Disclaimer : sauf rares exceptions, j’ai beaucoup de mal avec le Metal instrumental, peu importe le genre auquel il est rattaché. Mais manifestement ce second album d’EXIVIOUS n’a pas trouvé preneur dans la rédac depuis sa sortie début novembre 2013 donc je vole à son secours. A regret peut-être…

Souvenez-vous, en 2009, EXIVIOUS avait fait parler de lui, ce groupe existant depuis 1997 et auteur de 3 démos jusqu’en 2002 avait vu son nom être exhumé lorsque son leader, Tymon Kruidenier, avait intégré CYNIC pour Traced In Air (2008). S’en est suivi un premier album éponyme sorti en autoproduction en 2009, qui avait fortement titillé les fans de CYNIC « mais pas que » avec leur mix de Metal et de Jazz Fusion. Une réjouissance de courte durée vu que suite à l’intégration du bassiste Robin Zielhorst au sein de CYNIC en plus de Tymon, EXIVIOUS a décidé de cesser ses activités. Mais le départ précipité des deux néerlandais du groupe américain a accéléré le retour d’EXIVIOUS, qui n’aura donc splitté qu’une année. Une campagne de crowdfunding suivi finalement d’une signature sur Season of Mist, et voilà déjà le retour d’EXIVIOUS avec un second album nommé Liminal. On prend alors les mêmes et on recommence (avec donc Michel Nienhuis qui depuis a sorti un album avec le groupe de Black DODECAHEDRON), à l’exception du batteur Stef Broks qui a cédé sa place à Yuma Van Eekelen (ex-PESTILENCE et actuel THE NEW DOMINION, excellent groupe chroniqué ici même soi dit en passant), pour une nouvelle œuvre de « Jazz Metal Instrumental ».

Le style n’a pas bougé d’un pouce donc, peut-être Liminal est un chouïa plus « Metal » parfois mais on reste tout de même dans l’optique technique du Jazz Fusion, où les solos et mélodies se multiplient et où la basse est très présente. Les fans seront en terrain connu, surtout pour l’ambiance assez particulière, lumineuse mais chaleureuse, pour une musique tout de même assez moderne. On (enfin, je) pense souvent à ce que peuvent faire les groupes de Djent les plus atmosphériques ou à BETWEEN THE BURIED AND ME, l’approche d’EXIVIOUS est tout de même bien différente et on a pas l’impression d’être en face d’une collection d’interludes, ce qui est souvent pour moi le défaut des groupes instrumentaux. Rien de tout ça ici, EXIVIOUS s’inscrivant clairement dans la lignée des SCALE THE SUMMIT, ANIMALS AS LEADERS ou CANVAS SOLARIS, où l’aspect 100% instrumental à sa cohérence, même si moi je me demande toujours que ça donnerait avec du chant et une structuration différente pour laisser de la place à des vocalises… ce qui m’empêche d’apprécier ce genre de groupes à sa juste valeur.

Pendant 45 minutes on se délecte donc du travail des musiciens qui ont parfaitement réussi à façonner leur œuvre, il n’y a pas de longueurs à déplorer (allez, sauf peut-être le trop atmosphérique "Movement"), l’ensemble demeure varié même si les éléments restent les mêmes d’un morceau à l’autre (lignes de basse, mélodies de gratte, solos, passages semi-acoustiques, batterie technique et bien dosée). Dommage que les riffs plus incisifs soient rares, et tant pis pour moi le metalleux chevelu et poilu (pas énormément, mais poilu quand même). On retrouvera donc notamment ces quelques passages plus musclés (tout est relatif…) au début de "Deeply Woven", pour la fin légèrement barrée de "Triguna" et surtout pour le morceau de clôture très dynamique qu’est "Immanent" - qui est donc pour moi la piste la plus intéressante de Liminal. Mais des moments de grâce émaillent cet album très réussi et servi par le talent des 4 musiciens, comme les passages feutrés de "Entrust" (excellent morceau d’ouverture servi par un final épique), les sublimes mélodies de "Alphaform" et "Triguna", ainsi que le superbe passage de saxophone au sein de "Deeply Woven", saxophone qui aurait pu épicer l’album en étant présent sur d’autres pistes d’ailleurs (il est de l’œuvre d’un guest, Jonas Knutsson).

Liminal est donc un album cool et bien fait mais malheureusement je ne peux pas en dire bien plus, je n’arrive pas à trouver des conditions idéales dans lesquelles je pourrai apprécier ce genre de musique, pour un disque dont je reconnais les qualités mais que je vais remiser bien vite dans mon armoire à promos. Au risque de choquer j’ai donc choisi de ne pas lui mettre de note, ce qui serait totalement incohérent vu que je n’ai rien pour juger, que ce soit de manière absolue ou relative, ce genre de musique qui ne me passionne pas notamment de par l’aspect instrumental qui de toute façon me gêne à la base. Mieux vaut vous faire votre propre avis, mais ce qui est sûr c’est qu’il faut apprécier le Metal instrumental sur une base Jazz Fusion, et les particularités qui en découlent (sonorités des instruments à cordes et production « aérée ») pour aimer un groupe comme EXIVIOUS. Groupe qui a néanmoins, en ce qui me concerne, le bon goût de ne pas tomber dans le registre « musique pour musiciens », restant accessible et agréable à l’écoute, sans partir dans la complexité. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui avaient apprécié Exivious tomberont facilement sous le charme de Liminal, surtout sachant qu’il était inespéré de voir un second album débarquer aussi tôt. C’est tout ce que je peux dire.




Rédigé par : ZeSnake | __/20 | Nb de lectures : 12584