La Sorbonne, en 68, t'y étais, petit? Non? Tu veux revivre l'histoire bien mieux que grâce aux éditions Atlas? C'est pas un souci, puisque Four Question Marks s'en charge mieux que personne! Au sommaire de ce second numéro, "Titan", une bien sympathique immersion dans la peau d'un CRS nous est proposée, de ceux qui se ramassaient des pluies de pavés sur la visière venant d'étudiants malpropres et aux cheveux hirsutes... Enclenche cet album dans ta platine et vois la caillasse s'abattre en flot ininterrompu!

En effet, sous les pavés, neuf plages, et que du bastonnage constant. Alors oui, abordons le sujet tout de suite histoire de s'en débarrasser. Bien que l'influence des Suédois se soit estompée depuis leur précédent méfait "Aleph", il sera légitime de dire que sans Meshuggah, la musique de Four Question Marks n'aurait probablement jamais esquinté nos tympans, le son et l'amour pour la polyrythmie n'y étant pas étrangers. A cela, je réponds "C'est pas faux.", qui s'ensuivra néanmoins d'un "mais en fait, on s'en tape !", tellement le résultat est impressionnant. Oui les ficelles sont les mêmes à la base, mais l'optique de leur musique est autre. Et en version intéressante.

Car là où des groupes d'anciens enfants bulles comme Textures m'endorment par excès de propreté, les Parisiens de Four Question Marks empruntent le versant opposé et se plaisent à nous rappeler comment c'était bien la vie avant, quand Cosmopolitan, Jeune et Jolie, Biba et cie ne nous racontaient pas que la metrosexualité était la nouvelle norme en vigueur. Ici, on ignore l'existence de la cire dépilatoire et on arbore fièrement les touffes de poils sur les omoplates. En bref, de l'ultra massif, du gras, du brutal!

Ultramassif de par la production surprotéinée de Scott Hull, qui, en plus de ses bébés Pig Destroyer et Agoraphobic Nosebleed, a eu l'occasion de se faire la main avec Nile. Rajoute l'accordage "20000 lieues sous les mers" et tu te dis que le titre de l'album est pas volé. Mais surtout, cet album est un sacré bloc, étouffant de bout en bout. Pas un seul moment de répit, pas une mélodie, pas un soli, de la rythmique comme s'il en pleuvait, et point barre. 40 minutes de polyrythmies au gwoove brutal, 40 minutes dédiées à la gloire de la grosse corde. Les autres cordes? Ca sert à rien ça, à la limite, le seul intérêt, c'est de les tresser pour faire des grosses cordes encore plus grosses, sinon poubelle! Une bien saine façon d'envisager les choses que je ne pouvais que soutenir...

Du plan syncopé à tous les rayons, Four Question Marks, à l'image de sa classieuse pochette, se sert de sa puissance pour avancer sans regarder à côté. Pas propice aux ambiances sur le papier, mais pourtant un climat foutrement pesant s'installe, grâce à une approche sonore qui n'a pas oublié de rester crade. Il en va de même pour les voix, monolithiquement éructées. Mais s'ils ont oublié de mettre des gants avant de se mettre à cogner, niveau finesse (bien dissimulée!), les voir techniquement se caler sur des mesures dignes de fractions de polytechniciens impressionne, surtout en sachant qu'ils ne sont que trois...

Le credo? Assommer, assommer et encore assommer. En tant que grand partisan de ce programme, la notion de bloc indivisible ne me dérange absolument pas, mais, comme Celeste dans un tout autre style, niveau digestion elle pourra en rebuter quelques-uns sur la longueur. N'empêche que quand ça s'arrête, l'effet essoreuse se fait sentir... Au final, retenez que Four Question Marks parvient à se détacher un tant soit peu de la figure paternelle, qui, si elle est toujours présente, commence à partager la garde un week end sur deux avec d'autres amoureux de la lourdeur cradingue (Unsane me vient parfois à l'esprit)... En attendant, pas besoin d'une garde alternée pour que le minot s'épanouisse, il se démerde très bien tout seul...


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 11755