FORGOTTEN TOMB - Under Saturn Retrograde (Agonia/Season of Mist) - 21/06/2011 @ 08h07
Soyons franc tout de suite. Je suis un grand fan des débuts des Italiens. Pour moi, "Springtime Depression" est une pierre angulaire du BM dépressif, que peu de groupes ont réussi à approcher. Leur musique a commencé à décliner, selon moi, dès l’album suivant, "Love’s Burial Ground". On parle souvent du troisième album comme album de la maturité, et le fait est qu’ils ont gagné en sagesse ce qu’ils ont perdu en fraîcheur et spontanéité. Pour moi, ce troisième album était un peu trop calculé, trop bien pensé. Bon album, mais il manquait cette pincée de folie pour égaler son prédécesseur. Le groupe a évolué après ça, et je n’ai même pas daigné écouter en entier l’album suivant, "Negative Megalomania", tous les extraits m’ayant hérissé le poil. Après une compilation dispensable l’année dernière, voici le cinquième album des Macaronis. Alors, à quoi s’attendre avec ce retour, quatre ans après "Negative Megalomania" ?
Les récents propos d’Herr Morbid en interview, parlant de retour aux sources, de retour du groupe pour faire oublier tous les groupes qui l’ont suivi, laissaient présager un album sombre, malsain, qui donne envie de se taillader les veines. Il nous parle quand même de son groupe comme le créateur du « suicidal depressive black metal », son groupe qui surpasse tous les autres évoluant dans ce genre. Sauf que. Oui, sauf que Herr Morbid a, comme tous les Italiens, une grande gueule, et que malheureusement, les paroles n’accompagnent pas les actes. Dès le premier morceau, on sait qu’on ne retrouvera pas le fameux genre créé par le groupe. Le virage plus rock amorcé est maintenant bien assumé et le groupe roule dorénavant en mustang décapotable plutôt qu’en corbillard. Si la fin southern du deuxième titre, "Shutter", que n’aurait pas renié un Down, n’est pas représentative du reste de l’album, elle est quand même la preuve symptomatique que le groupe n’en a rien à foutre des jugements et qu’il fait ce qu’il veut, et tant pis si ça tombe à plat ou que ça ne plaît pas.
Le reste, je vais oser en parler en tant que blackened melodic metal. Le groupe fout des riffs mélodiques à toutes les sauces, singeant par moments le mélodeath suédois, voire dans d’autres moments les groupes de doom mélo finlandais. Le tout passé à moulinette sombre du chanteur, avec son chant black (le plus souvent). Mais Herr Morbid se laisse aller à pousser la chansonnette par moments, heureusement de façon convaincante, bien qu’il s’amuse plus à singer ses aînés qu’à trouver sa voix (Phil Anselmo sur "Shutter", Nick Holmes copulant avec Peter Steele sur "Joyless"). Alors oui, on sent dans les riffs une ambiance sombre, on entend bien que le bonhomme n’est pas en train de gambader dans les champs en fleur. Mais à l’écoute des neuf morceaux et 50 minutes de ce "Under Saturn Retrograde", c’est plus le headbang qui prime que l’apitoiement. Il faut attendre le sixième morceau pour apercevoir un morceau plus black metal classique, avec des blasts et des riffs funéraires, pour ce qui est un des morceaux les plus courts de l’album.
La bascule est maintenant complètement faite. Forgotten Tomb fait ce qu’il veut, montre qu’il n’est pas un simple groupe de black metal, mais un groupe de metal au sens large. Il aura bientôt sa place sur Metal Blade ou Nuclear Blast, sur les festivals grand-public type Graspop ou Wacken. Et le pire (ou le mieux), c’est que la démarche est crédible. Ce nouvel album est une réussite à ce niveau. En devenant grand public, en s’affranchissant du black metal, les Italiens s’ouvrent grand des portes qui leur étaient fermées, avec des morceaux variés, qui plairont à un nouvel auditoire moins extrême, mais plus vaste. Le problème, comme le soulignait Prince de Lu dans sa chronique de l’album précédent, est que Forgotten Tomb s’appelle toujours Forgotten Tomb. Et c’est difficile de voir ce nom, synonyme de noirceur, de désespoir, de dépression, associé à des morceaux comme "Downlift" ou une reprise des Stooges ("I Wanna Be Your Dog"), j’avoue que j’ai beaucoup de mal. Alors peut-être que les paroles sont ultra sombres et malsaines, sauf que, quand on chronique, on n’a pas les paroles.
Si je ne reviendrai que rarement sur ce disque, "Under Saturn Retrograde" est un très bon album, qui ouvre les portes au groupe. Après deux albums qui tranchent radicalement avec le passé, le Forgotten Tomb black metal est définitivement enterré et le deuil est terminé. Ce nouveau visage est maintenant assumé à 100%, visage dont l’ouverture d’esprit n’est qu’un masque qui cache des paroles et des sentiments noirs. Le groupe n’a pas fait marche arrière, et continue à n’en faire qu’à sa tête. Pour le meilleur et pour le pire.
bof bof! Pas convaincu par cette nouvelle orientation. Et effectivement, quand on lit l'interview donnée dans Metallian, Herr Morbid se la pète un max...
assez d'accord avec la chro mais j'aurais mis une note inférieure, 12-13.
DARK RABBIT Membre enregistré
Posté le: 21/06/2011 à 11h08 - (94999)
Oui l'interview est assez marrante surtout en claironnant que Forgotten était un précurseur et que ce nouvel album était un phare dans la nuit des suiveurs...Mouais pourquoi pas sauf qu'en fait tu sonnes comme Paradise Lost.
