Devenu plus rare sur les affiches parisiennes, Folge Dem Wind n'en est pas moins actif. Si le groupe a tendance à prendre son temps, il s'est seulement écoulé deux ans entre Thus Echoes the earth et leur second album. De l'autoproduction, le groupe est désormais signé chez Code666, ce qui ne change hélas pas grand-chose pour eux en France puisqu'ils doivent assurer seuls leur promotion dans la mère-patrie. Grand seigneur, le label se charge tout de même d'envoyer les mp3. Un contrat en poche ne signifie évidemment pas qu'on ne doive pas tenir son groupe à bout de bras. Mais ce genre de grande classe doit donner envie de rester en autoprod.

Cette chronique a été pondue au forceps, sachez-le. Les Franciliens se sont largement éloignés du black/pagan de leurs débuts pour s'orienter sur un metal poisseux et plus onirique. Depuis mes premières écoutes, Folge Dem Wind me tiraille. Pas très vivace concernant les mp3 balourdés par le courageux label, j'ai ensuite dû laisser reposer cet album pour y revenir, histoire de confronter mes premières sensations avec un certain recul. Parce que deux choses se confrontent dans mon esprit: 1) je n'aime pas cet album 2) Folge Dem Wind balance ici un gros truc. Ouais, chaud là. Essayons de clarifier tout ça.

Le groupe francilien livre un opus constitué essentiellement de longs développements, de mises en place qui prennent leur temps et demandent à l'auditeur de se laisser porter par la vague. Le feeling insufflés à quelques notes, un plan qui s'écoule perturbé par quelques notes des autres instruments, un chuchotement ou un hurlement. Il n'en faut souvent guère plus. A ce titre, Folge Dem Wind m'emmerde un peu, enfonçant juste un peu le clou par rapport aux innombrables sorties de groupes introspectifs. Le premier titre, "Inhale the Sacred Poison", me donne l'impression d'être une intro étirée sur 14 minutes. La suite ne décolle pas beaucoup plus, collée au bitume à coups de mid-tempos. J'ai beau tenter d'y revenir, Inhale... laisse de marbre le bourrin qui sommeille en moi.

Et pourtant, on sent vraiment que le groupe livre là un effort complètement personnel, on a l'impression d'être en pleine création avec eux, vivant la lente juxtaposition de riffs qui donneront naissance à des compositions démonstratrices des émois des musiciens. Le groupe ose également l'insertion de parties atmosphériques aussi surprenantes que réussies. Je pense notamment à l'arpège sucré de "Behind the Grey Veil" puis l'intervention de saxophone, qui donne une coloration jazzy au final du titre. Même pour un détracteur, difficile de ne pas noter et apprécier cet affranchissement assumé des frontières musicales. Folge Dem Wind ose et ça passe.

De la production, on sait peu de choses. Le label a mis l'accent sur le mastering de Tom Kvålsvoll dans son Strype Audio (la moitié de la scène black norvégienne est passée dans ses griffes). Dommage que le PDF promo ne parle pas de l'enregistrement et du mixage qui sont le beau tour de force de l'album. donc, de la prod, je peux juste vous dire qu'elle est bien meilleure que celle du premier opus, la grosse caisse ayant cessé son pilonnage au premier plan. Le mixage est bon, laissant percer chaque instrument ainsi que les nombreuses variations de voix.

Je ne suis pas client des groupes qui manquent de mordant, et là Folge Dem Wind reste trop en retrait pour moi, n'explosant qu'à de rares occasions. Par contre, je reste fan des groupes qui posent leur zizi sur la table, exposant leur intimité à la vue des convives d'un repas trop ritualisé. Et je pense sincèrement que Folge Dem Wind s'est sorti les tripes pour cet album, ce qui ravira les auditeurs sensibles à la marque que laisse un groupe sur ses pistes. Inhale the Sacred Poison est réservé aux curieux qui aiment flâner. Ceux qui veulent de l'immédiat pré-chié dans une boîte sont priés d'aller voir ailleurs.


Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 14468