Le moins que l’on puisse dire au sujet d’Ewigheim c’est que le groupe, ou plutôt le duo, ne dépareille sur le catalogue du label prophecy. Manipulant à sa guise tristesse et raffinement Ewigheim arrive à se démarquer dans l’univers encombré du dark gothic métal. Sur cette deuxième livraison les allemands nous gratifient d’un album rempli de poésie, alliant lourdeur dans les rythmiques mid tempo, mélancolie dans les arpèges et nuance dans les arrangements.
Ne vous fiez pas à la courte intro « vorspiel » ultra convenue et sonnant comme une comptine enfantine. Le reste est autrement plus intéressant, le groupe a tout bon et donne enfin aux guitares lancinantes la place qu’elles méritent. Le gothic métal pratiqué de la sorte peut avoir quelques ressemblances avec celui du Type O d’October Rust (flagrant sur « heiweg ») avec toutefois une vision moins sexuelle de la musique. Quoique, le chant grave et suave, qui plus est entièrement en allemand, a de quoi produire quelques réactions chez la gent féminine. Je parlai tout à l’heure des arrangements ; plutôt que de noyer sa musique dans une soupe de claviers, le duo préfère varier les plaisirs en utilisant par exemple un violon « das rad der käfer », quelques sonorités electros «humus humanus », des chœurs « der prophet » et un piano discret mais omniprésent. Pour les plus dépressifs de nous tous ils ont même pensé à inclure la petite chanson au piano que je ne qualifierai pas de ballade mais d’ode à la déprime. L’essentiel à retenir dans l’entreprise est le soin apporté à l’écriture des morceaux et plus particulièrement à la ligne de chant qui se veut immédiatement accrocheuse. Tout cela en gardant à l’esprit la ligne directrice de l’album, à savoir un mélange de tristesse et de romantisme. Les guitares ne sont bien sûr pas en reste quand il s’agit de mettre en musique le spleen des compositeurs, à ce titre le riff de « leib in laub » est tout simplement hypnotisant. Mais le gros morceau de l’album est à mon sens le titre « der prophet » qui résume à lui seul ce que le groupe peut offrir. On y trouve des guitares assez lourdes, qui associées à des violons font toujours merveille même si le schéma est connu de tous. Mélangeant chant lyrique, chœurs féminins, vocaux trafiqués, bidouillages électros, ce morceau a tout pour plaire.
Ewigheim n’est guère innovant mais suffisamment appliqué dans l’interprétation pour passer un agréable moment. Essayant de trouver le groupe qui comblera le vide laissé par Empyrium (ça va être dur) Prophecy propose Ewigheim à tous ceux qui n’ont pas adhérer à l’horror métal de The vision bleak. Le trou n’est pas comblé mais on a de quoi patienter de façon agréable.




Rédigé par : dark tranquilou | 14.5/20 | Nb de lectures : 9557