Alors que le deuxième album de BLOOD FREAK était encore chaud dans les bacs, Maniac Neil nous remet le couvert en enchaînant sur le second album d’un de ses autres groupes. J’ai nommé FRIGHTMARE.

Difficile d’expliquer la boulimie créatrice de ce bon vieux Neil qui joue visiblement avec la moitié des groupes de l’Oregon. On serait en droit de penser qu’un planning aussi chargé pourrait avoir raison de l’inspiration du sieur Neil mais, aussi étrange que cela puisse paraître, Maniac Neil et ses petits camarades de jeu n’en finissent pas de se bonifier avec le temps.

J’en veux pour preuve cette deuxième galette de FRIGHTMARE qui surpasse allégrement « Midnight Murder Mania » sorti en 2003. Plus varié, plus accrocheur, plus inspiré, plus délirant et bien mieux produit : c’est la constatation qui s’impose très rapidement dès qu’on a posé l’oreille sur ce « Bringing Back the Bloodshed ».

En intégrant des éléments musicaux multiples tels le thrash, le death, le black, le punk, le heavy metal et le grind, FRIGHTMARE accouche ici d’un disque changeant, sans baisse de régime, qui capte l’attention tout au long de ses cinquante minutes. Il faut dire qu’il s’en passe des choses tout au long de ce « Bringing Back the Bloodshed ». Chaque titre visite les genres avec une cohérence désarmante. On peut passer d’un thrash épique ultra accrocheur à des blasts furieux ponctués d’un break laissant libre cours à un solo digne de la NWOBHM. Les combinaisons sont multiples car les titres ne sont pas tous élaborés sur le même modèle. Le panel vocal déployé ici est extrêmement varié. On dénombre au moins quatre voire cinq gammes de voix différentes qui vont du chant black, au grunt en passant par des voix plus thrash, des growls et des borborygmes abominables.

Le palmarès des groupes qui ont inspiré un disque comme celui-ci est impressionnant : les influences les plus manifestes laisseront apparaître les noms de CARCASS pour les variations vocales, MISFITS pour la délicieuse intro mélodique de « Barbecutioner », TERRORIZER pour la fulgurance des passages grind, MEGADETH pour ces riffs thrash terriblement accrocheurs et enfin GHOUL dont le chanteur, Lunatic Digestor, est venu placer quelques « backing vocals ». Pour le reste des influences, il est délicat d’être aussi précis vu qu’elles ont été digérées et régurgitées dans leur forme la plus brute. Dans l’univers dégoulinant de FRIGHTMARE, les jolies mélodies côtoient les solos heavy, les riffs thrashy et les déferlements grind avec une efficacité sans faille et c’est sans doute là, la grande réussite de ce disque. Cette revisite des genres à la sauce FRIGTHMARE tutoie la perfection et fait la grande originalité de ce disque.

Du côté des textes, FRIGHTMARE est resté dans son créneau horrifique du cinéma des années 70/80. On retrouve des extraits de bandes annonce bien kitch, de même que des extraits de ces « splatter movie » qui ont accompagné l’acné de toute une génération (heu, la mienne en fait !). Ces films merveilleusement débiles où des starlettes au QI de pintade, après moult cris horripilants, finissent, dans le meilleur des cas, désossées. FRIGHTMARE va jusqu’à reprendre des phrases des films pour étoffer le délire à son maximum et laisser pointer un humour grinçant de rigueur.

Pour terminer son album comme il se doit, FRIGHTMARE a décidé de se payer une reprise de « Leatherface » de LAAZ ROCKIT, un vieux groupe californien qui avait enregistré ce morceau pour qu’il figure sur la bande originale de « Leather» seconde séquelle de « Massacre à la tronçonneuse ». Si ce détournement a des airs de famille avec son modèle, la version de FRIGHTMARE est presque meilleure que l’originale. Petite cerise sur le Mac Do, « Binging Back the Bloodshed » s’achève sur un clin d’œil à METALLICA avec les premières mesures de « Motorbreath ».

En attendant, le retour de Maniac Neil avec un de ses autres groupes, ce nouvel album de FRIGHTMARE est un savoureux mélange plus original par ses associations que par sa musique elle-même.


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 12733