pas dire old school.

A l’écoute de ce « Conjuration of the Sepulchral » on s’aperçoit bien vite que ce retour de FUNEBRARUM est en demi-teinte. Non pas que les cinq titres proposés ici soient bancals, loin de là mais ce split album ressemble davantage à une mise en bouche plutôt qu’à un réel plat de résistance puisque deux des cinq morceaux présentés ici sont en fait des reprises de GRAVE, « Into the Grave » et du légendaire ABHORRENCE finlandais, « Caught in a Vortex » (pour l’anecdote ABHORRENCE fut l’un des premiers groupes de Tomi Koivusaari d’AMORPHIS et Mika Arnkil d’IMPALED NAZARENE).

Au regard des hommages choisis pour cet album, il est superflu de préciser que FUNEBRARUM continue sur la lancée de son énorme « Beneath the Columns of Abandoned Gods » en proposant un death metal d’une lourdeur écrasante. Une caractéristique tenant sans doute autant des riffs de Nick Orlando (EVOKEN) que des influences scandinaves et plus spécifiquement finlandaises du groupe qu’on retrouve jusque dans leur son. De même la monstruosité de l’intro de « Conjuration of the Sepulchral » de même que certains passages de chant doublé ne sont pas évoquer furtivement les premiers CARCASS. Et le chant parlons-en car Daryl Kahan va chercher très loin la profondeur de ses impressionnants growls au point de faire passer nombre de ses congénères pour des castras. Même si FUNEBARUM expose le point culminant de son art dans les tempos les plus pachydermiques, le groupe du New Jersey, ne rechigne pas devant quelques accélérations qui rendent les parties lentes encore plus monstrueuses. Loin de faire du remplissage avec les deux reprises, FENEBRARUM s’approprie véritablement les deux titres empruntés pour les tourner à sa sauce sépulcrale.
J’évoquais un retour en demi-teinte quelques lignes auparavant et pourtant, cette première partie du split justifie à elle seule l’achat de cet album. Alors pourquoi cette réserve ? Tout simplement parce que l’issue des cinq titres de FUNEBRARUM laisse place aux perspectives d’une inévitable attente avant de retrouver le groupe américain pour un véritable album.

On reste à fond dans le death des origines avec INTERMENT qui avait démarré sa carrière sous le nom de BEYOND dès 1988. A la vue de cette date vous ne serez pas trop surpris d’apprendre que ces vieux contemporains de NIHILIST, CREMATORY(sw) ou SORCERY nous administre avec cinq nouveaux titres une véritable leçon de death suédois qui fleure bon les années 80. Tous les ingrédients nécessaires sont présents, des guitares grasses enregistrées dans un caveau au chant pas tout à fait grogné en passant par les rythmiques incisives qui ont porté des groupes comme ENTOMBED à la consécration. Le death metal d’INTERMENT respire cette frénésie instinctive et autodidacte qui caractérisait l’amorce d’un mouvement devenu, par la suite, planétairement reconnu. Nos quatre vétérans se sont visiblement attachés à préserver cette authenticité pour ce come-back aussi improbable qu’inattendu. Certes, on navigue ici dans des eaux bien connues qui ont souvent perdu de leur intérêt par des carences d’inspirations successives depuis le début des années 90. Pourtant INTERMENT tire son épingle du jeu par le biais de son efficacité et de son savoir-faire. Des titres comme « Black hollow Black », « A Descent Hell » ou encore l’énorme outro instrumentale “The Soul Collector” n’auraient pas dépareillé sur un “Left Hand Path”.
Si INTERMENT souffre légèrement de la comparaison avec FUNEBRARUM, les Suédois réussissent néanmoins à maintenir l’intérêt de l’auditeur sans que celui-ci n’ait furieusement envie de revenir au début du disque. Il n’était pas facile de faire face à un rouleau-compresseur pareil mais INTERMENT l’a fait. Reste à savoir si cette reformation se résumera à un ultime baroud d’honneur pour le fun ou s’il faut escompter une pérennité quelconque de ce retour. Quand je pense qu’ils ont donné en janvier dernier leur premier concert depuis 1992 aux côtés de GROTESQUE et NIRVANA 2002…

Pour les amateurs, sachez enfin que FUNEBARUM viendra se frotter au public européen l’été prochain en compagnie d’INTERMENT avec, comme point d’orgue, une date au Party San. On parle d’une date parisienne mais rien n’est encore confirmé. Par ailleurs, les groupes cherchent encore des dates pour compléter leur périple. De quoi faire triper certains organisateurs.


Rédigé par : Tonton | FUNEBRARUM 8,5/10 – INTERMENT 7 | Nb de lectures : 11510