Saperlipopette ! Me croirez-vous si je vous dis qu’il s’est déjà écoulé 8 ans depuis la sortie du dernier véritable album d’EXHUMED ? Ben voui, 8 ans déjà que la bande de Matt Harvey nous avait éclaboussés les oreilles d’esquilles d’os et bouts de cervelles avec le superbe « Anatomy is destiny ». On pensait que la carrière du groupe allait prendre un virage décisif mais manque de bol, après une paire de tournées sympatoches, un album de reprise dispensable, EXHUMED avait disparu de la circulation et de façon définitive.

Oh pendant ce temps, le père Harvey n’avait pas pris sa retraite pour autant jouant les guitaristes intérimaires pour les occasionnels concerts de REPULSION, de même que pour CRETIN, reformant DEKAPITATOR avec son pote Col Jones et Derrel Houdashelt qui avaient tout deux ex-EXHUMED, poussant la beuglante avec ATHRENODY, retrouvant Bud Burke (ex-EXHUMED aussi tiens !) pour enregistrer un split album avec SCARECROW sans parler de son ralliement aux tarés de GRAVEHILL avec qui il a enregistré un album.

Ouais Matt « Flipper » Harvey a eu un agenda digne d’un légiste en pleine épidémie du virus ébola alors autant vous dire que ce nouveau tour de piste d’EXHUMED est un petit événement en soi.

Contre toute attente, on retrouve le groupe là où on l’avait laissé lors de son album de reprises sous l’égide de Listenable, Leon del Muerte (ex-INTRONAUT, MURDER CONSTRUCT ex-IMPALED, ex-PHOBIA et j’en passe), Wes Caley (ex-UPHILL BATTLE), Danny Walker (ex-UPHILL BATTLE, INTRONAUT) pour tabasser tout ce qui ressemble à une cymbale ou une peau tendue et bien entendu, Matt Harvey himself.

Digne rejeton de CARCASS dans son époque la plus bucolique (c’est à dire les trois premiers albums) EXHUMED nous ressort la panoplie complète du « belliqueux death/grind qui tache » allant jusqu’à se faire des trognes de zombies pour se mettre en scène sur un artwork et un livret des plus réussis. Ici pas de fioriture, pas de quartier on rase gratis à la machette émoussée, on envoie les watts comme Tyson envoyait des baffes. EXHUMED nous taille ici un disque fougueux qui fait la part belle aux guitares. L’efficacité est le maître mot de la cuvée 2011. La dualité très réussie du chant doublé Harvey/Del Muerte nous ramène à CARCASS certes, mais pour le reste, EXHUMED revient à ses premières amours.

En effet, malgré ses airs frondeurs et le martellement monstrueusement efficace de Danny Walker (j’arrive toujours pas à comprendre comment un type qui met des T-shirts taille XS arrive à cogner aussi fort), « All guts no glory » est bourré de références qui fleurent bons les années 80. A commencer par des guitares qui n’ont jamais sonnées aussi thrash aussi groovy. Ça taillade dans le gras. Si les riffs sont nerveux, les soli sont, quant à eux, implacables et souvent mélodiques. EXHUMED se paye même le culot de nous balancer quelques riffs heavy metal sur l’excellent « Through cadaver eyes ».

Mais les références ne s’arrêtent pas là. Ainsi le premier couplet de « Deathknell » a des airs de famille avec le refrain du « Chemical Warfare » de SLAYER (si, si je suis formel et je fais bouffer son clavier au premier qui avancera le contraire – les suivants aussi d’ailleurs). Il y a aussi le refrain «So let it be rotten… so let it be done » allusion au refrain de « Creeping death » de METALLICA sans parler du titre même de l’album qui évoque explicitement la maxime tripière « No guts no glory » immortalisé par BOLT THROWER.

Loin de jouer les plagiaires (qui, contrairement à la croyance estivale, ne sont pas les femelles des plagistes) EXHUMED se veut ici cabotin et, tout au plus, émaille un disque d’une redoutable efficacité, de quelques clins d’œil appuyés.

La production, partagée entre deux studios avec Ryan Butler et John Haddad aux commandes (ayant respectivement bossés avec MISERY INDEX et ABYSMAL DAWN) est propre, presque trop en comparaison des affinités gore revendiquées par le groupe depuis toujours.

La recette fonctionne plutôt bien et on se surprend à écouter l’album en boucle en y prenant un certain plaisir. Le seul léger problème venant peut-être du fait qu’on n’en retient pas grand-chose une fois terminé. Pas de riffs entêtant qu’on se surprendrait à chantonner sous la douche, pas de titre phare qui fleure bon le futur classique juste une brochette de titres énervés, chargés d’adrénaline et dotés d’un excellent feeling. Et par les temps qui courent, c’est déjà pas si mal non ?

A noter, pour les die hard fan, une édition limitée agrémentée d’une paire de vieux titres « exhumés » pour l’occasion de même qu’une version double vinyle.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13814