Le feu grégeois est une arme de l'époque de l'empire byzantin, inventée vers 1334 avant Facebook. Utilisé pendant les batailles maritimes, le feu "liquide" ne devait pas manquer de produire son petit effet chez les adversaires de Byzance. Si la formule originale en a été perdu au XVème siècle, un trio du sud de notre belle contrée a repris le flambeau en 2005, pour raviver la flamme d'une musique sombre et épique.

Et Feu Gregeois (apparemment sans l'accent) a entamé sa conquête du monde par deux démos, Guerres Franques en 2006 et Francorum Regnum Hierolosymorum en 2007. La première démo a connu l'honneur d'une réédition chez Drakkar, en format cassette histoire que peu de monde l'écoute. Puis un silence de trois ans pour préparer ardemment le premier album ici présent.

Comme les précédentes réalisations, Mortis Regnum baigne dans l'histoire des croisades, le groupe revêtant le statut de templier noir. Originellement en français, les textes sont désormais en anglais et latin. Niveau présentation, un bel effort a été fait avec deux versions. Un Mortis Regnum - 2nd cycle qui est une édition en boitier crystal avec un livret quatre pages. Et un Mortis Regnum – 1st cycle qui est une édition digipack limitée à 300 pièces avec un livret 8 pages. Les pochettes sont également différentes et celle présentée ici est la cover de l'édition crystal. En bon collectionneur, je me suis dit que je me paierais bien le digipack à l'occasion. Et puis j'ai écouté l'album...

Officiellement, Feu Gregeois s'associe à un black metal sombre et épique. En pratique, le groupe propose plutôt un death/thrash teinté à l'ancienne école. Une grondement death prend majoritairement le micro, parfois épaulé par un grognement black ou quelques voix claires. En tout cas, j'ai beaucoup de mal à trouver une dominante black dans cet album. Épique par contre, oui. Des synthés viennent donner une dimension plus grandiose ou apporter une touche arabisante bienvenue sur certains passages. Feu Gregeois s'offre même des interludes orchestraux, dont une longue intro, qui ont vraiment de la gueule, à la limite de la BO de film. Le postulat n'est pas dégueulasse du tout, en somme.

Mais Feu Gregeois est totalement desservi par des riffs tombés dans le domaine public depuis près de quinze ans. Les suites d'accords ne déclenchent pas l'émoi désiré. Le fossé entre les interludes orchestraux très réussis et les titres purement metal devient rapidement béant, plaçant l'album entre deux chaises musicales. Excusable au temps des démos et de la recherche d'une marque de fabrique, le manque d'intérêt des compos ne peut l'être pour un album, fût-il le premier. Seul le plus atmosphérique "Life of Sin" ressort quelque peu d'un opus qui risque de passer trop rapidement aux oubliettes de l'histoire.

Bref, un album qui manque de riffs pour parvenir à séduire. La production est satisfaisante et le packaging semble même très bien. En somme, il manque juste du contenu, ce qui n'est pas un détail hélas...


Rédigé par : Prince de Lu | 09,5/20 | Nb de lectures : 13794