Les commentaires qui ont suivi ma récente kronik du single "Maniacal" extrait de cet album étaient particulièrement intéressants (Merci Blacksun). J'économise donc pas mal de mon énergie et je n'ai plus besoin de présenter le groupe et son historique. Vous n'aurez qu'à vous référer à la kronik correspondante.
Autant, le single était assez facile à appréhender, autant j'éprouve des difficultés avec l'album. Non pas que la qualité soit en cause, mais ce disque est tellement riche, étoffé, rempli de petits détails qu'en parler est une véritable sinécure. On n'ose pas aborder un point bien précis de peur d'en oublier un autre. Considérez donc cette kronik uniquement comme un début d'explication et non pas comme un éventail exhaustif des qualités de "Civilization". Au fil des années FLA a muté d'un indus chiadé mais souvent martial (souvenez vous du dément Live Wired !) vers des horizons beaucoup plus mélodiques qui trouvent souvent leurs racines dans l'EBM moderne, l'ambient et également le trip-hop. S'il n'est pas ici question de trip-hop commercial (dans le bon sens du terme, Massive Attack étant tout sauf un produit de consommation banal), certaines rythmiques pourraient venir de l'imagination d'un Tricky en grande forme comme celles de l'aérien "Vanished" où les vocaux se posent tout en douceur sur un titre lancinant, au calme entretenu par un piano discret et par des samples de vocaux féminins extraterrestres. Ces vocaux féminins, à la fois anonymes et enchanteurs, se retrouvent sur l'introductif "Psychosomatic", morceau rythmé et entraîneur qui a la particularité de diriger l'auditeur sur une fausse piste dès le départ. Alors qu'il donne l'impression d'ouvrir le bal sur une musique linéaire, des arrangements sensationnels font leur appararition pendant que le titre se déroule et ce satané piano vient créer une petite ambiance dissonante prompte à annoncer l'arrivée du single "Maniacal". Personnellement, j'aurais plutôt choisi comme single "Fragmented" qui, avec sa mélodie entêtante et sa structure peut-être plus traditionnelle, pourrait plus aisément marquer les esprits. L'EBM plus direct est testé avec un "Trategic" au déroulement assez agressif et un "Transmitter(come together)" parfois basique mais dont le final aux consonnances médievales en étonnera plus d'un. Les influences ambient et noise se retrouvent réunies dans le monstrueux "Schicksal" et le final "Parasite" rappellera les vieilles années du groupe juste avant le départ temporaire de Fulber. Seul "Dissident" me semble être un titre un peu décevant, sûrement en raison de sa linéarité et d'un petit manque de personnalité. Rien de bien grave cependant. L'excellence du refrain et de la mélodie du titre "Civilization" fait qu'on pardonne énormément de choses.
Vous l'aurez compris, cet album est un véritable patchwork d'influences et de sonorités. Sur une base electro/indus par essence difficile à renouveller, le génie de Leeb et Fulber fait toute la différence. On sent que chaque morceau a été étudié, peaufiné à l'extrème et "Civilization" n'est définitivement pas un album qui s'écoute dans l'urgence. Comme on me l'a très justement fait remarquer, l'influence de Delerium (le projet techno de Bill Leeb) plane énormément sur ce disque. Cette nouvelle oeuvre est difficilement comparable au reste de la discographie de FLA. Il vaut mieux la considérer comme une pierre supplémentaire d'un édifice qui ne serait pas pointé vers une quelconque direction. Dans le petit monde de FLA, il n'y a pas de haut ou de bas, il n'y a que des morceaux qui, pour chacun d'entre eux, viennent constituer un univers totalement à part. Si "Civilization" c'est pas le disque le plus immédiat de la bande à Fulber, il est sûrement le plus soigné et le plus ambitieux. Ce nouveau départ est plus que prometteur. Un album fait pour danser, réver, planer et explorer. A déconseiller aux étroits d'esprit. http://www.frontlineassembly.com


Rédigé par : Loufi | 18/20 | Nb de lectures : 8583