C’est marrant de voir comme certains groupes arrivent, au sein d’un style musical relativement balisé, à personnaliser leur expression musicale sans réellement innover.
Prenez par exemple les Toulousains de Fleshdoll.
Presque 10 années d’existence, 1 album au compteur (‘W.o.a.r.g’, paru en 2005). Et en dépit d’un style, de prime abord, assez cloisonné, le groupe possède et dévoile une certaine personnalité, intrigante, attirante et intéressante.

Pourtant, c’est de Death Metal dont on parle ici. Du Death énergique, légèrement Brutal, pas spécialement technique, et pas du tout Core ou Progressif. Du pur Death Metal "traditionnel", bien pêchu.
Sans apporter d’innovation majeure, sans non plus avoir recours à d’autres instruments que le triptyque traditionnel, les 5 compères réussissent tout de même à sensiblement personnaliser leur musique. Si mon premier contact auditif avec 'Animal Factory' fut décevant, les écoutes suivantes furent différentes, éclairées par ces légères parcelles de créativité, ces miettes d’innovation, parsemées au milieu des plans Death Metal.

La musique du quintet est basée sur des structures variées, tout juste assortie en général d’une sorte de refrain. Souvent mid-tempos, plutôt rapides, les 9 titres sont également dotés de quelques accélérations dévastatrices. Peu de blast-beats apparaissent au long des 38 minutes d'Animal Factory', mais cela ne manque pas. Car les variations de rythmes, parfaitement ponctuées par les accélérations, se suffisent à elles-mêmes.
Plaçant ainsi la brutalité non pas au centre de l’opus, mais en tant qu’élément à part entière de la création artistique. Oui, le Death Metal du groupe est ainsi bâti, capable d’être brutal, tout en sachant par moments laisser cette furie primaire un peu en retrait pour mieux faire jaillir le groove ou la lourdeur. Mais toujours dans une réelle cohésion.

Les riffs apportent en outre ce léger complément de personnalité, piochant autant dans les différents styles de Death Metal, que dans des genres cousins tels que le Thrash ou le Heavy. Résolument variés, les riffs alternent, au sein d’un même morceau, inspiration Death et férocité Thrash, orné de mélodies, et d’accords plus basiques mais très accrocheurs. Quelques soli acérés viennent se greffer par-dessus, complétant ainsi la palette des arpèges proposés. Le tout surélevé par une basse discrète mais présente.
Mais c’est surtout cette alchimie réelle, cette cohérence entre riffs et rythmes, qui apportent un cachet particulier.
Impalpable, difficilement descriptible, mais néanmoins réaliste. Fleshdoll ne se décrit pas, Fleshdoll s’écoute.

Comment ne pas mentionner les beuglements gutturaux de très bonne qualité, qui viennent orner cette ogive ? D’aucuns les trouveront basiques, ou trop linéaires. Je les trouve totalement adaptés, et tout juste gutturaux comme il le faut. Dans un style se rapprochant de Dave Rotten d’Avulsed, Bastich assène donc de très bonnes vocalises, ultra puissantes, et sensiblement intelligibles.

Au rang des déceptions personnelles, je trouve juste que certains morceaux gagneraient à être un peu plus dynamisés, via quelques accélérations surpuissante dont le groupe use avec trop de parcimonie. Sans que cela soit répulsif pour autant. Mais il ne s’agit jamais que d’une perception personnelle, l’album reste cohérent et se suffit ainsi tel que structuré.
Sans artifices ni exubérances, Fleshdoll séduit autant de par son envie que via une réelle inspiration. Inspiration musicale indubitable, aboutissant à des morceaux tous vraiment différents, et néanmoins cohérent entre eux.

L’impression générale qui s’en dégage est une musique à la fois énergique et groovy, la brutalité passant finalement au second plan. Et l’ensemble des facettes du groupe s’agencent terriblement bien, faisant ainsi ressortir les côtés accrocheur et dynamique.

En plus d’être une bonne surprise, le quintet toulousain démontre toute l’étendue de ses capacités et de sa force de percussion, avec un Death Metal très efficace.
Fleshdoll, ou une excellente alternative aux trop nombreux groupes de Death Metal sans personnalité...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 15/20 | Nb de lectures : 13745