Groupe norvégien fort de deux albums à son actif, j’avoue que FORMLOFF ne me disait pas grand-chose. Spyhorelandet est en effet leur second full-lengh en presque 11 ans d’existence, ce qui est peu mais, dans leur cas, pas inexplicable en raison de la « particularité » de leur musique.

Pour une fois en effet, le label (Eisenwald) ne ment pas : FORMLOFF est du pur black avant-gardiste. Ne cherchez pas ici de black brutal, ni même de black dans son essence la plus parfaite. FORMLOFF manipule un grand nombre de styles, les mixe pour en extraire sa propre identité. Si SHINING est parfois appelé en la cause, nous y reviendrons, c’est surtout du côté de groupes tels que SIGH et SOLEFALD qu’il faut aller chercher l’inspiration profonde de cet album. Cela pourrait suffire à mon bonheur tant ces formations sont pertinentes mais il y a un mais, que je vais tenter d’expliquer.

L’album est solide. Mais il est décousu. Les titres s’enchaînent et on peine à trouver un lien entre tout ça. Le seul véritable fil rouge tient dans la déstructuration des titres, à la manière d’un DEATHSPELL OMEGA ou d’un BLUT AUS NORD dernières moutures (le second titre, Harde ord…, en est un exemple frappant, mais en nettement plus classique tout de même.

Les morceaux sont majoritairement mid-tempo voire lents. Le propos, encore une fois, n’est pas dans la brutalité de la musique. Si la durée des titres oscille entre 5 et 8 minutes, c’est pour mieux développer les ambiances car, de fait, il y a assez peu de montées et de descentes, d’accélérations et de retour au calme. C’est un peu là encore que le bas blesse, dans le caractère finalement homogène, monotone des tempis.

Souvent, je le disais en introduction, on retrouve ça et là la patte SHINING dernière version, par exemple sur Det dritet som renner ut I ua, le premier titre, notamment pour les vocaux clairs plaintifs, mais également sur Kon-tiki museet brenner où la structure même du morceau pourrait être tiré de Född förlorare.

Parfois, c’est plutôt SIGH qui est convoqué, ses ambiances bizarres, ses structures alambiquées et ses vocaux étranges (Skaevven, Den gamle jorda).

Mais globalement, pour ma part, le modèle absolu reste le SOLEFALD époque In Harmonia Universali. On retrouve cette influence parsemée tout au long de l’album, en filigrane, sur le premier titre, sur le quatrième (Faen) et surtout sur le dernier (Drokkne I ei flo ta aske) où l’emploi du saxo en fait un morceau tout à fait remarquable, sans doute le meilleur de l’album.

Car il est finalement regrettable que ces multi-instrumentistes n’aient pas plus abusé de ce bel instrument, comme du piano, pour renforcer leur identité comme celle de leur musique. Il est patent de constater que les meilleurs titres sont ceux où ils les emploient. Les plus faibles sont ceux où ils « singent » les grands noms de la scène avant-garde BM.

Quelques mots pour finir sur le son, pas exceptionnel mais suffisamment clair pour distinguer tous les instruments et sur la pochette, sympa, sauf sur l’exemplaire promo dont je dispose, où les couleurs sont tellement foncées qu’on ne distingue rien…



Rédigé par : raziel | 14/20 | Nb de lectures : 11863