Mardi 6 mars, 19h37.
J’arrive enfin chez moi, éreinté, épuisé. Mon programme de la soirée : du Blast, du Death, et du cynisme. Je ne peux rêver mieux. Je commence par un peu de repos, un verre à la main. Histoire d’oublier quelques menus tracas, et un boulot de merde.
"La Vie Est Belle" en fond sonore, déflagration propice pour effacer de mon esprit les nuisances sonores des transports en commun. FOETUR : ma révélation de cette fin d’hiver, la confirmation de nombreuses années d’attente. La suite tant attendue des aventures de Foeturpurical, après 6 ans sans nouvelles. Un Death Metal Brutal et implacable, le reflet des désillusions d’un quintet talentueux, maculé de haine et de sarcasme.

Un coup de Lexomyl, pour me redonner du peps. Faut pas se laisser abattre. 'l'Équarrisseur', fresque réaliste et morceau imparable, sur fond de trafic d’organes, me redonne le sourire. Enchaînement avec 'Tentative d’humanité', titre entraînant, violent et puissant. Textuellement froid et réaliste, enfin des types qui se foutent de l’hypocrisie politique et qui disent ce qu’ils pensent.
Puis direction la salle de bain. Je prends bien soin d’éviter mon reflet dans la glace. Pas envie de voir cette sale gueule qui se met de l’antiride pour masquer sa vie ratée et les cernes qui en découlent. Guillaume gueule et me convainc, avec ses cris gutturaux surpuissants, mais parfaitement intelligibles. 'Danzig' m’achève avec son aspect terriblement efficace et accrocheur. Les riffs sont simples, mélodieux et facilement mémorisables.
Oui, on peut encore faire du Death en 2012 et balancer des refrains à scander sous sa douche, tout en préservant la violence musicale.

20h13. Je me laisse aller contre la paroi de ma douche, l’eau brulante aux vapeurs de chlore me fait presque du bien. Une douleur en chasse une autre.
Un détour par la réserve de malbouffe. Quelques produits gavés de conservateur, de rehausseur de goût et de miracles chimiques, histoire d’apaiser mon estomac. Merci 'Soleil Vert', qui me rappelle combien nous sommes à côté de nos pompes, avec notre alimentation basée sur la rentabilité et la productivité. Ca blaste, ça joue vite et bien, le refrain est catchy et la prod puissante. La classe.
FOETUR possède suffisamment de talent et de personnalité, pour pratiquer un Death Metal classique, agressif et accrocheur, et pourtant bien différent des autres. Dont la teneur et l’ossature varient d’un titre à l’autre. Le tout avec une incroyable fluidité.

Puis vautrage devant la télé. Mon lobomotiseur préféré, le meilleur remède contre la joie de vivre et l’optimisme. Un peu de culture, pour faire semblant de meubler mon ignorance. L’excellent 'Mort Rouge', rapide, acéré et furieux, me rappelle à mes cours d’histoire. 'Pour le salut de nos âmes' également, mais avec nettement plus de cynisme. Les humains n’apprennent pas de leurs erreurs, et les religions répètent inlassablement leurs manipulations meurtrières. Je me retrouve pleinement dans ces textes ; la superbe pochette, représentative d’une réalité au vitriol, donne la mesure de l’album.

Et pourtant je me surprends à sourire à l’écoute de "La Vie Est Belle". Après tout, quand on réalise toute l’absurdité de la condition humaine, à quoi bon se morfondre, autant en rire.
"La Vie Est Belle" possède cette qualité incroyable d’être à la fois réellement violent et complètement mélodieux. La maîtrise des rythmes est implacable, puisqu’il n’y a quasiment aucun blastbeats, mais une multitude de rythmes variés, violents et rapides, décuplant l’aspect accrocheur. Évoquant DERANGED, VADER ou CANNIBAL CORPSE. A la fois d’inspiration old-school, mais avec une efficacité moderne. Dotés de riffs mémorables et imparables.

22h47. Encore un verre pour la route. 'Protection 001' rend hommage aux armes à feu. L’éternel débat entre se défendre ou banaliser la violence. La télé s’en fiche, depuis bien longtemps elle a su tirer profit des faiblesses des humains.
Je laisse les images défiler à l’écran, et modeler gentiment mes idées, mes opinions. Les riffs de "La Vie Est Belle" en fond sonore me confirment une fois de plus tout le bien dont je pense de FOETUR. Que de l’efficace, du rapide, et du groovy. Avec les cris puissants et les rythmes variés et maîtrisés, cela donne un cocktail explosif, simple et concis, mais extrêmement accrocheur. Ce qui n’est pas un vain mot.

00h19. Au pieu.
Demain, la valse des zombies recommence. Carnage de série B, où les stock-options remplacent les giclées de sang. Abattre ou se faire abattre, pour garder sa place derrière son écran de PC. Bataille rangée en costume 3 pièces, à faire pâlir d’envie Romero.
Je termine avec 'Zombie', dont, une fois de plus, l’association des riffs mélodieux et efficaces, et des rythmes catchy et headbanguants, m’aident à reprendre des forces pour demain. FOETUR : une sacré surprise,

Comme quoi dans notre petite vie sans accroc, il peut y avoir parfois d’agréables surprises. Sans innovation, mais avec une maîtrise et un savoir-faire passionné, Foetur est l’illustration d’un Death Metal percutant, sec, brutal et parfaitement interprété.
Un peu de verdure dans ma dernière clope, histoire de laver mon cerveau des stupidités matées toute la soirée. Pour se lever frais et dispo demain.

Prêt pour une nouvelle journée de robot, œillères bien fixées et laisse autour du coup, juste de quoi économiser pour pouvoir aller m’entasser cet été à Palavas-les-Flôts. L’ambiance du RER A au soleil, l’odeur en moins, le cancer de la peau en plus.

Heureusement, y’a Foetur. La vie est belle.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 16/20 | Nb de lectures : 12704