Sur le papier, Flying Colors se présente comme un “super groupe” et son line-up a de quoi aiguiser l’appétit de n’importe quel amateur de progressif fût-il le plus blasé.
Il est vrai qu’en affichant Mike Portnoy derrière les fûts, Steve Morse à la gratte, Dave Larue à la basse, Neal Morse aux claviers et Casey McPherson au chant, le groupe fait bien davantage que de nous donner l’eau à la bouche; il émoustille la partie la plus vulnérable de notre libido tendance gros son et architecture alambiquée. Et nous, frappés d’un bon vieux syndrome pavlovien eh bien on fonce, tête baissée, persuadés d’avoir affaire à la nouvelle révélation de l’année. Imaginez un peu: serait-on en train de nous refaire 10 ans plus tard le coup Transatlantic?
Eh bien non. Car ce genre de plan marketing, aussi spectaculaire soit-il n’engendre pas toujours le résultat escompté. Non pas que ce quintet de pointures, cette «dream team» pensée pour nous faire grimper au rideau manque complètement sa cible; elle n’atteint tout simplement pas les sommets entrevus dans la brochure vantée par l’agence de voyage. Ce n’est pas nouveau et l’on ne devrait même plus s’étonner de se faire une fois de plus rouler dans la farine par des promoteurs plus avides de sensationnel que d’authenticité. (J’ai nommé un certain Bill Evans).
Ceci dit, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain? Non, bien entendu. Car même si ce premier album d’une formation dont les membres au C.V impressionnant se révèle un chouïa décevant, les 4 instrumentistes sont – Mc Pherson mis à part - des virtuoses à qui on n’en remontre pas. Il est donc impensable qu’ils nous servent une soupe qui, bien que manquant de sel, soit complètement indigeste.
Et parmi les 11 titres proposés on passera sans regrets sur les 2 ou 3 ballades insipides ou calibrées Radio U.S ("Better Than Walking Away" - "Fool My Heart") et on préfèrera (!) la pop énervée de "Blue Ocean", le métal lourd du bref "Shoulda Coulda Woulda", le rock saccadé et emphatique de "All Falls Down", le trompeur mais très sympatique "Kayla" qui démarre sur des arpèges de chanson de geste médiévale puis déroule une compo où souffle l'esprit Spock's Beard en général et Neal Morse en particulier. (Véritable hit radio en puissance). Le tout porté par le chant très typé pop rock et passe partout de Casey McPherson (Alpha Rev).
Enfin, on aimera (ou pas) la patte Beatles/Morse de "Love Is What I'm Waiting For". Mais ce qui retiendra forcément l'attention des amateurs de progressif pur, c'est bien évidemment la pièce qui clôt l'album: "The Infinite Fire" et ses 12 minutes directement puisées dans la besace de Transatlantic. Et quoi d'étonnant à cela? Après tout 2 membres de Flying Colors le sont également du grand frère étatsunien.
A l'arrivée, essentiellement dû à un quiproquo maladroit mais savamment entretenu, ce disque et ce groupe que l'on présente comme le cousin ricain de Kino et d’It Bites, ne répondent pas complètement aux attentes qu'il a suscitées.
Cependant, dans un autre registre, il peut contenter les amateurs d'un rock sophistiqué joué par des praticiens hors normes qui pour une fois n'ont pas confondu technique et émotion.
Un mot sur la prestation du grand Mike; un an et demi après son départ de chez qui vous savez, le batteur a multiplié les projets et les participations. Certains diront «pas toujours avec succès» en pensant à Avenged Sevenfold. Quoi qu'il en soit, Mike tente de rebondir et de se tourner vers des horizons nouveaux. Ce qui finalement est loin d'être facile pour celui qui a été le co-fondateur et le membre le plus éminent du plus « grand groupe de métal progressif » de ces 20 dernières années.
Avec Flying Colors, on ne peut pas dire qu'il force son talent. Excepté "The Infinite Fire" les compos ne sont pas spécialement taillées pour le faire briller. Qu'à cela ne tienne, Flying Colors ayant le profil d'un groupe à l’avenir incertain en raison de sa nature intrinsèque, Mike aura certainement l'occasion de redorer son blason ailleurs, dans d'autres formations plus ambitieuses. A l’en croire au travers de divers interviews, 2012 devrait être l’année Portnoy ; on le lui souhaite vivement !
Rédigé par : Karadok | 14/20 | Nb de lectures : 12265
C'est marrant, la note est plutôt favorable pour une chronique aussi sévère.
Pour ma part, un bon 15/20 pour un album qui contient de vrais bons morceaux que l'on retient, un chanteur excellent, peu de longueurs, et notamment de tres bonnes interventions de steve morse.
Et dire que PORTNOY ne force pas son talent, sur un album de pop/rock/prog où l'accent est mis sur les compos et pas sur la technique des musicos, c'est un peu hors sujet non ? (encore heureux qu'il n'en fasse pas des tonnes, ce serait hors propos).
