Jusqu’à cet album, EXHUMED avait toujours eu des prédispositions à une démence sans doute assez préoccupante pour tout psychiatre digne de ce nom. Il faut croire qu’avec ce troisième album, le groupe a décidé de s’acheter une conduite en freinant un brin sur les colifichets gores à outrance qui rendaient la vision de leurs artworks à chaque fois plus pénible pour les gourmets peu amateur de cervelle. A une époque, on aurait même pu croire qu’ils faisaient un concours de la pochette gore avec leurs potes d’IMPALED. Cette fois-ci, nous avons droit à une pochette étonnamment « sobre » qui évoque immanquablement « Orange Mécanique » le chef d’œuvre de Stanley Kubrick. Lors de l’écoute de cette « Anatomy is destiny », on s’aperçoit bien vite que l’esthétisme du contenant n’est pas le seul changement notable de cet opus. C’en est fini des riffs brouillons et des productions approximatives qui conféraient à EXHUMED le charme inhérent au grind sanguinolent. Attention, n’allez pas croire l’ombre d’un quart de millième de seconde qu’EXHUMED a rangé les scies circulaires et les billots au placard. Je crois tout simplement qu’au bout de neuf années de carrière le groupe a atteint un nouveau stade et a tout simplement mûri pour enfin accoucher d’une œuvre inespérée de leur part. Les influences de CARCASS sont ici présentes plus que jamais. Le chant alterné de Mike Beams avec celui de Matt Harvey a de troublantes affinités du côté de celui du duo Walker/Steer. Pour ce qui est de la musique, c’est sensiblement la même chose. On a droit à un mix subtil à la rencontre de « Heartwork » et « Symphonies of Sickness ». EXHUMED a également trouvé ce sens de la composition des riffs qui « calment » dès les premiers accords et vous calent bien au fond de vos baskets, tant ils sont couillus (« Grotesqueries », « In the name of Gore », « Nativity Obscene »). Pour vous situer un peu la chose, ils nous ont écrits le genre d’intro qui attire immédiatement l’attention lors d’une écoute distraite et vous fait penser « putain, c’est du sérieux ». On peut aussi se régaler de solos aux harmonies revigorantes dopées au concentré de feeling. La totalité de l’album se veut variée aussi bien au niveau des tempos que des ambiances, même si le gore reste le leitmotive du groupe. Il y a aussi l’adjonction audacieuse des chants d’enfants et des riffs tonitruants qu’on retrouve à deux reprises sur l’album (« Nativity obscene » et « A song for the dead »). Mais ce qui apporte, sans aucune ambiguïté, un plus à ce disque c’est la production sublime de Neil Kernon (JUDAS PRIEST, CANNIBAL CORPSE, NEVERMORE) qui a su donné à EXHUMED une clarté de son qui lui faisait, jusqu’à présent, défaut sans pour autant rendre leur musique surproduite et encore moins aseptisée. « Anatomy is destiny » est une excellente surprise de la part d’un groupe qui a cessé d’être bon pour devenir excellent. Bien joué les gars…


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 9416