Après une démo autoproduite en 2001 (et une autre non distribuée en 2004), Evohé dégote une signature chez nos compatriotes d'Oaken Shield. Illégitimement estampillé "true black" sur le site du label, Evohé propose une musique plus complexe qu'il n'y parait de prime abord. Play.

Une fois passée son intro étrangement "Arkhonienne", le premier titre jaillit, alliant vitesse d'exécution et mélodie avec un feeling assez black suédois. On croit tenir un peu le style du groupe, qui lorgne clairement du côté du black scandinave, oscillant entre Marduk et Dark Funeral pour citer de grosses locomotives. En tout cas, c'est brutal et mélodique à la fois, appuyé par un chant hurlé black. Puis, à partir du troisième titre "Drawn in Fire", l'auditeur glisse sur une flaque. Les repères changent et les références se brouillent. La mélodie principale s'articule autour d'une partie qui rappelle un groupe norvégien relativement connu. Cette référence est encore plus flagrante avec "Frozen Fate": l'intro est un hommage à peine déguisé à l'Emperor d'"In the Nightside Eclipse" (même les coups sur la ride rappellent le jeu de Faust). Après un break, le morceau évolue vers une partie à la manière de Belenos, autant sur les riffs que sur le travail des voix en français. Puis il se termine en bourrin tonique. Mais le mal est fait, je me mets à décortiquer chaque titre pour y trouver les références (sus)citées.

Loin de cette vivisection, cet album d'Evohé reste fort agréable à l'écoute. Les textes, mélange de français et d'anglais, sont portés par une voix d'écorché vif. Les structures des morceaux sont assez variées pour ne pas ennuyer, même si elles restent relativement simples. Mais ce "Tellus Mater" ne peut atteindre des sommets de délectation. La faute à un manque de digestion des références et un éparpillement stylistique, vous l'aurez compris, écueil du premier album sans doute. La faute encore à des riffs qui naviguent entre le très bon et le plus commun et qui manquent souvent d'originalité. La faute également à une production qui, malgré tous ses intervenants, met en avant la batterie et la voix au détriment des guitares dont les riffs ne ressortent pas de l'ensemble. Au final, c'est le potentiel du groupe qui ne ressort pas pleinement de titres trop diversifiés, malgré l'ambition qui semble affichée. Ce n'est peut-être pas pour rien que leur label les a rangés "true black" finalement, en l'absence d'une étiquette plus claire. Un album qui reste intéressant et qui est très encourageant pour une première sortie. Mais on sent le "peut mieux faire". Alors vivement le deuxième !!




Rédigé par : Prince de Lu | 11/20 | Nb de lectures : 13303