Everett True - NIRVANA : La Véritable Histoire (Camion Blanc) - 17/12/2008 @ 09h15
A la lecture du titre de cette nouvelle bio de NIRVANA (« La VERITABLE histoire ») je me suis dit, comme beaucoup de fans je pense, que presque quinze ans après la mort de Kurt Cobain, on allait encore nous casser les burnes avec une compilation de théories plus foireuses les unes que les autres sur ce qu’avait vraiment été NIRVANA, et surtout sur les raisons qui avaient poussé Cobain au suicide ou sur qui avait pressé la gâchette.

Alors, Courtney avait-elle descendu son mari après une soudaine et irrésistible envie de sang et de tripailles suite à la découverte du « Tomb Of The Mutilated » de Canniboule ? Frances Bean en avait-elle eu assez de ses deux parents junkies et crasseux incapables de se croiser sans se friter et avait-elle utilisé ses dons de télékinésie pour faire exploser le crâne de son papa et faire croire à un suicide ?
Krist Novoselic et Dave Grohl, qui venaient secrètement de récupérer les droits d’exploitation du logo NIRVANA et de signer un nouveau contrat avec Metal Mind leur permettant d’empocher 100% des royalties générées par la vente des rééditions des trois albums du groupe et des premiers hurlements de Kurt à l’occasion de son premier caca nerveux à 6 mois, si Kurt venait à décéder de façon brutale, avaient-ils incité le fragile musicien à en terminer avec cette existence qui ne le satisfaisait plus ?

Eh bien non ! Le titre original en dit beaucoup plus sur ce qu’est ce livre, puisque « The True Story » est, comme le fait remarquer Christophe Lorentz, le directeur de la collection Camion Blanc, un jeu de mot avec le nom de l’auteur, Everett True, critique musical au Melody Maker. Et c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une histoire de NIRVANA selon le point de vue d’un des intimes du groupe (et ce, depuis le début) et de différents personnages importants dans son histoire. Malgré tout ce qu’on peut reprocher au bouquin, on ne peut en effet retirer à Everett True d’avoir été l’un des premiers à parler de la vague grunge en Europe, bien avant que NIRVANA, PEARL JAM et consorts ne fassent exploser tous les records de ventes et que tous les djeun’s se mettent à porter de grosses chemises de bûcherons à carreaux, les cheveux mi-longs et crasseux et des jeans déchirés. A de nombreuses reprises, on a ainsi le sentiment de lire un historique du mouvement grunge plus qu’une bio de NIRVANA, et plus encore une chronique de ce mouvement écrite par un journaliste musical avant tout fan et donc souvent partial. C’est ainsi que l’influence des MELVINS, de TAD, de MUDHONEY est largement mise en avant, comme une tentative toute personnelle de rétablir la vérité sur ce qu’était vraiment le grunge. On sent True irrité voire dégoûté par l’amalgame qui a été fait entre toutes les formations issues de Seattle et de ses environs au début des années 90, d’où un énorme et plutôt indigeste chapitre sur la scène d’Olympia, capitale de l’état de Washington distante de Seattle d’environ 80km et véritable berceau du grunge selon lui, qui lui permet de rétablir la (sa) vérité sur l’un des mouvements musicaux ayant induit le plus de bouleversements depuis longtemps, peut-être même le dernier de cette ampleur.

Même si les articles et interviews de l’auteur rédigés/réalisées à l’époque pour le Melody Maker tiennent une place importante dans le livre, l’un de ses intérêts principaux, pour qui veut en savoir plus sur NIRVANA et la scène dont il était issu en général, est de contenir une foultitude d’interviews de personnages marquants de cette scène et de proches du groupe et des familles des membres. Pour les autres, ceux qui ne seraient intéressés que par des faits/anecdotes relatives au trio à l’époque de son succès, une sorte de vision backstage du NIRVANA de 1991 à 1994, « The True Story » se révèlera probablement bien trop précis et « technique », mis à part son dernier tiers, bouleversant, qui montre Kurt Cobain en plein désarrois, incapable de gérer le succès de son groupe et encore moins sa relation avec Courtney Love.

