Oh oui, je sais ce que certains d'entre vous vont penser! "Encore un album de ces tafiolles gays de Freedom Call!"
Il est assez évident que Freedom Call est un groupe à part, même dans le monde merveilleux du heavy-speed. A part car résolument tourné vers le happy metal, poussant un cran plus loin ce style instauré par les "Keepers of the Seven Keys" d'un certain Helloween. D'ailleurs, c'est limite logique si on retrouve le batteur de Gamma Ray en tant que membre fondateur de ce groupe, Gamma Ray étant lui-même fondé par le fondateur d'Helloween. Vous me suivez? Sinon je peux encore rajouter que le frère de ma tante était marié à la cousine du roadie de Michael Kiske.

Bref, donc Freedom Call, c'est joyeux, et non pas gay, notez bien la nuance. Ils nous délivrent quand même ici leur 6ème album, ce qui prouve une certaine conviction dans le style du jovial.
Je vous parle de joyeux, jovial, tout ça, mais c'est un peu réducteur, car Freedom Call officie dans un heavy-speed assez sophistiqué, basé sur des tempos speeds, moyens, et bien-sûr des ballades. Sophistiqué donc car très produit, avec pour la plupart du temps, des choeurs guerriers en guise de refrain, des breaks heavy, des soli dans la plus pure tradition helloweenienne (on dit bien hollywoodienne alors j'ai le droit) et quelques passages avec du clavier (mais pas tant que ça sur ce nouvel album.)

Donc qu'en est-il de ce "Legend of the Shadowking"?

Eh bien le groupe n'a jamais déçu réellement ses fans depuis ses débuts, et ça ne sera pas encore le cas avec cet album. La révolution bolchévique ne sera donc pas le thème des lyrics. On rempile pour les classiques de l'Heroïc-Fantasy, les dragons, les choses dans le genre. Ma foi, ça n'est pas gênant, et surtout ça colle avec le style musical. J'ai déjà essayé de parler de dragons qui volent sur du My Dying Bride, c'est moins efficace.
De toute façon, on écoute du metal en général plutôt pour la musique que pour les paroles.
La musique pour sa part est très bonne. On sent encore une fois que cet album a été soigné aux petits oignons dans une marmite de potion magique.
Tout y est, refrain catchy avec des choeurs grandiloquents sur "Out of the Ruins" ou "Resurrection Day", mid-tempo aux triolets de guitares entraînants à souhait ("Tears of Babylon"), le grand panel Freedom Call est lancé.
Mais cet album ne se cantonne pas qu'à ça. En effet il est relativement varié tout en restant sur la même lignée. On retrouve quelques éléments un peu moins joyeux, un peu plus dramatique, comme par exemple sur l'intro de piano/soprano de "Dark Obsession", qui enchaîne ensuite sur un rythme à la double assez haché. C'est le cas également avec le morceau "The Darkness" (en règle général, si le titre contient le mot "dark" c'est tout de suite moins marrant, eh ouais!) et son couplet lourd à souhait. "Kingdom of Madness" lui est limite hard-rock dans l'âme, faisant taper du pied entre deux massacres de trolls avec son passage faux live. Sans oublier les fans de Tokio Hotel et Rammstein avec le morceau "Ludwig II - Prologue" chanté en allemand et donc for-cé-ment dans la veine de ces deux groupes, si, si. Bon en fait, c'est juste une intro, mais bon, au moins quelqu'un tombera dessus en voulant se soulager à coup de clip de "Pussy" (voire à coup de photo de Bill, mais cela ne nous regarde pas...)

Tout ceci est bien agréable à écouter, il faut l'avouer pour peu que l'on soit fan du style. Mais voilà, il y a bien quelques trucs qui chiffonnent, bah ouais. Tout d'abord, même en étant fan du groupe, on ne peut nier une certaine impression de déjà entendu. Eh oui, malgré sa variété et ses qualités, point de surprise à l'horizon. Après 6 albums, il est vrai que parfois, on peut commencer à en avoir marre, ça se peut. Pour avoir été un grand fan des trois premiers albums, j'en suis la première victime. Et surtout, une chose manque à l'appel par rapport à certains albums du combo: les tubes. Où sont les tubes, hymnes de heavy-speed que le groupe avait tant de talent à composer ? Car malgré le côté sans surprise de ses albums, le groupe arrivait toujours par le passé à assener des tubes absolument imparables. Alors quid de morceau à la "Warrior of the Light", "Farewell", "M. Evil", ou "Warriors"?
Eh bien, ne soyons pas impitoyable, il y a bel et bien un morceau fort dans cet album, "Merlin - Legend of the Past", un morceau superbement composé et assez imparable du début à la fin. Mais c'est tout. C'est d'ailleurs tellement tout qu'il est repris vers la fin de l'album en version calme. On ne peut s'empêcher de se dire qu'on aurait voulu un ou deux autres morceaux de cette trempe. Ce n'est pas que le reste est mauvais, c'est même bon, mais certains morceaux s'oublient quand même vite une fois passés, et c'est dommage.

Finalement, le seul défaut de cet album est d'être juste un autre bon album du groupe. L'accent a été mis sur la qualité globale plutôt que sur quelques morceaux, mais du coup, j'ai l'impression que l'album ne décolle vraiment jamais. Toutefois, ceux qui ne connaissent pas beaucoup le style de la troupe allemande en auront pour leur compte, car l'ensemble est suffisamment varié et bon pour que l'album soit grandement apprécié par tout fan d'Helloween première période, Rhapsody ou Manowar.

A noter que Freedom Call défend cet album sur scène avec Gamma Ray à Paris le 10/02. Vu la qualité des deux albums, ça serait dommage que les fans de heavy s'en privent!


Rédigé par : Stickskiller | 14.5/20 | Nb de lectures : 11617