FALLS OF RAUROS ! Voilà un nom que j’avais gardé au chaud dans un coin de mon vieux crâne délabré. Malheureusement, ce dernier s’était perdu probablement au milieu d’un amas de neurones morts. Heureusement, le nouvel et troisième album me vient directement à moi par la grâce de Bindrune Recordings. Merci à ces labels qui participent activement à lutte contre l’Alzheimer chez les chroniqueurs séniles. Mais pensons à ceux qui n’auraient jamais eu vent de l’existence de ce groupe. FALLS OF RAUROS est un combo venant des Etats-Unis, du Maine précisément (le bled à Stephen King), et œuvrant dans un Black Folk atmosphérique. Leur deuxième album sorti en 2008 avait réussi à faire bruisser les feuilles de la forêt et c’est ainsi que leur nom vint à mes oreilles de bouffeur de carottes. C’est donc avec entrain que je me lançais à l’assaut de cette montagne escarpée.

Le deuxième album déballait une certaine personnalité grâce à de longs titres mouvementés et aussi à un son fait maison assez particulier voire brut de décoffrage. Le son est toujours fait maison mais le combo a fait de sérieux progrès concernant le rendu de leur musique rendant ainsi véritablement justice à la qualité de leur composition. La prod se révèle propre sans pour autant perdre un aspect naturel et chaleureux.

D’autre part, les titres, encore une fois longues durées, apparaissent bien mieux construits que précédemment où certaines transitions pouvaient sonner abruptes. Ces longs morceaux sont de véritables progressions scénarisées où les temps forts s’enchaînent aux accalmies acoustiques avec la fluidité d’un ruisseau de montagne. Il suffit d’évoquer Banished dont les onze minutes me suggèrent invariablement l’arrivée d’un orage avec sa montée palpitante jusqu’aux roulements du tonnerre pour s’échouer dans la fine pluie et la sérénité de l’après déferlement.

Par ailleurs, musicalement, le combo réussit à nous embarquer dans ce périple panthéiste grâce à de somptueuses lignes mélodiques qui vont nous mettre à genoux devant la beauté de ce paysage. Il suffit d’écouter Awaiting The Fire or Flood That Awakes It ou Silence pour se voir tétanisé par ces trémolos à la fois épiques et héroïques vous attrapant par la nuque et vous obligeant à arpenter les forêts nus en pleine nuit tout en pointant un poing vindicatif vers la lune.

Malgré le talent et la beauté déployés tout au long de ce troisième disque, je dois bien dire qu’un léger détail me chagrine. En effet, j’ai un peu de mal à dénicher la véritable personnalité du groupe. Je retrouve d’un côté la veine épique que WOLVES IN THE THRONE ROOM insufflait dans leur premier album et de l’autre je pense fort à AGALLOCH puisque nos Américains s’aventurent aussi bien dans le Folk que dans le Progressif. A l’écoute, on pense fort à ces deux combos ce qui plombe légèrement l’écoute puisque notre mauvais esprit n’aura de cesse de faire le lien. Maintenant, on note un petit particularisme car la guitare aime gambader dans des leads et des soli aux consonances vraiment Prog.

A l’arrivée au chalet de cette randonnée montagneuse, je ne peux que constater l’énorme qualité de l’album qui tourne régulièrement dans mon terrier malgré ce manque de personnalité affirmée. Un album incroyablement mature auquel il manque juste un soupçon d’originalité pour venir faire de l’ombre aux propriétaires des bois.


Rédigé par : Dark Rabbit | 15,5/20 | Nb de lectures : 12365