En voilà un album qui a du en faire saliver plus d’un, surtout qu’il était annoncé depuis plus d’un an. Le côté culte de FRONT LINE ASSEMBLY (FLA pour les intimes) dans sa scène Electro-Indus dont il est l’un des fondateurs ne peut laisser indifférent, et on peut remarquer une certaine ébullition dès que le groupe donne de ses nouvelles. Peut-être un peu moins du côté des fans de Mitöl qui tache, pourtant FLA a influencé pas mal de monde dans les sphères métalliques, Devin Townsend et Jed Simon (STRAPPING YOUNG LAD) ayant participé au projet, qui a sorti quelques albums incluant des éléments metal (Millennium et Hard Wired notamment), et un des membres historiques du groupe, Rhys Fulber, s’est fait mieux connaître pour avoir été producteur pour FEAR FACTORY, PARADISE LOST et plus récemment SYBREED (groupe très influencé par FLA s’il en est). Parlons justement de Rhys car il a (de nouveau) quitté le groupe et n’est pas au générique de Improvised.Electronic.Device (13ème album des canadiens). Ce n’est pas une nouveauté pour FLA qui s’était déjà passé de ses services entre 1997 et 2003. Il a donc été remplacé numériquement par Jared Singlerland, qui avait fait une apparition discrète sur Artificial Soldier (2006). Jared fait également partie de LEFT SPINE DOWN, groupe de Chris Peterson, autre membre plein temps de FLA. Autour de l’indéboulonnable Bill Leeb et de Jeremy Inkel, Chris et Jared complètent le line-up de Improvised.Electronic.Device. Et chose qui va en intéresser plus d’un ici : Jared est guitariste.

Car en temps normal et surtout entre FLAvour Of The Weak et Artificial Soldier (soit 5 albums), FLA pratique de l’Electro-Indus pure, plutôt éthérée, moderne et « tubesque », surtout faite pour les auditeurs acharnés du style. Mais pour cette cuvée 2010, le groupe a donc décidé de remettre un peu de tonus dans sa musique en ressortant les bonnes vieilles guitares Indus. Le départ de Rhys, dont le retour temporaire avait considérablement adouci la musique de FLA (notamment sur Civilization, avec les influs du projet solo de Rhys CONJURE ONE), et donc l'arrivée de Jared en CDI y sont pour beaucoup. Pour faire simple, Improvised.Electronic.Device se situe quelque part entre Hard Wired, Implode et Epitaph, avec des guitares à la Millennium. En tout cas, plus grand-chose à voir avec le dernier effort en date Artificial Soldier, sauf sur quelques passages. Mais alors que sur Millennium les guitares n’étaient en grande partie que des samples (le tout géré par Devin Townsend, faut-il le rappeler), sur I.E.D ces guitares sont bien plus modernes, mieux composées et mieux intégrées. De là à dire que I.E.D est un album « metal » de FLA, il n’y a qu’un pas. Si vous avez écouté et apprécié l’inédit "Armageddon" qui figurait sur l’album de remixes Fallout, vous saurez à quoi vous attendre en dégustant I.E.D. De l’Electro-Indus sonnant typiquement FLA, mais bien plus dynamique et rentre-dedans (toutes proportions gardées), varié et toujours accrocheur, avec le talent de composition et d’exécution qui caractérise FLA depuis de nombreuses années, qui nous livre un album différent des autres bien qu’il reprenne des facettes déjà connues de la carrière des canadiens.

Improvised.Electronic.Device est donc, à nouveau, une belle collection de tubes. On peut donc tenter ici de faire un « track-by-track ». Le morceau-titre "I.E.D" ouvre l’album de fort belle manière, avec une intro ambiante avant d’asséner un riff répétitif mais efficace tout au long du titre, entrecoupé par un refrain lumineux. "Angriff" est un morceau typique de FLA, avec un couplet doux (la voix de Leeb est au top ici) et un refrain superbement martial, le tout porté par des guitares et des percussions qui font mouche, pour un morceau assez sombre au final. "Hostage" est sans conteste une perle Electro-Indus, avec des beats électro dynamiques et dansants, un refrain génial et une partie finale épique comme jamais. "Release" est un titre assez classique, trop peut-être, avec un refrain sonnant trop déjà-entendu sur Epitaph, malgré des guitares écrasantes. "Shifting Through the Lens" est une piste un peu à part, curieusement choisie comme single alors qu’elle n’est pas représentative de l’album (au contraire de la face B "Angriff"), mais génialissime avec son côté plus EBM et ses voix robotisées, dans la lignée de l’inédit "Electric Dreams" qui figurait aussi sur Fallout. "Laws of Deception" est un morceau mid-tempo aux guitares lourdes et acérées, qui s’annonce comme la version 2010 de "Surface Patterns" (Millennium). "Pressure Wave" est bien plus direct, avec des riffs très incisifs et percutants, et avec un chant au ton sombre et inquiétant sur le refrain. "Afterlife" est la ballade de l’album et est tout simplement magnifique, le chant de Leeb étant ici d’une beauté imparable. "Stupidity" est également un titre à part, vu que Al Jourgensen (MINISTRY) produit, joue de la guitare et chante sur ce morceau, qui bien que sonnant surtout comme du MINISTRY plus électro, est aussi le titre le plus bourrin jamais entendu de la part de FLA. L’album se clôt par un habituel morceau ambiant, qui se nomme ici "Downfall", et qui s’avère être reposant (surtout après un album aussi percutant) mais pas inoubliable.

Au final, malgré quelques petits défauts (un "Release" anecdotique, des titres trop en décalage par rapport au reste, et un final ambient peu intéressant même si c’est un gimmick sur tous les albums depuis FLAvour Of The Weak), FLA nous livre à nouveau un grand album et est en très bonne forme. Peut-être pas le meilleur du groupe (pour moi il est tout de même difficile d’égaler les albums monumentaux que sont Millennium, Epitaph et Artificial Soldier malgré l’expérience de la bande à Bill), mais à nouveau un album qui devrait fédérer les fans. Et pas seulement réservé aux fans, le retour en force des guitares risque fortement à la fois de faire revenir ceux qui s’étaient arrêtés au dyptique Millennium/Hard Wired, et à la fois brancher les aficionados de Metal Electro/Indus qui ne se sont jamais intéressés de très près au cultissime FLA, et il n’est jamais trop tard pour commencer.

La version digitale de l’album comporte deux bonus, "Day of Violence" et "Attack the Masses".


Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 13891