Devant l’enthousiasme unanime d’une poignée de grabataires métalliques qu’avait soulevé la compilation de ROTTREVORE quelques semaines plus tôt, il était de mon devoir de respecter ma promesse en vous parlant de ce mini CD d’EVISCIUM, le nouveau groupe de Mark Mastro (ex-ROTTREVORE) et Sharon Bascovsky (DERKETA).

Avec les cinq titres de ce mini, c’est un véritable retour aux sources qui s’opère puisque EVISCIUM s’inscrit dans la continuité directe du death/doom de ROTTREVORE, en accentuant davantage les influences de la scène finlandaise de la fin des années 80/début 90. Aussi, il n’est pas réellement surprenant de trouver dans « Underneath the Buried » des affinités avec les premières œuvres de combos légendaires tels DEMIGOD ou FUNEBRE. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle des ricains de FUNEBRARUM dont je vous parlais il y a quelques temps dans ces mêmes colonnes (un projet de split EP ou album regroupant les deux groupes serait d’ailleurs en prévision).

EVISCIUM est un peu au death métal, ce que Blédina est à l’alimentation des nourrissons: tous deux font de la bouillie dont on a parfois du mal à déterminer les ingrédients. Comme c’était le cas pour ROTTREVORE, EVISCIUM met en avant un chant totalement déshumanisé, une mise en place parfois totalement aléatoire et des rythmiques lourdes comme un repas de réveillon. La majeure partie de ce disque s’étire dans les miasmes d’un doom presque organique mais les parties rapides font preuve d’une bestialité primale à la limite du grind. Certes, le terme de « riff » est un bien grand mot pour décrire le remugle monstrueux qui émane des six cordes mais malgré ses atours repoussant « Underneath the Buried » reste un cd incroyablement riche en feeling. Il va sans dire que ce disque n’est à conseiller qu’à une poignée de vieux croûtons nostalgiques ou à quelques jeunes padawans adeptes de sonorités cradingues.

Ce mini est sorti chez Still Dead productions en 2003, un sournois label polonais qui n’a existé que le temps d’escroquer les groupes peu méfiants qui signèrent avec lui avant de s’évaporer dans la nature (le genre de label manager dont on souhaite qu’il finisse ses jours dans une étroite cellule en compagnie de psychopathes sexuels). Pourtant, ce mini d’EVISCIUM n’est pas très difficile à trouver pour celui qui cherche un peu sur eBay ou sur quelques VPC pointues.

Si le death/doom visqueux de ROTTREVORE ou les tempos lourds de DERKETA rallument chez vous la flamme des jours anciens, la demie-heure de ce mini ne pourra que vous combler.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 12771