Je dois vous avouer un truc. Quand j’ai lu que ce groupe était composé de membres d’ANIMOSITY et de JOB FOR A COWBOY, j’ai eu peur. Oh non, pas la sombre peur, crispante et psychotique, qui surgit un soir sans lune, alors que vous venez de crever en pleine forêt au fin fond des Cévennes, et que le réseau 3G ne passe pas. Plutôt le style de peur répulsive, qui me fait sournoisement penser que je vais encore être réduit à devoir dire du mal d’un album qui, sans être mauvais, va sûrement être affligeant de banalité.

Encore ces satanés préjugés, n’est-ce pas ?
Eh bien, pour une fois, ils ont eu tort. Même si tout n’est pas exceptionnel non plus.
Car le style musical mis à l’honneur sur 'Dementia/Dyslexia' est amplement imprégné des styles de prédilection des deux bonhommes, à savoir gorgé de Deathcore.
Mais... avec, je dois l’avouer, même si ça m’arrache la langue, un certain attrait, principalement dû à un léger aspect expérimental...

Formé en… 2003 (!), Fleshwrought ne sort ici que son premier album. Sans aucun EP ni démo à leur actif, mais avec cependant une certaine activité discographique pour les deux membres du groupe. Car en effet, Fleshwrought n’est constitué que de Jonny Davy (beugleur de JOB4ACOWBOY) au chant, et de Navene Koperweis (batteur d’ANIMOSITY, ANIMALS AS LEADERS) qui s’occupe ici des guitares, de la basse et de la batterie...
Même si la plupart des ‘Side Project’ sont bien souvent sans prétentions ou sans intérêt, Fleswrought semble d’avantage résulter de la manifestation d’une envie basique et immodérée de s’éclater et se lâcher, sans vraiment se préoccuper de l’aspect qualitatif.

Sur cet aspect, on sent que les gaillards se sont effectivement fait plaisir et ont laissé leur inspiration délirante prendre le pas sur la raison. Avec une certaine réussite, indéniablement. Globalement plus rapide et plus hargneux que le style sclérosé pratiqué par les deux protagonistes dans leurs groupes respectifs, 'Dementia/Dyslexia' possède en outre un aspect sensiblement expérimental, qui apporte une touche de fraîcheur bienvenue. Si on est évidemment loin des Diablo Swing Orchestra, Hypno5e ou Carnival in Coal, l’avant-gardisme modéré est indéniable, comparativement avec les habituels poncifs du genre.
Porté avant tout sur une certaine violence musicale, le tempo moyen sur ces 10 titres est donc majoritairement rapide, violent, avec une forte proportion de blast-beats et de rythmes véloces, tout juste entrecoupé de quelques ralentissements et de quelques Mid-Tempos. Peu de breaks lourds et chiants, même si leur absence n’est malheureusement pas à l’ordre du jour.

Mais les variations rythmiques régulières, parfois déjantées, parfois hachurées, suffisent à reléguer ces breaks Deathcore au second plan et à apporter un complément d’intérêt.
Intérêt fortement rehaussé, je le disais, par de régulières digressions stylistiques incongrues et néanmoins plaisantes. A l’image de l’interlude ‘Dyslexic Interlude’, pas forcément représentatif du style joué sur l’album, mais plutôt de l’état d’esprit animant les musiciens. De réguliers soli mélodico/hystériques sont disséminés un peu partout, comme sur ‘Self-Destructive Loathing’, ‘Weeping Hallucinations’ ou ‘Final Nausea’, agrémentés également par exemple d’une incursion de saxophone sur ‘Inner Thoughts’.
Associé à de nombreux riffs plus recherchés que la moyenne, tantôt syncopés, mélodieux, mélodiques ou même progressifs, cela aboutit à un mélange audacieux, toujours ancré dans le Deathcore de par sa trame musicale de fond, mais amplement plus varié et imaginatif que la majorité des albums habituels.

Les beuglements débités par Jonny sont en revanche très classiques, alternant growls gutturaux et cris aigus banals, mais ces régurgitations vocales s’agencent parfaitement au style proposé ici. Sans omettre donc de verser dans les breaks téléphonés et autres alternances de vocaux aigus/graves, Fleshwrought s’aventure dans certaines variations stylistiques bienvenues, qui permettent d’aérer considérablement la teneur de l’opus.

De là à dire que ce projet parallèle est amplement supérieur aux groupes des deux protagonistes principaux, il n’y a qu’un pas... que je franchis allégrement !
Pas exceptionnel, mais mérite largement le détour !


Rédigé par : ..::Ju::.. | 13,75/20 | Nb de lectures : 12573