Vous allez rire mais c'est trop "gentil" pour moi bien que j'aime Paradise Lost. Allez comprendre...
ZeSnake Membre enregistré
Posté le: 21/06/2011 à 15h32 - (95000)
totalement d'accord avec Skay concernant cet album.
le style "Suicidal" a disparu (sauf au niveau des paroles), on peut le regretter (Songs To Leave reste mon album préféré) mais l'orientation plus Rock est assez réussie. bon le chant clair n'est pas toujours heureux mais niveau riffs qui font taper du pied, y'a de quoi faire et dès les premières secondes de "Reject Existence" (mon tube de l'année pour le moment!). même les passages plus "New-Wave" me plaisent bien. très bon disque dans sa globalité.
bonne surprise, d'autant plus que j'ai été déçu par les derniers Shining et TotalSelfHatred (malheureusement...)
Uekte Membre enregistré
Posté le: 21/06/2011 à 22h20 - (95002)
Pas convaincu par ce virage que d'autres groupes ont bien mieux géré (GLORIOR BELLI notamment), et pour ma part entre les dernières envies de noirceur héritées des débuts du groupe et le côté rock qui peine à se mettre en place avec une réelle identité (la reprise des STOOGES en est un bon exemple), cet album est un pétard mouillé plus qu'autre chose. Dommage.
pomme de pin IP:90.34.205.20 Invité
Posté le: 31/07/2011 à 21h52 - (95904)
il est génial cet album! :)
Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site
Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs.
S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos
Les récents propos d’Herr Morbid en interview, parlant de retour aux sources, de retour du groupe pour faire oublier tous les groupes qui l’ont suivi, laissaient présager un album sombre, malsain, qui donne envie de se taillader les veines. Il nous parle quand même de son groupe comme le créateur du « suicidal depressive black metal », son groupe qui surpasse tous les autres évoluant dans ce genre. Sauf que. Oui, sauf que Herr Morbid a, comme tous les Italiens, une grande gueule, et que malheureusement, les paroles n’accompagnent pas les actes. Dès le premier morceau, on sait qu’on ne retrouvera pas le fameux genre créé par le groupe. Le virage plus rock amorcé est maintenant bien assumé et le groupe roule dorénavant en mustang décapotable plutôt qu’en corbillard. Si la fin southern du deuxième titre, "Shutter", que n’aurait pas renié un Down, n’est pas représentative du reste de l’album, elle est quand même la preuve symptomatique que le groupe n’en a rien à foutre des jugements et qu’il fait ce qu’il veut, et tant pis si ça tombe à plat ou que ça ne plaît pas.
Le reste, je vais oser en parler en tant que blackened melodic metal. Le groupe fout des riffs mélodiques à toutes les sauces, singeant par moments le mélodeath suédois, voire dans d’autres moments les groupes de doom mélo finlandais. Le tout passé à moulinette sombre du chanteur, avec son chant black (le plus souvent). Mais Herr Morbid se laisse aller à pousser la chansonnette par moments, heureusement de façon convaincante, bien qu’il s’amuse plus à singer ses aînés qu’à trouver sa voix (Phil Anselmo sur "Shutter", Nick Holmes copulant avec Peter Steele sur "Joyless"). Alors oui, on sent dans les riffs une ambiance sombre, on entend bien que le bonhomme n’est pas en train de gambader dans les champs en fleur. Mais à l’écoute des neuf morceaux et 50 minutes de ce "Under Saturn Retrograde", c’est plus le headbang qui prime que l’apitoiement. Il faut attendre le sixième morceau pour apercevoir un morceau plus black metal classique, avec des blasts et des riffs funéraires, pour ce qui est un des morceaux les plus courts de l’album.
La bascule est maintenant complètement faite. Forgotten Tomb fait ce qu’il veut, montre qu’il n’est pas un simple groupe de black metal, mais un groupe de metal au sens large. Il aura bientôt sa place sur Metal Blade ou Nuclear Blast, sur les festivals grand-public type Graspop ou Wacken. Et le pire (ou le mieux), c’est que la démarche est crédible. Ce nouvel album est une réussite à ce niveau. En devenant grand public, en s’affranchissant du black metal, les Italiens s’ouvrent grand des portes qui leur étaient fermées, avec des morceaux variés, qui plairont à un nouvel auditoire moins extrême, mais plus vaste. Le problème, comme le soulignait Prince de Lu dans sa chronique de l’album précédent, est que Forgotten Tomb s’appelle toujours Forgotten Tomb. Et c’est difficile de voir ce nom, synonyme de noirceur, de désespoir, de dépression, associé à des morceaux comme "Downlift" ou une reprise des Stooges ("I Wanna Be Your Dog"), j’avoue que j’ai beaucoup de mal. Alors peut-être que les paroles sont ultra sombres et malsaines, sauf que, quand on chronique, on n’a pas les paroles.
Si je ne reviendrai que rarement sur ce disque, "Under Saturn Retrograde" est un très bon album, qui ouvre les portes au groupe. Après deux albums qui tranchent radicalement avec le passé, le Forgotten Tomb black metal est définitivement enterré et le deuil est terminé. Ce nouveau visage est maintenant assumé à 100%, visage dont l’ouverture d’esprit n’est qu’un masque qui cache des paroles et des sentiments noirs. Le groupe n’a pas fait marche arrière, et continue à n’en faire qu’à sa tête. Pour le meilleur et pour le pire.
Rédigé par : Skay | 15/20 | Nb de lectures : 13772