FORNOST - Der Wind hat mir ein Lied erzählt (Autoproduction/Nebelfee Klangwerke) - 02/09/2004 @ 08h49
Si je vous dis Fornost, vous me dites “connais pas”. Si je vous dis "lisez ma chronique, vous allez connaître", vous regardez en premier lieu la pochette (voilà qui est fait) et je perds d'emblée 80% de mon lectorat. Reprenons...
Chers 20%, commençons par un petit topo étymologique...
Chers 4%, j'étais donc parti pour expliquer que, dans un Allemand révolu, “Fornost” se traduit par “loin à l'est”. Ce qui est tout à la fois une notion élusive, source de mystère – parfaitement seyante pour un groupe de black metal, vous en conviendrez – et la suggestion peu suprenante que ce groupe, basé à Falkensee dans le Land de Brandebourg (près de Berlin), demeure attaché au patrimoine historique de sa région – phénomène qu'en ces temps de récession économique et de pénurie de modèles contemporains, les Allemands ont matérialisé par un néologisme (“ostalgie”) et illustré par des icones culturels offrant un regard dévérouillé sur les zones d'ombres des dernières décennies, par exemple le truculent long-métrage “Goodbye Lenin”, véritable détonateur d'une mode allant jusqu'à la manufacture de produits aux couleurs et aux symboles de l'ex-RDA.
Toi Kamarad lecteur, que je soupçonne maintenant de dissimuler une faucille sous ton édredon et l'intégrale des archives de la Stasi sur ton disque dur, tu as gagné le privilège d'apprendre de quel bois Fornost sont faits, en l'occurence un bois coriace, parcouru de sillons et criblé du branchage aux racines des profonds stigmates portés par les saisons. Le terrain de jeu de Fornost, c'est la forêt, c'est le couvert des ombres et des froissements où il est plus facile de se faire peur ou de se faire poète, selon le caprice de l'instant. Tout en étant fermement scotchés à une frange qu'on qualifiera de pagan/atmosphérique, Fornost jouent la carte de la polyvalence en habitant autant d'états que le genre peut en fournir. Cela commence dès la picturale fresque d'ouverture “Towards the Fall of Time”, dix minutes partitionnées au gré de fréquentes brisures avec changements de tempo dans les reprises. On y rencontre d'abord un black frontal et sans ornement que l'on parierait parti pour durer, mais rapidement on rentre dans cette spirale qui voit se succéder des exercices de style tels que des passages thrash, des interludes acoustiques avec chant clair, une lunule de synthé cosmique en contraste, et même vers la fin une dilution inattendue des guitares dans une approche du black plus brumeuse introduisant d'étranges hululements de vieille sorcière. Darkthrone meets Bathory meets Burzum meets Lunar Aurora, je dirais... Et là, la problématique s'impose presque d'elle-même: à trop vouloir en faire, rien ou si peu n'est accompli tout à fait correctement. Le black sensément hypnotique n'a pas le temps de vriller l'esprit en profondeur, les essais mélodiques manquent de justesse ou d'enchaînements pertinents. Le chant laisse à désirer, en particulier le chant clair dépourvu d'assurance. Les cris de perdition, quant à eux, tirent trop sur le registre “craie écrabouilléee sur une ardoise” pour provoquer autre chose qu'une irritation infinie.
Le groupe affectionne l'emploi de petits effets exogènes: des samples climatiques ou des sons incongrus, voire pervers, qui confèrent à certains titres une aura subliminale ou malsaine. On y retrouve l'influence bien particulière que Lunar Aurora, encore eux, exercent sur beaucoup de groupes de la scène teutonne. Plus loin, “Birkenwald” est clairement une tentative de reproduire le travail acoustique et choral d'un Ulver (période “Kveldssanger”). Tantôt on applaudit, tantôt on lutte pour ne pas tourner de l'oeil... L'outro dans un style dark ritualiste plus original est toutefois superbe.
Globalement, Fornost ont le profil pour cristalliser un public aussi spécialisé que généralement bienveillant envers ses groupes (normal il y en a somme toute assez peu) – il s'agira désormais de travailler la condition et la matière, car ce qui nous est proposé ici, malgré une incontestable attractivité du fait de l'élégance naturelle amenée entre autres choses par la guitare acoustique, évolue tout de même au rez-de-chaussée en terme d'organisation, de présence individuelle et surtout de propriété intellectuelle des mélodies. En clair il leur faudra couper le cordon ombilical qui les relie à une ribambelle de mentors par défaut (liste indicative ci-dessus), émulés mais en aucune manière égalés. Changer de vocaliste est un conseil d'ami et se limiter à approfondir un ou deux domaines précis de leur vaste panel d'inspiration ne serait pas une mauvaise idée, non plus. Rien que sur notre scène nationale je pense tout de suite à plusieurs groupes qui ont livré ces dernières années des albums largement plus murs et personnels, en premier lieu Himinbjørg, Ancalagon, voire Nydvind.
Tout de même, un premier artisanat de bonne facture avec tous les leviers de la croissance à portée de main et prêts à être activés.

http://www.fornost.de - 315 visite(s)

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Rédigé par : Uriel | 09,5/20 | Nb de lectures : 8742




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Commentaire
darkantisthene
Membre enregistré
Posté le: 16/02/2005 à 11h36 - (13415)
bon ben je suis le 0.5% qui met un commentaire :D

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