Allez savoir pourquoi FLESHLESS fait partie des quelques groupes sur lesquels j’ai toujours plus ou moins volontairement fait l’impasse. Une paire d’écoutes d’albums tout au plus et hop, je passais à autre chose. Alors oui, je sais. « J’aurais dû leur donner une seconde chance ». « C’est pas pro de ma part ». « …et ça se dit chroniqueur ». « Gnagnagnagnagnagnaaaa !!! ». Et Loufi, s’il était encore dans le coin m’aurait probablement passé à tabac pour m’apprendre le bon goût en matière de métal. Mais que voulez-vous, les disques que j’achète chaque mois s’amoncèlent tristement sur ce qui me sert de bureau sans que je n’arrive à tous les écouter, alors j’ai pas que ça à foutre non plus. Enfin bref, le hasard a voulu qu’il en soit autrement pour FLESHLESS car, manque de peau (si c’est pas un jeu de mot de circonstance ça…) il a fallu que j’hérite du p’tit dernier avec la dure mission d’en torcher un article pertinent dans les meilleurs délais.

Du coup, j’ai procédé comme tout chroniqueur qui se respecte et qui, surtout, ne veut pas passer pour une quiche : j’ai ressorti la paire de disques que j’avais à la maison (oui, parce qu’en plus j’ai des CD de FLESHLESS dans le merdier de mon bureau), je me suis lancé sur la toile et, en quelques clics et moins de temps qu’il n’en faut à Prince de Lu pour sortir son flûtiau pour nous improviser une intro de pagan folk black machin, j’étais super rencardé sur le groupe. Assez pour me rendre compte de l’évolution qui n’a cessé de marquer chaque album depuis leurs débuts.

Parti d’un bon gros death/grind tchèque des familles les voilà aujourd’hui passé du côté d’un death metal plus accessible et un peu fourre-tout. Et avec ce sixième album, on ne peut pas dire que FLESHLESS soit au sommet de sa popularité si j’en crois les critiques que j’ai pu lire ici et là. Pourtant, si des écoutes de « To kill for skin » ou « Sensual Death Immitation » ne m’avaient pas plus ébouriffé le poil que ça, j’avoue porter un avis plus positif sur ce « Hate is Born ».

Que joue FLESHLESS aujourd’hui ? Bah c’est un peu le merdier si j’ose dire. Brutal death radical par certains plans bien bourrins, death tout court pour les passages mid-tempos bien appuyés et accrocheurs, thrash metal pour certains riffs tout guillerets et énergiques, mélo-death suédois pour le sens des mélodies qui pointent de façon inopinée et enfin grind pour les grunts et autres infra-sons grognés par leur chanteur, bref le résultat est parfois décousu, les plans se télescopent et certains passages arrivent comme un cheveu sur la soupe. Un peu comme si le gratteux avait subitement décidé qu’il allait coller un solo ici ou une belle mélodie là ; que ça le prenait un peu comme une envie de pisser. D’autant plus qu’on a le sentiment qu’il est un peu à la rue sur une paire de passages. Et puis, il y a aussi cette incroyable fin châtrée du disque qui se termine comme s’il le morceau avait été coupé une seconde trop tôt. Malgré ses défauts qui auraient valu à tout autre groupe de passer au pilori sans autre forme de procès, il me plaît bien cet album de FLESHLESS. Il n’est pas parfait, loin de là, mais il a le mérite de surprendre et surtout de disposer d’une certaine fraîcheur pour ne pas dire candeur inimaginable pour des vieux routiers comme eux. Et puis, on ne peut pas vraiment discuter l’efficacité des compos toujours dotés de plans catchy mais aussi de la qualité de l’impeccable production dont « Hate is Born » a bénéficié.

Maintenant, je comprendrai la déception des fans qui ont vu le style du groupe s’acoquiner chaque fois d’avantage avec un métal moins vindicatif même si le brutal death reste ici le fil conducteur. Sympa et gai comme tout, mais j’ai conscience que ce ne sont peut-être pas les meilleurs arguments qu’il soit pour plébisciter une formation tchèque qui faisait du death/grind.


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 11066