La vie de chroniqueur dans un webzine n’est pas toujours des plus facile. On doit non seulement ingurgiter une quantité gargantuesque de disques chaque année mais on attend également de nous qu’on y appose des articles pertinents qui deviennent parfois impertinents. Mais aux rangs des affres les plus douloureuses celle de la page blanche est probablement la pire.

En effet, il y a des disques qu’on écoute à moult reprises sans qu’une once d’inspiration ne vienne apporter le moindre embryon de chronique. Rien, que dalle, nada, c’est l’encéphalogramme en sauce blanche, le néant, pire : le QI d’un protagoniste de l’Ile de la Tentation.
La plupart du temps ces « pannes » concernent des disques plutôt bons (bah oui, si c’était de la bouse, ça serait tellement plus facile) et l’on songe parfois au refuge d’une fumisterie qui consisterait simplement à éterniser un « c’est ’achement bien » sur une quinzaine de lignes.

Oui, je me doute que vous vous marrez doucement en me lisant en train d’évoquer une panne d’inspiration d’ordre plutôt littéraire pour l’abaisser au niveau d’une vulgaire page de prose laxative torchée par un pseudo journaliste et vous aurez probablement raison. Mais que celui qui n’a pas séché sur un pauvre paragraphe, avec l’inspiration d’une couscoussière, une fois dans sa vie me jette la première pierre.

A l’opposé de ces constipations de neurones se situe le disque facile à chroniquer ; le truc tellement évident qu’on sait déjà ce qu’on va en écrire à la virgule près alors qu’on n’a pas écouté deux fois de suite l’album. Et fort heureusement pour moi cette fois-ci, le nouvel EXMORTEM fait partie de cette catégorie.

EXMORTEM souvenez-vous, les Danois avaient fait pas mal de bruit en accouchant de trois premiers albums assez monstrueux avant que le dernier membre originel ne quitte le navire en laissant la barre à Sigtyr alias Martin Thim, l’ex-gratteux d’ILLDISPOSED, qui conduisait désormais le groupe en véritable despote. Tout du moins c’était le cas jusqu’à « Funeral Phantoms » sixième galette des Danois où le père Sigtyr lâche un peu de lest en laissant son complice guitariste, Andreas Schubert, composer la moitié du nouvel album. Le résultat s’en ressent donc et n’a que peu ou pas de points communs avec le EXMORTEM des années 90.

Pourtant la cuvée 2008 du groupe est loin d’être mauvaise et on pourrait même avancer qu’elle supplante « Nihilistic Contentment » sorti voilà bientôt quatre ans. EXMORTEM prend un virage assez drastique pour engendrer ici un disque de death metal pur et dur principalement inspiré du courant de la vieille école US du genre ; un death pour le moins varié passant avec facilité du riff écrasant de lourdeur au laminage systématique du gros blast qui tache. Pour cette nouvelle échéance, EXMORTEM a vu son line-up s’agrémenter d’une nouvelle section rythmique avec notamment l’arrivée de Morten Siersbæk (SPECTRAL MORTUARY, DOWNLORD). Pour l’occasion les Danois ont véritablement misé sur les ambiances moites, les miasmes ténébreux qui ont fait l’attrait des premiers MORBID ANGEL et IMMOLATION ; des émanations cryptiques renforcées par le chant exceptionnellement guttural d’un Simon Petersen au meilleur de sa forme et par une production particulièrement poilue.

Il va sans dire que les fans de la première heure auront du mal à repousser un certain désappointement devant le revirement de style choisi par le groupe qui aurait peut-être du changer tout simplement de nom. Mais si l’atypisme des débuts n’est plus le leitmotiv des Danois, on ne peut pas enlever à « Funeral Phantoms » ses qualités de défouloir plus que convaincantes.


Rédigé par : Tonton | 14,5/20 | Nb de lectures : 11316