Ayant loupé le premier album "Toward The Castle" estampillé 2005, je découvre le one-man band Fear of Eternity directement avec son second opus dont le titre jalonne le haut de cette kronik. Andrea Tilenni (ex Sinoath) tient donc le rôle d'homme-orchestre dans cette livraison qui respire la joie de mourir et le bonheur d'arrêter de vivre. Et c'est parti pour presque trois quarts d'heure de spleen.

Fear of Eternity oeuvre dans un black atmosphérique assez particulier. Sur la page du label, le projet est affilié aux anciennes références non-nordiques du catalogue Osmose (étrange manière de présenter) comme Necromantia, Mystifier ou Samael. Heu... point du tout. Sur le site italien EG Agency, l'entité est dans la veine de Burzum ou Mortiis (and so on). Diantre, mais non... De quoi est donc composée cette chose si difficile à décrire?

Prenez une voix bien black des cavernes, tenant fortement du croassement monocorde. Ajoutez-y des claviers: des pianos qui égrènent lentement des notes, des synthés qui font des nappes. N'hésitez pas sur le synthé, qui doit charpenter l'ensemble et faire prendre la sauce. Saupoudrez très légèrement d'une guitare rythmique. Mais alors mollissimo, qu'on l'entende à peine. Guitare qui va jouer des riffs très proches de groupes de doom/death bien catatoniques. Et voila, c'est prêt!

Structurées intégralement autour du clavier, les compos de FoE sont lentes et mélancoliques. Le son, vraiment tout petit, n'aide pas beaucoup à rentrer dans des titres déjà avares en notes. La production faiblarde me rappelle l'album "Infinity..." du groupe portuguais Desire qui m'avait choqué par son manque de patate à l'époque. Cette référence n'est finalement pas très éloignée du résultat transalpin, puisque Fear of Eternity ressemble beaucoup aux groupes de doom/death des années 90, hormis la voix évidemment.

Mais le principal reproche que je peux faire à cet album est la naïveté de certains thèmes. Andrea Tilenni flirte assez régulièrement avec les mélodies à quelques notes, technique qui peut être aussi casse-gueule qu'éblouissante de sobriété. Dans le cas Fear of Eternity, les riffs n'ont pas l'éclat qu'on pourrait attendre. Je pense notamment au passage central du morceau-titre ou à la mélodie d'intro de "Atrocious Pain" qui me fait penser à un film de Lelouch (et là, c'est vraiment une "Atrocious Pain" que de penser à ça). Ces thèmes me cassent bien l'ambiance de l'album. N'étant pas adepte des bontemperies, je m'ennuie assez fermement au bout de quelques titres car il ne se passe pas grand-chose. Et mon attente d'un décollage émotionnel ne sera jamais comblée.


Rédigé par : Prince de Lu | 07/20 | Nb de lectures : 13005