Frost n'est plus depuis un moment.
Non, je ne vous annonce pas le décès du batteur norvégien épileptique. Le sujet du jour est le défunt groupe anglais Frost. Le trio de Birmingham n'aura pas eu son heure de gloire avant de tirer sa révérence en 2005, malgré la présence dans ses rangs de Mick Kenney alias Inrumator dans Anaal Nathrakh. Le déjanté tient dans ce projet l'ensemble des instruments, laissant les diffférentes vocalises aux deux autres membres, les mystérieux The Fog et The Shid. Formé en 2000, Frost va sortir deux démos avant que ne paraissent son premier album "Cursed Again" en 2002, puis "Talking to God" en 2004. Et après un dernier mini (vraiment mini par la taille, ceux qui l'ont me comprendront) intitulé tout simplement "Frost" en 2005, le coup de froid tire sa révérence. Officiellement, Frost n'a pas splitté mais est "on hold", situation qui n'a pas créé beaucoup d'émoi dans la scène extrême.

En attendant la sortie du dernier Anaal Nathrakh, Mick Kenney a eu la joyeuse idée de ressortir les deux albums de Frost sous la forme d'un seul opus. Il profite pour cela de sa structure FETO Records, label qu'il tient avec son comparse Shane Embury (que je ne vous ferai pas l'affront de vous présenter). Il est vrai que les deux sorties du défunt label briton Rage of Achilles n'étaient pas des plus simples à dégoter de nos jours. Pas de problème pour la cover, on reprend celle bien réussie de "Talking to God" et on la peint en bleu. On remasterise tout ça et hop, 80 minutes de Frost. Pour ceux qui ont les albums, cette sortie est très dispensable. Pour les autres, ça dépend si vous aimez Mayhem.

Car Frost officie dans un black très porté sur la légende norvégienne. Froides comme un bac glaçons dans le cou, les compos créent immédiatement une distance avec l'auditeur. Les vocaux (très Attila dans l'âme) traînent sur des riffs décharnés, créant une sensation de misanthropie dédaigneuse. Véritable hommage, Frost mérite bien son patronyme. A la nuance près que les Anglais préfèrent un black très monolithique à un régime de croisière mesuré, là où la bande à Hellhammer ose de nombreuses cassures rythmiques et des débauches de percussions. A mon sens, Frost s'enterre rapidement dans un ronronnement assez soporifique, avec des compos assez fades et des riffs qui tournent à vide. A mon sens, hein! Mais les amateurs apprécieront probablement, surtout qu'il y en a pour son argent avec 80 minutes du même calibre. Je ne suis pas certain qu'un tel type de musique supporte une aussi longue durée sans lasser même un fan.

Parmi la liste des gens invités à pousser la porte du Necrodeath Studios (de Mick Kenney), on trouve entre autres Reign of Erebus et… l'idole des jeunes Attila. On peut regretter qu'avec cette sortie, le EP éponyme passe définitivement à la trappe. Je ne suis pas certain qu'il soit très facile à trouver non plus. Mais comme il est sorti chez Southern Lord en 2005, ça doit être une bête histoire de droit. Voilà une occasion de découvrir une dernière fois le projet anglais, une dernière fois avant déstockage définitif. M'enfin, y'a plein d'autres bons trucs à acheter avant…


Rédigé par : Prince de Lu | Réédition(s)/ | Nb de lectures : 10653