Maxouille Membre enregistré
Posté le: 17/04/2012 à 23h40 - (101610)
Pour ma part, c'est la meilleure sortie de 2012 peut être avec le dernier Gorod ! Vraiment excellent et rafraichissant. Mention spéciale pour Shoulda Coulda Woulda, qui est vraiment énorme et me semble parler fort à propos du passé récent de mister Portnoy !
TITXMEN Membre enregistré
Posté le: 18/04/2012 à 12h15 - (101620)
Un disque qui me redonne le sourire après quelques déceptions dans le style prog/rock/pop... Mention spéciale au morceau "Kayla" que je fredonne régulièrement, et à cette magnifique pochette...
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Il est vrai qu’en affichant Mike Portnoy derrière les fûts, Steve Morse à la gratte, Dave Larue à la basse, Neal Morse aux claviers et Casey McPherson au chant, le groupe fait bien davantage que de nous donner l’eau à la bouche; il émoustille la partie la plus vulnérable de notre libido tendance gros son et architecture alambiquée. Et nous, frappés d’un bon vieux syndrome pavlovien eh bien on fonce, tête baissée, persuadés d’avoir affaire à la nouvelle révélation de l’année. Imaginez un peu: serait-on en train de nous refaire 10 ans plus tard le coup Transatlantic?
Eh bien non. Car ce genre de plan marketing, aussi spectaculaire soit-il n’engendre pas toujours le résultat escompté. Non pas que ce quintet de pointures, cette «dream team» pensée pour nous faire grimper au rideau manque complètement sa cible; elle n’atteint tout simplement pas les sommets entrevus dans la brochure vantée par l’agence de voyage. Ce n’est pas nouveau et l’on ne devrait même plus s’étonner de se faire une fois de plus rouler dans la farine par des promoteurs plus avides de sensationnel que d’authenticité. (J’ai nommé un certain Bill Evans).
Ceci dit, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain? Non, bien entendu. Car même si ce premier album d’une formation dont les membres au C.V impressionnant se révèle un chouïa décevant, les 4 instrumentistes sont – Mc Pherson mis à part - des virtuoses à qui on n’en remontre pas. Il est donc impensable qu’ils nous servent une soupe qui, bien que manquant de sel, soit complètement indigeste.
Et parmi les 11 titres proposés on passera sans regrets sur les 2 ou 3 ballades insipides ou calibrées Radio U.S ("Better Than Walking Away" - "Fool My Heart") et on préfèrera (!) la pop énervée de "Blue Ocean", le métal lourd du bref "Shoulda Coulda Woulda", le rock saccadé et emphatique de "All Falls Down", le trompeur mais très sympatique "Kayla" qui démarre sur des arpèges de chanson de geste médiévale puis déroule une compo où souffle l'esprit Spock's Beard en général et Neal Morse en particulier. (Véritable hit radio en puissance). Le tout porté par le chant très typé pop rock et passe partout de Casey McPherson (Alpha Rev).
Enfin, on aimera (ou pas) la patte Beatles/Morse de "Love Is What I'm Waiting For". Mais ce qui retiendra forcément l'attention des amateurs de progressif pur, c'est bien évidemment la pièce qui clôt l'album: "The Infinite Fire" et ses 12 minutes directement puisées dans la besace de Transatlantic. Et quoi d'étonnant à cela? Après tout 2 membres de Flying Colors le sont également du grand frère étatsunien.
A l'arrivée, essentiellement dû à un quiproquo maladroit mais savamment entretenu, ce disque et ce groupe que l'on présente comme le cousin ricain de Kino et d’It Bites, ne répondent pas complètement aux attentes qu'il a suscitées.
Cependant, dans un autre registre, il peut contenter les amateurs d'un rock sophistiqué joué par des praticiens hors normes qui pour une fois n'ont pas confondu technique et émotion.
Un mot sur la prestation du grand Mike; un an et demi après son départ de chez qui vous savez, le batteur a multiplié les projets et les participations. Certains diront «pas toujours avec succès» en pensant à Avenged Sevenfold. Quoi qu'il en soit, Mike tente de rebondir et de se tourner vers des horizons nouveaux. Ce qui finalement est loin d'être facile pour celui qui a été le co-fondateur et le membre le plus éminent du plus « grand groupe de métal progressif » de ces 20 dernières années.
Avec Flying Colors, on ne peut pas dire qu'il force son talent. Excepté "The Infinite Fire" les compos ne sont pas spécialement taillées pour le faire briller. Qu'à cela ne tienne, Flying Colors ayant le profil d'un groupe à l’avenir incertain en raison de sa nature intrinsèque, Mike aura certainement l'occasion de redorer son blason ailleurs, dans d'autres formations plus ambitieuses. A l’en croire au travers de divers interviews, 2012 devrait être l’année Portnoy ; on le lui souhaite vivement !
Rédigé par : Karadok | 14/20 | Nb de lectures : 12265