« The True Story » est également incroyablement bordélique, sans réelle structure autre que sa progression chronologique. Cela rend l’ouvrage d’autant plus difficile à lire qu’à moins d’être un bon connaisseur du groupe, du grunge et de ses principaux protagonistes, il faut souvent se référer aux notes explicatives pour savoir qui est qui. On dira que le livre est à l’image de la musique de NIRVANA, sans concession, brutal et émouvant, alternant passages lancinants et chapitres explosifs… Mouais. C’est quand même un poil désordonné tout ça, et hormis, encore une fois, le dernier tiers centré sur la déchéance tant physique que psychologique de Cobain, on peine parfois à s’y retrouver. En plus de cela, True, qui n’aime visiblemenent guère PEARL JAM, ne manque pas une occasion de casser la bande à Vedder sans vraiment de raison apparente sinon entretenir une rivalité plutôt stérile entre les deux groupes, une attitude de donneur de leçons qu’on retrouvera à d’autres moments. C’est toujours irritant quand ledit donneur a une opinion différente de la vôtre, mais avec un peu de recul c’est également un peu le propre du critique musical, dont le boulot est quand même de donner son avis à partir de ses connaissances et de son expérience, censées êtres plus importantes que l’amateur de musique standard, afin de l’orienter sur les meilleurs choix à faire en la matière. Pas étonnant donc qu’il lâche parfois quelques perles, la plupart en relation avec sa méconnaissance évidente du Metal, comme celle-ci : « IRON MAIDEN est un groupe de Heavy Metal britannique plus connu pour des titres comme « Bring Your Daughter To The Daughter » et sa mascotte Eddie », celle-ci « UGLY KID JOE était un pitoyable déguisement de maison de disque qui profita de la vague grunge pour s’imposer » ou encore celle-là : « METALLICA, c’est le groupe de Metal, assez proche (musicalement) de NIRVANA et de leurs pairs de Seattle : le groupe qui chante « Enter Sandman » a, plus tard, largement tourné avec SOUNDGARDEN. Cependant, NIRVANA n’aimait pas leur côté pompeux ». Du Manœuvre dans le texte !

Cette véritable histoire éclaire également d’une part la relation Love/Cobain (les Kurtney comme ils étaient appelés par leurs proches) sous un jour nouveau, puisque sans être particulièrement tendre avec Courtney malgré une amitié semble-t-il sincère entre eux, l’auteur met en avant son influence sur l’écriture de Cobain au niveau des textes, effectivement bien plus structurés et compréhensibles (donc bouleversants) sur « In Utero » que sur « Nevermind » où sa méthode consistait souvent à compiler des morceaux de poèmes qu’il avait écrit… ce qui ne retire rien au génie dont il faisait preuve dès qu’il s’agissait de faire sonner un assemblage de phrases sans aucun sens comme un tube planétaire. D’autre part, on y apprend que Cobain a toujours voulu que son groupe ait du succès et qu’il a beaucoup travaillé pour cela, la différence étant qu’il visait (comme Geffen avant la sortie de « Nevermind ») une reconnaissance à la SONIC YOUTH, certainement pas une élévation au rang d’idole vivante pour toute une génération. Il est dépeint comme quelqu’un de timide mais en général plutôt joyeux, dont la très forte amitié avec Krist Novoselic est l’un des facteurs ayant amené le groupe là où il est arrivé. Ce ne serait donc pas son état dépressif chronique qui aurait conduit le groupe au succès, mais plutôt le succès fulgurant de NIRVANA (et sa relation orageuse avec sa femme) qui l’aurait peu à peu détruit.

