Ab Jove principium
Pour ceux et celles qui auraient échappé au buzz créé par Nuclear Blast pour promouvoir ce groupe, sachez qu'EX DEO n'est pas à proprement parler un nouveau venu au sein de notre communauté métallique. Avant d'être un KATAKLYSM avec synthé comme le scandent les mauvaises langues, EX DEO est le projet de Maurizio Iacono, frontman des Canadiens susnommés. Pour mener à bien la campagne entreprise sur "Romulus", le sieur s'est entouré de ses compères de KATAKLYSM avec toutefois une légère différence par rapport au groupe originel, les lignes de basses ont ici été assurées par François Mongrain du groupe MARTYR et Stéphane Barbe a quant à lui troqué sa quatre cordes pour rejoindre Jean-François Dagenais en tant que second guitariste.

Amor patriæ nostra lex
Comme son nom l'indique, "Romulus" vous relatera la Rome antique au travers des onze titres qui le composent. Pour savoir pourquoi Maurizio a décidé d'enfiler une cuirasse et de brandir son glaive en criant haut et fort "Hail Ceasar", il suffit de regarder du côté de son arbre généalogique. Né de parents italiens, Maurizio est on ne peut plus attaché à ses origines et ce malgré sa citoyenneté de mangeur de pop-tarts. Enfin tout cela, si vous êtes fans de KATAKLYSM, vous deviez déjà sûrement le savoir et pour cause, "Epic: The Poetry of War" sorti en 2001, mettait déjà en scène l'empire romain de par sa cover et ses paroles.

Qualis pater, talis filius
"Romulus" pourrait d'ailleurs s'inscrire dans la continuité de cet album. Mais le sortir sous la bannière de KATAKLYSM aurait sûrement créé un malaise chez les suiveurs du groupe, déjà en grand manque de blast après le très décevant "Prevail". Donc personnellement je ne peux que cautionner cette démarche qui consiste à utiliser un nouveau patronyme pour proposer une musique s'éloignant des sentiers habituellement explorés par le groupe et ce même si tous les chemins mènent à Rome.

Alea jacta est
Le prætorium étant érigé il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Donc oui, la filiation avec la musique de KATAKLYSM se fait ressentir tout au long des soixante et une minutes de "Romulus", ainsi "As the Glorious Weep" ou "Wounds" sont deux exemples de titres se rapprochant le plus de ce que fait EX DEO. Cependant le groupe s'est ici efforcé d'accentuer le côté épique des riffs, on notera d'ailleurs quelques relents d'AMON AMARTH se dégageant de titres comme "Legio XIII" ou "Cruor Nostri Abbas". Les orchestrations symphoniques, que l'on doit à Jonathan Leduc (BLACKGUARD), occupent une place prépondérante sur "Romulus", et j'avoue être tombé sous le charme de ses cuivres donnant une dimension véritablement héroïque à la plupart des compositions. Nuclear Blast oblige, le groupe a débauché ses confrères de label pour venir poser quelques soli, tel Karl Sanders (NILE) sur l'excellent "The Final War (Battle of Actium)" ou Obsidian C. (KEEP OF KALESSIN) sur "Cruor Nostri Abbas". Sanders, fidèle à lui-même, nous sort un solo typique en parfaite adéquation avec la musique d'EX DEO, ce qui n'est malheureusement pas le cas pour celui d'Obsidian C., se perdant dans le démonstratif et jurant avec le reste du morceau. Au rayon des invités figure également Nergal (BEHEMOTH) s'illustrant quant à lui en hurlant la célèbre expression de Jules César, Veni, Vidi, Vici, à la fin de "Storm the Gates of Alesia".

Ad nauseam
Malgré toutes les qualités que je trouve à "Romulus", il n'en reste pas moins un album difficilement digérable en une écoute. Tout en étant efficace, la recette se fait vite redondante et une heure de musique me semble un tantinet prétentieux. Il faut dire que l'album n'est pas des plus diversifié, le mid tempo constamment rythmé par la double grosse caisse aura tendance à en lasser plus d'un, et ce même si ce qui l'entoure est on ne peut plus réussi. Je pense que "Romulus" aurait pu gagner en intensité en supprimant un ou deux titres afin de le rendre plus concis.

Uti, non abuti
L'album aurait-il eu le même impact s'il eût été sorti par un groupe lambda ? Bien sûr que non, car il faut être franc, EX DEO n'invente rien et ne révolutionne en rien le monde du metal. Mais il faut reconnaitre que "Romulus" reste un album plaisant et si cela peut permettre à KATAKLYSM de retrouver ses couilles, alors moi je signe de suite pour un second album. Reste à voir ce que cela donnera sur scène à la rentrée prochaine avec des orchestrations samplées...


Rédigé par : wasted | 15,5/20 | Nb de lectures : 14562