Si FUCK THE FACTS en quelques neuf ans de carrière a conquis le continent nord américain au point d’atterrir, voilà deux ans, dans l’escouade convoitée de Relapse, le groupe a décidément du mal à faire son trou de ce côté-ci de l’Atlantique même si tout le monde s’accorde à reconnaître les vertus explosives de la musique du groupe canadien.

Neuf ans de carrière, un bon paquet de tournées, un nombre vertigineux de split-albums à faire pâlir de jalousie ANAL MASSAKER et aujourd’hui un huitième album studio (en comptant les CD-r et l’expérimentation avec FEVER SPOOR), encore une fois doté d’un titre énigmatique - et d’un visuel tout aussi abstrait - ne faisant pas, malgré les apparences, référence au fameux DISGORGE mexicain et encore moins au « Mexico » de Luis Mariano.

Au programme, trois quarts d’heure de grind véloce et particulièrement énervé décliné sur une quinzaine de titres mouvementés. On notera en premier lieu que le groupe a réussi à freiner son hémorragie de line-up en conservant Mathieu Vilandre, le cogneur qui avait déjà enregistré « Stigmata High Five » en 2006. Ajoutez à ça le tentaculaire guitariste Topon Das et surtout une impressionnante brailleuse de charme toujours prête à vomir sa glotte en la personne de Mel Mongeon et vous aurez une fine équipe dédiée à un mélange metalo-grind-hardcore qui décape.

Fidèle à son image de bourlingueur du grind, FUCK THE FACTS nous balance avec « Disgorge Mexico » un savant alliage réunissant l’hystérie discordante - d’aucuns diraient un joyeux bordel - d’un grind chaotique post-machin, une bonne dose de grind moulé à l’ancienne ainsi qu’un goût prononcé pour les tempos lourds presque grunge qui viennent égrener leurs gros riffs d’accords lâchés sur la plupart des titres. La jolie Mel s’égosille là-dessus dans une série de hurlements en mode screamo qui n’ont, décidément, rien de féminin.
Le résultat est varié alternant avec prouesse triple loots piqués de guitare, plans barrés bien frappadingues, break furieux et ralentissements écrasants de puissance. FTF se paye même le culot de quelques mesures d’interludes tranquilles (« Dead end », « The Storm »), acoustiques (« Apathy is a Karma Killer ») ou délicatement jazzy (« No Place for Failure »). Mais les pauses sont généralement de courte durée chez FTF car le gang canadien assène sa musique avec une frénésie entrecoupée de passages rentre-dedans aussi délicats que des coups de massues.

La production est parfaitement adaptée. Mixage délicat de son grind crade avec option reblochon entre les orteils assez rugueux pour garder une certaine authenticité et suffisamment clair pour qu’on n'en perde pas une miette au passage.

Hé oui, le nouveau FTF est aussi barré que brutal et accrocheur. Encore une galette qui arrachera quelques scalps chez les utilisateurs de casques trop affûtés. Reste à savoir si ce disque permettra à FTF de réellement faire son trou sur l’ancien continent au point de les amener à venir nous racler les tympans en tournée. Parce que si ça envoie le boulet aussi fort sur scène que sur disque, ça devrait en gifler plus d’un.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 10757