La chronique avance et je m’aperçois que mes tendances logorrhéiques reprennent le dessus, je vais donc tenter de faire bref : « The True Story » est un livre destiné à ceux qui connaissent déjà bien l’histoire du groupe et voudraient en savoir un peu plus, notamment à travers les témoignages de ceux qui ont croisé la route de NIRVANA et l’ont, pour certains, accompagné. Les autres devront certainement s’orienter vers un ouvrage plus généraliste afin d’avoir une vision plus globale et plus digeste, quant à ceux qui penseraient y trouver des photos du cadavre de Cobain ou y lire des révélations de la diabolique Courtney Love sur ses véritables desseins au moment où elle a mis le grappin sur le fragile gaucher blondinet, ils en seront pour leurs frais.

Malgré ses longueurs, cette bio de groupe qui se mue en bio de son leader vers la fin (comment faire autrement en y réfléchissant bien ?) est intéressante à lire et réellement émouvante dans son dernier chapitre, celui qui suit la mort de Kurt et dans lequel on sent Everett True, très pudique contrairement au reste de l’ouvrage où il aime se mettre en avant, profondément touché par la mort de son ami pour lequel il n’a pas pu/su être là quand il en avait besoin. C’est véritablement un livre écrit par quelqu’un qui aimait NIRVANA, ses membres et Cobain en particulier, indépendamment du succès et de l’argent récoltés après le succès de NIRVANA. Il y décrit d’ailleurs le Kurt Cobain de la période « Bleach » comme un quasi SDF peu responsable dont la petite amie faisait plus office de tutrice que d’amoureuse (même si les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre étaient sincères) et celui de la période « In Utero » comme un junkie incapable de s’occuper de sa fille allant même jusqu’à lui prendre pour nourrice un autre junkie. Peu de complaisance donc, pas de passages larmoyants, juste une tentative de compiler le plus d’informations possibles sur ce qu’était NIRVANA sur et en dehors de la scène.

La traduction comporte, c’est une habitude chez Camion Blanc, quelques fautes de grammaire ; dommage mais pas rédhibitoire. Le style est assez fluide et la version française, sans être de la grande littérature (ce qui n’est d’ailleurs pas ce qu’on lui demande), se lit facilement. Cette parution française ne fera probablement pas changer d’opinion ceux qui n’aimaient pas le groupe, mais elle permettra à ses fans, anciens ou nouveaux, de passer un peu de temps avec lui et probablement de se (re)plonger dans leur courte mais intense discographie.

Auteur : Everett True
Titre Original : NIRVANA : The True Story
Traduit de l’anglais par : Yves Balandret

Editeur France : Camion Blanc, 2008
Editeur Original : Omnibus Press, 2006

Nombre de pages : 688
Prix : 32 euros


Rédigé par : Dungorpat | Biographie/ | Nb de lectures : 12878




Auteur
Commentaire
Dixie Whiskey
Membre enregistré
Posté le: 17/12/2008 à 09h27 - (65740)
mouai, ça donne pas spécialement envie tout ça!!!

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 17/12/2008 à 16h15 - (65759)
Ils n'ont toujours pas réglé ce problème de coquilles lexicales chez Camion Blanc ? C'est quand même assez génant...



Zadig
Membre enregistré
Posté le: 18/12/2008 à 09h27 - (65771)
y en a raz le cul que des opportunistes continuent de se faire de la thune sur le dos de Cobain qui doit se retourner dans sa tombe!

Dixie Whiskey
Membre enregistré
Posté le: 18/12/2008 à 09h31 - (65774)
@Zadig: heu...il ne peut pas se retourner dans sa tombe vu qu'il est mort et que quand t'es mort tu bouges plus... il me semblait important de te mettre au courant.

HELL-
Membre enregistré
Posté le: 21/12/2008 à 16h33 - (65922)
Ce qui est con, c'est de ne parler que des sorties de camion blanc. Soit on chronique tous les bouquins, soit aucun....

Un excellent book sur Kurt et Nirvana est sorti y'a pas longtemps, de Charles R Cross, Kurt Cobain, Une vie à vif.

Slayergod
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2008 à 12h23 - (65945)
Nirvana n'était qu'un feu de paille avec le recul, ben ouais c'était bien de la merde malgré deux trois titres sympathiques. la disco ne tiens pas l'épreuve du temps. Groupe anecdotique dans la marre des sorties de cd insipides...

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