La musique dite “expérimentale” sort peu à peu de la confidentialité dans laquelle elle a longtemps été confinée. Le terme est depuis quelques temps employé à toutes les sauces et bien souvent brandi plus à tort qu’à raison : métal-expérimental, électro-expérimentale, et bientôt bal-musette-expérimental… accoler cette terminologie à une étiquette musicale est devenu cool, pour ne pas dire carrément hype.

Il ne suffit cependant pas de se réclamer du terme pour l’être réellement : un feedback, une dissonance ou un glitch, s'ils peuvent revêtir un caractère d’expérimentation, ne suffisent pas pour se proclamer « expérimental » à proprement parler. On pourrait même supposer que ce qui pouvait être considéré comme expérimental hier peut ne plus l’être aujourd’hui, et que ce qui l’est réellement aujourd’hui a peu de chances de le rester demain… car comme le défini John Cale, penseur de référence en la matière, « une action expérimentale est une action dont l’issue est imprévisible ».

Conspiracy Records, label belge de qualité oeuvrant pour la diffusion de musiques difficiles d’accès, hier plutôt orienté « hardcore » au sens large du terme mais s’orientant de plus en plus vers la sphère des musiques dites « expérimentales », édite donc cette collaboration entre Fear Falls Burning et Birchville Cat Motel.

Les premiers, ou plutôt le premier car il s’agit d’un projet solo, est belge et œuvre dans le style dit drone, initié dans le milieu rock par le Earth de Dylan Carlson et « popularisé » dans le milieu métal par le Sunno))) de Greg Anderson et Steven O’Malley, mais un drone moins lourd, et nettement plus aérien et ambiant, pour ne pas dire atmosphérique. Le second est tout aussi seul, mais moins belge, car originaire de Nouvelle-Zélande et est reconnu pour son activisme au sein de la scène expérimentale : Campbell Kneale, c’est son nom, est en particulier l’initiateur de deux labels Celebrate Psi Phenomenon et Battlecruiser, en plus d’être le cerveau derrière Birchville Cat Motel, projet qui lui permet, outre de se produire à travers le monde, de collaborer avec de nombreux artistes comme par exemple Lee Ranaldo de Sonic Youth, ou justement avec Fear Falls Burning pour ce disque.

Le résultat de cette collaboration est un morceau ambiant unique de 49 minutes basé sur la manipulation d’un drone de guitare amplifiée et traitée par différents effets, à peine épicé de quelques percussions discrètes. Une montée progressive en intensité soutenue par un « tintillement ( ?) » qui pourra s’avérer envoûtant pour les plus friands d’ovnis sonores en général et de drone ambiant en particulier, mais sans intérêt pour les autres… à moins d’être branché musicothérapie ou d’acheter vos CDs dans les boutiques new-age à la mode. Pour oreilles très très averties donc, encore qu’il ne soit pas certain que cette œuvre recueille tous leurs suffrages.


Rédigé par : NicoSata | 11/20 | Nb de lectures : 10000