«Même si nous en avons fini avec le passé, le passé lui, n’en a pas fini avec nous.»

Alors là les enfants si vous voulez du kvlte de chez kvlte, vous allez être servi ! Là, on touche du doigt une forme d’absolu, de sublime ! Alors les jeunes, Abyss Records s’est mis en tête de rééditer le premier album de Fester datant de 1992. Allez les vieux, on lève ses béquilles bien haut ! Mais faisons un peu d’archéologie. Il y a bien longtemps, un jeune Suédois nommé Thomas Nyquist ému par l’effervescence métallique crépitant autour de lui, décida de fonder un zine affublé du sobriquet champêtre de Putrefaction Mag. Kvlte ! De fil en aiguille et à force d’implication, notre jeune chevelu a fini par fonder le label No Fashion Records. Kvlte puissance mille à filer un début d’érection à notre Zoltar national !

"Winter of Sin" est la deuxième sortie du label et la première à être pressée en CD. Mais attention, j’en vois déjà soupirer qu’il s’agit encore du Mort Metal from Stockholm. Eh bien en fait, ce n’est pas tout à fait ça. D’abord, nos lascars cloutés ne sont pas Suédois mais Norvégiens et surtout nos chevelus de l’enfer propose une musique assez particulière. Particulière, faut le dire vite car en fait ça nous ramène à cette époque entre chiens et loups où les frontières stylistiques étaient complètement poreuses.

D’accord, c’est du Death mais du lourd, du lent, ça copule aussi bien avec Black Sabbath, que Bathory ou Death. L’influence floridienne est bien présente notamment dans les soli ou tous ces ponts instrumentaux ornementés de ces riffs typiques de l’époque. Quelque part et en étant un peu provoc’, prenez le premier album de Paradise Lost, enlevez-lui l’atmosphère gothique et remplacez-la par l’exaltation guerrière du glorieux passé nordique. Il faut perdre un œil pour le voir mais il y a un Viking sur la montagne en train d’invoquer les dieux. C’est donc un Death bien Doomy emporté par le souffle épique d’un Black fondé sur des trémolos mélodiques et sublimé de quelques passages au clavier, de narrations et de passages plus atmosphériques tout en arpèges mélancoliques. Et puis, il y a ce chant de corneille écorchée éructée par un vocaliste à mi-chemin entre Schuldiner et Burzum qui nous plonge un peu plus dans les méandres du Black.

D’un point de vue sonore, notre aventure scandinave a été remasterisé et ainsi permet une qualité d’écoute tout à fait acceptable selon les critères actuels. Le risque demeure tout de même d’être choqué pour ceux et celles qui sont habitués aux prods bioniques enrichies en produits de synthèse. Le son est bon mais c’est du nature, du bien roots.

Peu de bonus excepté un titre live datant de 1991 et issu de leur première démo. Un titre assez gonflé rempli de passages instrumentaux qui vagabonde sur dix bonnes minutes. Le gigipack fait sobre mais classe et le livret rappelle un rapide historique du groupe et du concert en question tout en livrant quelques anecdotes amusantes. Personnellement, j’apprécie assez de pouvoir me replonger dans le contexte de l’époque.

Etonnamment, même de nos jours le mélange proposé demeure relativement pertinent car il est assez peu habituel d’entendre un tel alliage de genres. Je l’ai déjà évoqué mais à l’époque tous ces beaux courants qui aujourd’hui provoquent des crises existentielles chez votre serviteur, étaient moins marqués. Tout ce beau monde se mélangeait allègrement sans se préoccuper de savoir si c’était du Death ou du Black ou je ne sais quoi d’autre… Il faut bien dire qu’au pays des Vikings, Bathory a aussi bien influencé le Death que le Black.

En définitive, on a affaire à un album préhistorique mais qui garde toute sa fraîcheur par rapport à un certain conformisme et aux lieux communs qui gangrènent une partie de notre monde de sauvages. Un véritable bain de jouvence nostalgique pour les vioques comme moi et peut-être un objet de curiosité pour les plus jeunes férus d’Histoire.


Rédigé par : Dark Rabbit | Réédition Vintage mais rafraîchissante!/ | Nb de lectures : 12820