En général, la musique trop barrée c'est vraiment pas trop mon truc. L'enthousiasme général soulevé par le dernier Ephel Duath (également chez Elitist) m'avait laissé carrément de marbre et tous les trips trop compliqués pour mon pitoyable cerveau rongé par la bière se retrouvaient inévitablement à l'index. Seul Opeth avait réussi à me faire manifester une petite once d'intérêt et encore, pas à une dose proche de l'overdose. Pour moi, la musique doit être directe et mémorisable. C'était l'avis que je partageais royalement avec moi-même avant de découvrir cette bombe atomique. La raison de cet engouement n'est pas à chercher bien loin. En réalité Farmakon revendique haut et fort l'influence d'Opeth. Le vocaliste, qui officiait dans un groupe de funk auparavant (!), a eu la révélation après l'écoute du "Still Life" de ses inspirateurs. C'est donc sur des terrains bien établis que Farmakon vient poser ses bases musicales. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, il n'est nullement question de clonage ici. Certains éléments peuvent être mis en parallèle comme les vocaux, parfois proches de ceux de Akerfeldt ou les structures de morceaux alambiquées. Pourtant Farmakon va beaucoup plus loin. Déjà leur musique est dans l'ensemble plus virulente. Dès le début "Loosely of amoebas" attaque avec une rythmique thrash de bon aloi et les riffs sont souvent bien aiguisés et rentre-dedans. Ensuite le côté barré s'étale sur des morceaux d'une durée étonnament raisonnable pour le style (les 7 minutes ne sont jamais atteintes) et les surprises seront nombreuses au fil des écoutes. Les influences funk apparaissent sur "Same", "Loosely of amoebas" ou sur la mémorable fin de "Flavoured numerology". On trouve également du blues, du rock progressif et un zeste de délire sur les autres morceaux. Détailler chaque morceau tiendrait de l'énumération rébarbative et je ne peux que vous laisser l'occasion de vous forger votre propre opinion car ce disque est un gros concentré de génie et d'émotions. Chaque titre est un petit joyau qui s'amuse à prendre à contrepied la plupart des standards actuels et qui recèle des moments de bravoure parfaitement interprétés par des musiciens bluffants de maturité. De plus, la production, très claire et parfaitement cohérente avec la musique permet de rentrer sans difficultés majeures dans l'univers de Farmakon. Je ne m'appelle pas Uriel et je paraitrait bien maladroit à vouloir vous décrire les sensations que je ressent à l'écoute de ce petit bijou. Beaucoup de groupes ont tenté une démarche similaire à celle de ces Finlandais et bon nombre d'entre eux se sont cassés la figure. C'est là qu'un jeune groupe, qui n'a même pas trois ans d'existence, arrive comme un cheveu au milieu de la soupe et se permet de faire la nique aux ténors actuels. C'est ce que j'appelle du culot et ça me rappelle étrangement l'apparition d'un petit extra-terrestre musical qui a révolutionné pas mal de choses il y a quelques années. Cet E.T. s'appelait Faith No More et il semblerait que son alter ego de l'extrême soit né en Scandinavie. Opeth vs Faith No More. Voici le nom des deux parents, à vous d'adopter leur rejeton...


Rédigé par : Loufi | 18,5/20 | Nb de lectures : 8544