Je ne sais si c’est moi mais je n’ai pas l’impression qu’on ait vécu une grande année de Doom/Death. Franchement, je peux compter les galettes sur les doigts d’une main d’un enfant privé de chocolat. En conséquence, on s’attarde sur le troisième album de ces Américains dont j’avoue être passé au travers jusqu’à maintenant. Il faut dire que le groupe a laissé passer six longues années depuis leur dernière sortie et dans la masse pléthorique des sorties musicales, un combo a tôt fait de disparaître. Il suffit de constater l’anonymat dont a bénéficié la dernière parution de Novembers Doom pour se convaincre qu’il y a quelque chose qui refoule au royaume du Doom.

C’est bon, vous m’avez vu arriver avec mes gros godillots car les lascars en question pourraient aisément être considérés comme les petits frangins de Novembers Doom. L’amateur retrouvera tous les éléments caractéristiques du modèle, que ce soit la voix profonde à la Paul Kuhr, les lignes tristes distillées par un clavier, les breaks acoustiques et la mélancolie qui les accompagne. Malgré ce côté élève appliqué, on entend quelques nuances qui évitent au combo de se transformer en simple clone.

La première chose frappante pour le style pratiqué est le son situé dans des tonalités moyennes alors qu’on pouvait s’attendre à plus de lourdeur sur les guitares. Non, ici on ne racle pas dans le plomb mais plutôt dans une ambiance aérienne. Peut-être est-ce dû à la prod pas réellement probante avec ce son un peu trop clair, un peu trop froid et clinique…
D’autre part, on surprend au coin de la mélancolie quelques gros riffs typés 70’s, quelques élans tirant vers l’héroïsme et surtout l’insertion d’une dose de brutalité lors de passages purement Death et notamment "Catharsis" dont le blast inaugural et les enchaînements de dissonances viennent vous cueillir en fin d’album en apportant un léger vent plus crispant et moins mélancolique.

Malgré quelques belles envolées poignantes, des structures à tiroirs et la volonté de varier en proposant par exemple des instrumentaux acoustiques, l’album n’a pas tout à fait réussi à me convaincre. En effet, ça boite un peu car au final il reste la sensation d’entendre un assemblage de plans collés les uns à la suite des autres et de là découle une certaine difficulté à discerner les titres entre eux. De plus, il n’est pas rare que certaines mélodies soient assez proches ce qui amène un léger sentiment de redondance. En outre, il apparaît que les coupures acoustiques nous fassent un poil décrocher en milieu d’album et ce dépit de leur beauté triste.

Clairement pas encore au niveau du modèle avéré, il reste que cette rondelle mélancolique demeure un moment plutôt agréable pour les amateurs du genre (comme moi…) qui finiront par trouver suffisamment de qualités pour en faire leur goûter même s’il apparaît qu’elle ne tournera pas en boucle. Une petite friandise en cette année de disette et toujours bonne à prendre en attendant des sorties un peu plus consistantes.


Rédigé par : Dark Rabbit | 13/20 | Nb de lectures : 12814