Ah ! Toutes ces belles frontières ouvertes, ce libre marché… Quelle est belle notre mondialisation ! J’entends déjà de vilaines langues dont les élans poétiques et le goût des rimes riches me persiflent uniformisation à l’oreille. Je dois reconnaître que sans la jolie présentation du label, je n’aurais jamais deviné qu’il s’agissait d’un groupe russe. Non, j’ai bien cru qu’on était en Suède.

On a donc affaire à deux Russes mystérieux prénommés I et II (au nombre de deux donc…) évoluant dans des sphères mystiques que le label présente comme du Black Metal Religieux. Pourquoi pas, mais autant parler directement de Black Orthodoxe tant notre duo vient flirter avec l’atmosphère recueillie gravitant autour du Necromorbus. Excepté que nos chiffres romains ont confié la mise en forme au Endarker ; la maison de nos célèbres Panzer Canard. En parlant du son, on regrettera un léger manque de percussion de la batterie. Ce souci étant largement compensé par le grondement d’une basse thermonucléaire créateur d’acouphènes.

Musicalement, ce sera tout ce qu’il y a de plus convenu dans le style. C’est à dire des titres relativement longs (de 6 à 9 minutes) alternant arpèges dissonants et hypnotiques et trémolos blastés aussi sauvages que suédois. Les seules démarcations sont une intro étrange vous plongeant dans un suspens hypnotique, progressif et s’achevant brutalement. A contrario, l’outro fait pâle figure en comparaison avec ses arpèges déchirants sur fond de Thrash. Le chanteur dégueule son gospel satanique non pas de manière criarde mais plutôt dans les graves sur un ton martial à la limite de la scansion. Etant relégué assez loin dans le mix, ce chant devient un instrument parmi les autres.

La prière ne dure que 32 minutes (c’est déjà ça…) mais j’ai réussi à trouver le temps long sur certains passages. Il faut dire, que j’avais l’impression qu’ils avaient acheté leurs riffs en soldes tant ces sombres dissonances ont déjà fait l’aller-retour dans mes vieilles oreilles. L’impression de déjà entendu affadit vraiment le propos. Bizarrement et heureusement, c’est le titre le plus long qui s’en sort le mieux grâce à un côté plus mélodique oscillant entre un aspect menaçant et des envolées épiques. Ce n’est pas vraiment original non plus puisque cela rappelle autant du vieux Marduk que le Psalm II de Heresi mais cela a l’avantage d’allumer quelques loupiottes dans mon cerveau alcoolisé.

Très loin d’être mauvais mais aussi très loin d’être passionnant car il y a déjà un bon paquet d’orthodoxes qui sont venus frapper à ma porte histoire de me convertir à leur dogme. De ce fait, notre vodka double déboule après la bataille et malheureusement je suis déjà atteint d'une cirrhose foudroyante. Certes ça s’écoute pépèrement à l’heure de l’apéro mais guère plus. Aucune véritable personnalité, un album de série B bien carré, à peu près efficace mais dont on ne va pas garder beaucoup de souvenirs et sur lequel on ne va pas revenir souvent. J’ai envie de dire que c’est du Black Spaggiari : Sans arme, ni haine, ni violence…


Rédigé par : Dark Rabbit | 10,5/20 | Nb de lectures : 12008