Evereve a toujours eu le profil du petit groupe sympathique dont on apprécie d'écouter un album de temps à autres. Ils représentent aussi un peu l'archétype du groupe qu'on conseille, mais jamais en premier. Exemple "si tu trouves pas les albums de Terrific Calamar, de Gropeth, de Neutrogena Massacre ou de Mescadeth, tu peux toujours essayer Evereve...". A mon avis, cette réputation de groupe de second choix n'a jamais vraiment desservi leurs intérêts et les true-fans de cette formation allemande doivent se compter sur les doigts d'une main de manchot. Pourtant, ce cinquième album peut être considéré comme une réussite de plus. Dans la directe lignée du précédent et excellent "E-Mania", Evereve perpétue sa tradition du gothic-metal à la fois cybernétique et chaleureux amorcée depuis quelques années.
Le disque débute sur un "This heart" réussi, très carré avec un refrain immédiatement mémorisable avec ses vocaux très new-wave et ses backing vocals qui s'immiscent autour. "The more she knows" commence comme une douce ballade et se charge de poser un mur sonore progressif pour étouffer l'auditeur. Le plus joli titre de l'album est chanté en partie en espagnol "Abraza la Luz" - c'est décidemment une habitude ces derniers temps - et comporte une fois de plus un refrain agréable, facile à chanter en concert et des guitares Fearfactoriennes à souhait. Les capacités vocales de Em-Zett atteignent véritablement leur apogée sur "Her last summer" où le gusse se permet de faire la leçon à une grosse majorité des chanteurs présents sur la scène actuelle. Avec "Silvergod", on enclenche la vitesse supérieure avec des grosses parties de guitare entraînantes et un refrain toujours simple et entêtant. Avec "X-Istence", on retombe dans un trip un peu plus classique, ni bon ni mauvais mais passe-partout. La fausse ballade du disque "December wounds" est sympathique et ses arrangements électroniques discrets sont un bon prélude au refrain tout de même un peu énervé. "Along comes a fool" utilise des beats techno pour mieux asseoir une grosse débauche d'énergie. Dommage que la ligne mélodique soit un peu plate au final et que ce titre ne laisse pas un souvenir vraiment impérissable. "One more day" est déjà plus sombre et lent et sa rythmique un peu tribale se laisse particulièrement apprécier. "Eat-grow decay" commence de façon magistrale et dépote pas mal à la manière du "New Breed" de FF. Un des meilleurs morceaux de l'album en tout cas malgré les réminiscences néo qui ne plairont pas à tous. "1951" clôture l'album en douceur et quelques émotions à fleur de peau sont audibles. Le vocaliste en profite pour s'essayer à quelques envolées et les riffs sabbathiens constituent un épilogue de choix à ce disque.
Vous pourrez constater comme moi que ce disque souffre malheureusement du défaut récurrent de bon nombre de productions actuelles : la plupart des très bons titres sont placés au début. On a donc l'impression de se faire flouer un peu au fil de l'écoute et j'ai eu tendance à remettre toujours le disque au début une fois arrivé à la moitié. Même si la baisse d'inspiration n'est pas cataclysmique, c'est tout de même un peu génant et heureusement que le gros son, les vocaux excellents, les riffs efficaces et tranchants, les parties de claviers astucieusement placées viennent largement sauver les meubles. Ajoutez à celà un artwork sublime et une honneteté des musiciens et vous obtiendrez un bon disque, digne successeur de "E-Mania". Pourtant, ce n'est toujours pas avec ce disque qu'ils vont figurer en tête de votre liste de courses musicales et c'est vraiment dommage. Je serais vraiment méchant en disant qu'ils sont destinés à végéter en 2° division éternellement mais un peu plus de constance dans l'écriture sera certainement nécessaire pour accéder au gotha des groupes respectés, respectables et indispensables. Pour vous faire une véritable idée, cherchez vous un avant-goût sur leur site officiel : http://www.evereve.net


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 7808