Les latinistes distingués apprécieront le titre de cette première réalisation des Italiens de Fides Inversa. Le duo romain a pour ambition de nous retourner la tradition et la foi judéo-chrétiennes, en commençant par la remise en question du concept chrétien lié à la Mort. Et avec son côté manuscrit ancien, le livret donne le ton d'entrée et s'avère très agréable à feuilleter en se collant la musique dans les esgourdes.

La version vinyl est qualifiée de LP et devrait être jolie avec cette pochette. Quant à son pendant digital, il est qualifié de MCD. Etant donné que les quatre titres s'étalent sur dix à près de treize minutes, peut-on encore parler d'un MCD? Un gros, alors! Les morceaux proposés ont été écrits entre 2006, date de la création du groupe, et 2008, avant d'être mis dans leur joli écrin en 2009.

Comment qualifier le black de Fides Inversa? La formation a pioché dans ses références suédoises (Marduk, Funeral Mist, Blodsrit, etc) pour se monter un black, certes offensif mais enchaînant les riffs sans créer une atmosphère. A faire tourner en boucle le même type d'accords, Fides Inversa ne parvient finalement qu'à patiner sur place. Par instants, le duo tente bien d’insuffler plus de groove dans sa musique (l'implacable intro de "Suicidium"), mais le résultat s'essouffle rapidement dans des titres bien trop longs pour le peu de terreau qu'ils retournent. A cela s'ajoute le final de "Homicidium" qui est interminable, avec le même riff en boucle pendant cinq minutes. Étalant longuement le beurre sur la tartine, le groupe ne parvient pas à proposer des passages un tant soit peu croustillants. Le seul avantage de cet album est mettre en valeur ses compatriotes plus talentueux (oui, je suis vilain, mais c'est la faute de la société).

La production est plutôt accrocheuse dans l'esprit du Helveteshymner de Blodsrit, avec un grain dans le son qui offre enfin un peu de relief aux compos. Le son est équilibré, mettant en avant le tandem voix-grosse caisse. Le batteur manque parfois de génie dans ses choix de breaks, ce qui fait sonner l'ensemble un peu bancal sur certains passages. Mais globalement, ça tourne bien.

Malgré une belle pochette et un travail conceptuel très poussé, Fides Inversa se cantonne à un joli emballage sans réussir à proposer un contenu réellement attrayant. Le groupe se retrouve au cœur du peloton et, à moins d'être fan hardcore de cyclimse (et ceci n'est pas une chronique sur le cyclimse), je vous conseille de dépenser vos sous ailleurs.


Rédigé par : Prince de Lu | 04,5/10 | Nb de lectures : 13518