FREDAG DEN 13:E n’est pas Freddy, mais à l’instar de Vendredi 13 (en suédois), les frissons seront au rendez-vous avec "Tjugohundratretton". Point d’horreur ni de peur, mais un plaisir charnel, qui parcours l’échine dans un frémissement de bonheur.
Habituellement peu enclin à verser dans ce type de ressenti, le Crust/HardCore tel qu’exprimé par les suédois, aspire à d’autres penchants.

La rage exprimée par FREDAG DEN 13:E verse dans une forme d’optimisme musical, qui contraste judicieusement avec la thématique et l’énergie. FREDAG DEN 13:E utilise la clarté pour mettre en avant sa hargne, son désespoir. Tromper l’auditeur, le manipuler, l’ensorceler avec une musicalité joyeuse, pour déverser colère et rejet.

On n’échappe jamais totalement à sa nature profonde, et la musique de FREDAG DEN 13:E est plus que jamais rageuse et énergique. La luminosité des riffs est un leurre, les pulsions animales qui régissent nos réflexes se laissent berner pour mieux être mis à terre.
Est-ce l’animal qui sommeille en nous, qui nous fourvoie pour mieux se laisser kidnapper ? Est-ce notre lâcheté qui nous empêche d’ouvrir les yeux, et qui nous pousse à préférer voir de la lumière, là où n’est qu’obscurité ?

Qu’importe. Cette union unique générée par FREDAG DEN 13:E est la preuve d’une domination psychologique impressionnante, la force d’un groupe qui fait vivre son art musical. Plus qu’un exutoire : un échange, un combat, une addiction.
L’insidieuse musicalité du groupe utilise l’énergie du HardRock et cette du Punk, pour diversifier les riffs, et emporter l’auditeur dans une torpeur hypnotisante incroyable. Ce n’est ni la justesse et la rage du chant hurlé, ni l’étonnante efficacité des rythmes rapides, qui confine l’auditeur dans cet univers parallèle, mais bien l’ahurissante efficacité des titres.

FREDAG DEN 13:E a préservé tous les attributs qui faisaient le charme de "Under iskalla", en radicalisant son énergie ; le groupe s’est recentré sur lui-même, non pas pour se confier, mais pour mieux nous anéantir. Il n’est ni égoïste, ni altruiste. Il est vicieux et fourbe. Violent et charmeur.
La séduction opère avec un dynamisme renforcé, aux rythmes rapides et sans aucun temps morts. Le Crust ‘n Roll des suédois est l’alchimie savante et personnelle entre un envoutement charnel mélodieux, et le kidnapping violent du Punk/hardCore. Balloté entre l'enivrement de l’accroche immédiate des morceaux, et l’impact des coups assénés par les hurlements écorchés emprunts de rages, l’auditeur ne sait que faire.

Il faut dire aussi que sa marge d’action est considérablement réduite. Excepté une toute relative linéarité, rien ne permet finalement de se détacher de l’emprise de "Tjugohundratretton". Ni les tempos ultra énergiques, ni les associations d’influences HardRock, Thrash et Punk dans les riffs, ni même la granularité du son, ronronnant, légèrement gras mais compact.
L’auditeur n’a plus la moindre capacité de discernement, et mis à part les éclairs de lucidité lui permettant de distinguer la justesse des enchainements de riffs et la rondeur de la basse, tout n’est qu’ensorcellement musical.

L’animal primaire, qui sommeille en nous, se réjouit alors de ces pulsions Punk/HardCore irrésistibles, à l’énergie ultra communicative et à la violence immédiate. Tandis que l’humain, aux synapses ligotées par cet enchainement Crust ‘N Roll furieux, n’oppose plus la moindre contestation, se contentant de constater la puissance du son.

L’emprise de FREDAG DEN 13:E est totale, violente, efficace. Que son règne vienne, et demeure.
Il ne reste plus rien, après un tel déferlement musical d’une une incroyable efficacité. Exceptée l’envie maladive de la victime, dépendante, et éprise de son tortionnaire : réécouter, encore, et encore, "Tjugohundratretton". Jusqu’à la lie.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 17/20 | Nb de lectures : 12687