FORGE - War, the World's only Hygiene (Autoproduction) - 18/04/2002 @ 15h05
Mon coup d'œil initial sur le CD m'a renseigné sur la présence surprenante de deux membres d'Aes Dana au sein de ce groupe, à savoir le grogneur Vidar et la guitariste Taliesin qui pour l'occasion a troqué son rôle de guerrière celte pour un look bien plus urbain agrémenté d'un style capillaire à la Fabien Barthez du plus bel effet... D'un point de vue global d'ailleurs on est à des lieues (des siècles) d'Aes Dana. Forge évolue plutôt sur une planète somme toute assez ombrageuse de la galaxie metal. Le qualificatif le plus approchant serait death indus, mais ce serait induire en erreur sur une musique qui va chercher ses racines profondes davantage du côté de la scène bruitiste / militariste que chez ses collègues death metal incluant des machines dans leur attirail. La pochette faisant apparaître des légions allemandes en ordre de bataille ne laisse d'ailleurs guère planer l'équivoque : Forge se veut une machine de guerre en marche, un instrument de destruction, de " nettoyage " si l'on en croit le titre de l'album et le fragment de texte assez draconien qui en orne le dos - pompé comme le titre et, je n'en doute pas vraiment, les paroles, sur la doctrine d'un théoricien italien contemporain dont j'ai égaré le nom, rapidement lassé de son verbiage futuristo-radicaliste sans solution. Ce concept prêtera probablement à controverse, mais là n'est pas le propos pour l'heure. Au delà de l'impression d'uniformité qui en ressort, l'album explore quand même divers embranchements. Le cœur en est constitué de guitares déshumanisées pondérées par des rythmes très soutenus façon cadence militaire. Des vocaux extrêmes et saturés bourgeonnent de toute part de manière plus impulsive qu'ordonnée, et déterminent une bonne part du caractère violent qui frappe à l'écoute. Les parties les plus branchées noise sont des compositions de grésillements, de parasites, de larcens et autres distorsions sur fond de beats electro appuyés. On touche du doigt un univers froid et malsain, une plongée coercitive dans une partie de cache-cache mortelle au sein d'un labyrinthe inorganique obstrué de tuyauteries infernales et hérissé de boulons saillants. Quelques groupes me viennent à l'esprit qui ont déjà dépeint de tels abîmes de cauchemars industriels, entre autres Folkstorm et In Slaughter Natives, les adeptes apprécieront la comparaison. Mais Forge ne se départit pas non plus de ses origines metal et c'est ainsi qu'on traverse des instants plus musicaux qui mettent à l'honneur des constructions plus " normales " si j'ose dire, telles que le morceau " Ether " et sa base rythmique accrocheuse assortie de quelques embryons symphoniques en filigrane, un peu à l'image des excellents The Bleeding Light. Pour faire la synthèse de cette expérience nouvelle, Forge cherche à bousculer la pensée collective par une démarche provocatrice qui est porteuse aussi bien d'armes choquantes que d'autres plus insidieuses. Ils devront avant tout parfaire leur expression en portant à la bonne température leur cocktail de modernité et d'intensité (trop tiède c'est pas bon, mais à ébullition c'est plus potable non plus). Quant-à l'acquisition éventuelle de cette démo, je dirai que ce ne serait pas forcément une opération salutaire pour tout le monde, moi en tête, mais que les purs et durs de ce mouvement ne pourront qu'être ravis par l'arrivée d'un nouveau gladiateur de poids dans l'arène.


Rédigé par : Uriel | 12.5/20 | Nb de lectures : 6059




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