08 juin 2014 : Gary Holt annonce le congédiement de Rob Dukes d'Exodus.
08 juin 2014-bis : Ce même Gary Holt annonce dans la foulée le retour du chanteur Steve "Zetro" Souza.
09 septembre 2014 : Le premier extrait de « Blood In, Blood Out », 10ème véritable album du groupe, est dévoilé.

C'est donc en 3 petits mois qu'un 'nouveau' chapitre de l'histoire d'Exodus s'est écrit. En se séparant de Dukes, nous avons pu nous apercevoir encore une fois à quel point ce chanteur a pu diviser les fans : son chant et son attitude scénique ne laissant jamais indifférent, le personnage avait du caractère à défaut d'être LE chanteur d'Exodus. Personnellement j'apprécie les 2 « Exhibit » auxquels il a participé, sans pour autant en être un grand fan, son 'départ' m'interpellant quelques instants... jusqu'à l'annonce du retour de Souza. Une reformation pas si surprenante quand on sait que Steve faisait des appels du pied pour revenir, depuis au moins 3 ans.

Là encore, voilà un vocaliste loin de faire l'unanimité : chant horripilant, affreux, insupportable, les qualificatifs n'ont pas manqué sur VS et d'autres sites francophones. Il paraît qu'aux US il est bien plus apprécié. Bref, chacun son avis, je n'ai pas vraiment été 'choqué' ou déçu par la presta de Souza sur « Blood in, Blood out », ayant suivi le bonhomme sur son projet familial Hatriot. Toutes les personnes qui gueulent sur Steve, vous devez aussi connaître « Fabulous Disaster », « Pleasure of the Flesh », « Impact is Imminent » « Tempo of the Damned » non (ainsi que « Force of Habit ») ? C'était aussi Zetro et son chant a finalement peu changé en 25 ans. Il a le mérite d'être assez unique et rapidement reconnaissable.

Je ne suis pas non plus un ardent défenseur du bonhomme qui n'est clairement pas le meilleur chanteur à s'égosiller dans le genre, malgré une hargne et intensité certaine (une sorte de Bobby Ellsworth outre-Atlantique), mais bon les vocalistes dans le thrash, c'est à peu près toujours ce qu'il y a de plus critiqué (Megadeth, Anthrax, Overkill, etc.)

Moins agressif que les Exhibit en terme de riffs et de rythmiques ou moins explosif qu'un Tempo of the Damned, « Blood in, Blood Out » n'est toutefois pas un album tout ramolli et sans éclat. Les bidouillages électroniques de l'introductif « Black 13 » intriguent... le premier riff dégainé à 1'22 rassure. Le thrash made in Bay Area des Exodus se porte bien, Gary Holt et Lee Altus ne décevant pas dans la teneur des guitares en alignant les plans incisifs qui vont faire un joli carnage en live. Tom Hunting, la pierre angulaire du combo, n'est pas en reste et massacre allègrement ses toms (il ne s'agit pas de ses testicules). Un cogneur hors pair qui parfois en faisait un peu trop à l'époque des Exhibit, mais reste actuellement LE métronome du groupe.
Revenons à l'album, où le morceau-titre enfonce le clou, après à peine une minute, une sacrée déferlante nous est déjà passée dans les oreilles. Les soli apportent eux leur petite touche aux breaks instrumentaux, des 'breaks' (ou coupures) que j'ai cependant envie de critiquer.

Des titres à rallonge, Exodus en a peu près toujours pondu, certes davantage ces dernières années. 'Exhibit A' tapait dans les 70 minutes, le B dans les 80 (!), heureusement ce petit dernier ne dure « que » 1h (sans compter le bonus). A mon goût, cela reste une durée trop élevée, les 3 quarts des compositions auraient méritées d'être raccourcies. Une plage instrumentale peu utile (sur « Black 13 » ou « Btk »), des riffs qui semblent se recycler (« Body Harvest » pouvait durer 2 minutes de moins, le premier tiers est très bon... et la dernière minute aussi), des soli à l'intérêt discutable (comme celui de Kirk Hammett sur « Salt the Wound »...), etc.

Inexorablement, j'ai le sentiment que le groupe tourne parfois un peu en rond et en fait trop en traînant en longueur. Heureusement, le côté efficace, Exodus ne l'a pas perdu, par exemple « Collateral Damage » dégomme de a à z, je ne trouve rien à jeter sur ce titre. Un peu plus loin, « Wrapped in the Arms of Rage » et dans une moindre mesure « Numb » et « Honor Killings » (chacun avec un ou deux breaks en trop) n'ont rien à lui envier. Même en envoyant un peu moins la purée et en jouant davantage sur une sorte de groove, la formule est assez bien amenée (« Salt the Wound », « My Last Nerve »).

« Btk », frôlant les 7 minutes, voit Chuck Billy venir pousser quelques vocalises bien gueulardes, j'aurais préféré l'entendre pleinement donner la réplique à Souza. Le final massif de cette composition tranche avec la sauce habituelle envoyée par Exodus, ce qui ne fait pas de mal. Si je reproche à « Blood In, Blood Out » d'être trop long, j'ai aussi le sentiment récurrent d'avoir affaire à un groupe mécanique et froid, alignant les gros riffs sans vraiment me faire vibrer. La production assez impersonnelle et compacte d'Andy Sneap n'aidant pas (elle ne diffère guère des précédents opus d'Exodus), alors que je trouvais qu'il avait fait du bon boulot sur les derniers Testament.

L'excellent final « Food for the Worms » arrive limite trop tard, il y a là un gros potentiel pour retourner comme il se doit le pit, les riffs y sont particulièrement marquants, la section rythmique nous ramone les cages à miel une ultime fois (histoire de chipoter, ce morceau pouvait encore une fois être raccourci de près d'un tiers de sa durée). En définitive, je dis oui au retour de Souza mais faut arrêter de penser que c'est le seul point à revoir au sein d'Exodus (que ce soit lui ou Rob). Musicalement, le groupe montre toujours de très belles dispositions, sauf qu'il a tendance à se répéter et à oublier d'aller (parfois) au plus simple. Souza est critiquable tout comme le reste des musiciens. Je ne considère pas « Blood in, Blood Out » comme une baffe monumentale mais un album de thrash solide contenant son lot de passages marquants, dilué dans un déluge de sonorités thrash plus ou moins réussies.




Rédigé par : gardian666 | 15,5/20 | Nb de lectures : 14162