Issu de la riche écurie Lupus Lounge/Prophecy, Farsot débarque dans nos contrées à la faveur de son premier album étrangement intitulé « IIII ». Je n’ai pas eu la possibilité de me mettre dans les esgourdes leur promo cassette « Im zwielicht meines glanzlos' Lebens » (2001), ni leur démo « 042103Freitod » (2004), mais gageons qu’elles connaîtront probablement les honneurs d’une réédition vu la qualité de l’album. Le quintet nous vient de Gotha en Thuringe et pratique ce qui est annoncé comme un « avantgarde black metal ». Diantre, une étiquette fourre-tout.

Si vous voulez une idée du style pratiqué, la référence me paraît être le récent « Antithesis » de Secrets of the Moon. Comme chez ses compatriotes, Farsot pratique un métal puissant et froid, alternant passages lourds et lignes mélodiques pour former un métal protéiforme piochant aussi bien dans les blasts du black que dans la mélancolie du doom ou la lourdeur du heavy, le tout saupoudré de thèmes comme savent si bien les concocter les Allemands. Outre la comparaison globale et inévitable avec Secrets of the Moon, on peut noter un passage sonnant très black dépressif dans les arpèges sur fond de hurlements de « Thematik: Tod », un passage que n’aurait pas renié Forgotten Tomb il y a quelques années. Et le lent développement mélancolique de « Thematik: Trauer » peut même évoquer les anciens The Gathering, si on ose la référence. Farsot ne s’arrête pas aux barrières des styles et ouvre grand ses shakras (et non les shakas, parce que c’est sale).

Farsot propose 42 minutes basées sur un concept abordant le mal-être et les émotions profondes ressenties après le décès d’un proche. Et la douleur est bien présente à chaque minute de l’opus, nous transformant en voyeur obscène se régalant de la détresse et de la dérive d’un autre. Les sept titres ont été mis en boîte dans le studio « The Crypt ». Le résultat est « modernement nickel », autrement dit la mise en place est parfaite avec un son propre et net, puissant et sans accroche. Ce type de production gorgée de basses charmera les amateurs des dernières productions Lupus. Le public friand de grésillements à l’ancienne restera sur sa faim.

Prenant soin de lier ses morceaux par des interludes, Farsot propose une unique pièce à déguster dans le noir total. Les titres s’enchaînent variés mais avec une logique toute naturelle, ne laissant pas entrevoir les changements de plages dans un album très homogène qui passe trop vite et qui se termine en évoquant son début. Pour un premier album, la réussite est grande, même si l’ensemble manque peut-être d’épices par moments. Farsot affirme une personnalité convaincante et c’est déjà beaucoup. A écouter absolument.


Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 11561