Viking metal, folk metal, black metal, pagan metal... Falkenbach et les «étiquettes», ça m'a toujours embêté. C'est pourquoi, j'éviterai de trop utiliser ces étiquettes pour parler du groupe et pour éviter d'embrouiller tout le monde... Depuis ses débuts, et plus précisément depuis l'album «Ok Nefna Tysvar Ty» (2003), Vratyas Vakyas, principal leader du groupe, impose une musique qui inspire à l'évasion et au voyage: des ambiances salvatrices et épiques qui s'alternent avec des enivrements folkloriques et des passages plus agressifs proches du black metal. Falkenbach a donc sa propre recette, et on était en droit d'attendre avec impatience ce «Tuirida» qui voit le jour tout de même 6 ans après la dernière œuvre de l'Allemand. Et disons le sans détour, ce nouvel album déçoit. Attention, c'est pas la catastrophe absolue, Falkenbach ne s'est pas tourné vers de nouvelles sonorités, bien au contraire ! Le constat est évident, Falkenbach propose un album dans la pure lignée des deux précédents, sans une once de surprise et de nouveauté. Il n'y a pas besoin d'être musicologue, pour s'apercevoir que le groupe mise tout sur les ambiances et les émotions qu'elles créent, plutôt que sur «la technicité». C'est-à-dire que chaque morceau a son identité, sa personnalité, et chacun se construit sur une base musicale très simple. Cela signifie dès lors qu'un morceau garde du début à la fin le même rythme de croisière, et que les breaks musicaux sont très rares. Eh bien une nouvelle fois c'est le cas ici.

Mais venons en un peu plus en détail à ce nouvel album: premier constat, il ne dure que 40 minutes, pour 6 morceaux et une intro (peu utile). Paradoxalement, les morceaux, tournant autour des 6 minutes, ont parfois tendance à traîner en longueur. Mais ça aussi c'est pas nouveau chez Falkenbach, ces plans répétés à chaque morceau, sauf que là, ça a tendance à agacer plus rapidement. Heureusement, le groupe montre qu'il a encore la capacité de proposer des morceaux envoûtants qui nous font voyager vers des horizons verdoyants et vierges, loin de toute agitation humaine et ceci grâce à des nappes de claviers placées discrètement en fond, mais qui finalement sont présentes en quasi-continue, donnant davantage de relief et de beauté aux compositions, en plus de la voix «sensuelle» et mélodique du sieur Vakyas, qui utilise à 80% son chant clair, pour seulement quelques passages avec des vocaux plus écorchés. Ceux-ci sont bien mis en avant sur un «Time Between Dog and Wolf» particulièrement sombre malgré une belle harmonie au ton «dramatique» qui se répète tout au long du morceau. L'aspect lent du morceau lui permet d'ailleurs de prendre une dimension un peu plus tragique, pas déplaisante. Le reste est plus sémillant, comme l'atteste l'instrumental «Tanfana» dans un registre très folklorique, qui avec de simples accords et quelques notes de flûte arrive à nous envouter. De même pour les reposants «Runes Shall You Know» et «Sunnavend», qui entre délicatesses acoustiques et envoûtements lyriques nous font voyager loin, très loin... dans un monde très doux... et ce malgré un sentiment flagrant de répétitions ! On peut là reprocher au groupe d'un peu trop miser sur des ambiances plus «reposées» et mélodiques, en lieu et place d'envolées plus brutales ou épiques, qui fonctionnaient bien sur les précédents opus.

Même le morceau «In Flames» qui est plus agressif dans l'approche, avec quelques vocaux black metal a droit à son break «onirique» à 3:00, d'une beauté absolument captivante ! L'expression «le calme avant la tempête» est tout à fait appropriée, ce passage étant suivi d'un retour à des sonorités plus tranchantes et violentes. Je me dois aussi de citer ce «...Where His Ravens Fly...», le morceau d'ouverture très prenant, dont la rythmique à l'allure conquérante réussit aussi à porter l'auditeur, sans faire preuve d'un talent éblouissant, si on le compare à un «Vanadis», titre absolument dantesque de Falkenbach. Un petit mot sur la production, elle aussi «limpide» et pas «bondée» d'effets (bon faut dire aussi que la batterie n'est pas chargée en grosse caisse et en double pédale, et la basse tient un rôle mineur...) A l'heure du bilan c'est simple: Falkenbach sort un album bon, qui ne surprend guère. Après une si longue pause on pouvait s'attendre à mieux, reste à savoir s'il faudra encore attendre un aussi long délai pour avoir droit à une nouvelle offrande, qui espérons-le sera un peu plus «osée» que cette présente livraison. Pas mauvais, mais pas une grosse claque non plus, dommage...




Rédigé par : gardian666 | 14/20 | Nb de lectures : 12769