16 ans. Deux démos. Cinq albums. Quatre EP, trois split. Et seulement la première chronique sur VS de ce groupe italien. A croire que ISO666, précédent label qui a sorti les quatre premiers albums, n’envoyait pas de promos. Et surtout qu’aucun membre de la rédaction n’ait pris le temps de poser son verbe sur ce quartet. Manque de reconnaissance et de notoriété ? Certainement. Moi-même n’avais jamais entendu la moindre note du groupe. Et pourtant, le nom me disait quelque chose. Et pour cause, il s’agit du groupe principal du batteur italien le plus prolifique du pays. Si les autres membres ont également quelques obscurs groupes à côté de Frostmoon Eclipse, Gionata Potenti , lui, a une liste de groupe plus longue que… la basse de son camarade. Extraits : Glorior Belli/11 as an Adversaries (c’est lui G.), Ad Hominem, Antares Predator, Melancolia Estatica, Handful of Hate, session pour Nocternity… et je vous passe les 47 autres groupes obscurs. Si aujourd’hui Frostmoon Eclipse apparait dans VS, c’est grâce à une simple chose : ils sortent leur nouvel album sur Osmose. Le label du sud de Calais a misé sur les Italiens, et les fait sortir de l’ombre par le biais de ce cinquième album.

D’ailleurs, parlons-en de cet album. La musique des Macaronis est vraiment riche et originale. Pas originale dans le sens « on fait n’importe quoi et ça ressemble à rien ». Au contraire, partant d’une base black metal traditionnel, quoique plutôt désespéré, le groupe ajoute des éléments rock, doom mélo, et d’autres trucs difficiles à définir, mais qui, une fois passés au mixer, donnent un résultat dense et intéressant. Du black metal, le groupe a gardé le chant et certains passages rentre-dedans. Les parties rock sont très bien intégrées, et donne un côté plus calme aux morceaux. D’ailleurs, le groupe n’hésite pas mettre des parties acoustiques dans plusieurs morceaux, qui permettent de mieux souligner les parties plus intenses et brutales. Certains riffs font furieusement penser au doom mélodique, genre école finlandaise, comme sur le premier morceau "Heaven Outside, Hell Within". Le chanteur, outre ses grognements black, pose également sa voix claire, murmurée sur les passages les plus calmes. Si passages calmes il y a, Frostmoon Eclipse sait profiter de son excellent batteur, et le met à contribution sur certains morceaux plus agressifs, comme sur le dernier morceau, "The End of Everything", excellent titre de black mélodique bien rentre-dedans.

L’album est plutôt long, un peu plus d’une heure, pour seulement sept morceaux. Les titres durent en moyenne entre 7 et 9 minutes, donc assez longs. Seul un titre passe en dessous des six minutes. Et malgré ces durées qui pourraient rebuter les plus pressés, la musique des Italiens est suffisamment variée pour tenir en haleine l’auditeur pendant une heure. Les passages calmes ne sont pas trop nombreux, mais permettent de souffler avant d’envoyer les passages plus agressifs. Les parties plus mid-tempo sont également de grande classe. De plus, le groupe a soigné la production de cet album. Tout en gardant un son organique et naturel, cet album a une grosse production propre qui donne sa place à tous les instruments, et même la basse. Mais surtout il évite le piège de la surproduction stérile dans lequel trop de groupes tombent.

Ce cinquième album est une vraie réussite. Plus les écoutes passent et plus les détails se révèlent, ce qui donne une espérance de vie d’autant plus longue dans une platine. La musique des Italiens est vraiment classe, en mêlant intelligemment black metal à des élements plus rock, tout en ne tombant pas dans la mièvrerie et les mèches. On reste dans une musique velue et virile, clairement metal. Amateurs de Melancolia Estatica, Code, Farsot et Alcest, jetez une oreille sur cet album. Dans les reproches, parce qu’il en faut toujours, je regrette surtout que les morceaux et l’album soient aussi longs. Un morceau en moins n’aurait pas été du luxe. Le groupe veut poser ses ambiances et faire en sorte que les morceaux prennent leur temps, ce qui est totalement louable. Mais il est arrivé plus d’une fois où mon attention a baissé et où je n’étais plus dans le disque. Et c’est d’autant plus rageant compte-tenu de la densité et de la qualité de la musique. Petit message au groupe, faites votre prochain album un poil moins long, et vous aurez la Sélection.


Rédigé par : Skay | 15/20 | Nb de lectures : 14297