Et si l’EP était finalement le support le plus adapté au Grind, le plus à même d’exprimer toute l’urgence et la rage portées par ce style ?
Pas de redondance, pas de longueur. Et l’obligation d’être concis et cohérent, tout en maintenant l’envie d’en mettre plein la vue en moins de 15 minutes.

A l’instar de la majorité des groupes de Grind, le format EP sied terriblement bien à FUCK THE FACTS ; le groupe nous l'ayant déjà prouvé à maintes reprises. Exit les longueurs entraperçues sur "Die Miserable", exit les passages poussifs. Avec la contrainte imposée par le format, le groupe s’est recentré sur un mode d’expression direct et nettement plus radical.

La violence est au premier plan, mais FUCK THE FACTS a eu l’intelligence de puiser dans son savoir-faire et son expérience pour injecter un peu de variation.
Aux passages furieux blastés répondent des ralentissements lourds et gras, permettant de varier l’intensité, et de faire travailler nos cervicales.
Mel est toujours aussi ébouriffante, ses hurlements aigus, marque de fabrique du groupe, sont percutants et agressifs, voire même carrément hystériques. Un excellent vecteur de toute la furie exprimée par le groupe, parfaitement relayée également par la justesse de la batterie.

Riffs simples et agressifs, son rugueux mais puissant, variation des pulsions rythmiques, des explosions vocales et des modes d’expressions : il n’y a rien à dire, le Grind core moderne des Canadiens est parfaitement adapté au format EP – ou peut-être est-ce l’inverse... En tout cas, FUCK THE FACTS est en forme, et non content de combiner violence explosive et lourdeur lancinante, nous rappelle combien il est talentueux.

Ses nombreuses influences musicales se transposent avant tout dans les mélodies, dans les ambiances et dans la thématique ; toujours désabusé, mais lucide, le groupe s'inspire de ses émotions pour les transposer en instants de folie musicale. Aux mélodies grind se mêlent des influences CARCASS-iennes, des aspirations punk et d'autres plus modernes, pour un résultat personnel mais décapant.
Quant au son, habile jointure entre l'enregistrement dans le studio du groupe 'Studio Apartment 2', le mixage de Topon Das et la mastérisation au studio Visceral Sound par Scott Hull, il est simplement parfait.

"Amer" illustre un semblant de retour à une forme de violence plus directe, sans nuire pour autant aux aspérités et variations tributaires de l’identité du groupe : FUCK THE FACTS a trouvé un juste équilibre, qui satisfera autant les fans des titres percutants de "Die Miserable", que ceux fans de "Disgorge Mexico".
Un excellent moment en compagnie de ces fous furieux du GrindCore, en espérant que le groupe réussisse à préserver ce fragile équilibre sur sa prochaine galette...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 7,75/10 | Nb de lectures : 12548