Il semblerait que les groupes dont les membres ne souhaitent pas révéler leur identité soient à la mode en ce moment. Ca fait toujours un peu de buzz ce genre de gimmicks, on se demande toujours s’il n'y a pas un gars connu dans ce groupe. Les membres d'EVANGELIST ont beau s'en défendre et revendiquer par-là un acte de foi destiné à souligner qu'au bout du compte seule la musique compte, le résultat est le même, on ne changera pas la nature humaine et la curiosité passera pour la plupart des auditeurs avant la musique. Et puis un groupe inconnu, c'est nul, ça ne permet même pas d'étaler sa science dans les dîners mondains ou les beuveries au troquet du coin en récitant le line-up et le CV de tous les zicos du groupe.

Tout ce que nous savons d'EVANGELIST, c'est qu'il s'agit d'un groupe polonais qui existe depuis 2008, composé de musiciens expérimentés originaires de Cracovie et que ce "Doominicanes" est son second album après "In Partibus Infidelium" sorti en 2011. Ce que je peux aussi vous dire avec certitude c'est que la musique du groupe mérite vraiment que vous lui consacriez un peu de temps pour peu que le doom traditionnel trouve grâce à vos oreilles. Apparemment le groupe semble porté sur la religion, son nom et un titre de morceau tel que "To Praise, to Bless, to Preach", un autre en latin ou les "Hallelujah" entendus sur le dernier morceau le confirment mais le promo CD fourni par Doomentia Records ne contient pas les paroles. Quoiqu'il en soit peu importe, je me fous traditionnellement de ce que peuvent bien raconter les groupes de black metal les plus virulents, je ne vois aucune raison qu'il en soit autrement ici, seule la musique m'intéresse. Il était toutefois permis de douter puisque le groupe reprend comme intro le même extrait (sans le Carmina Burana de Carl Orff) du film "La plus grande histoire jamais contée" (George Stevens, 1965) que... VITAL REMAINS sur son album "Dechristianize". Inutile de vous préciser que les idées des deux groupes sont totalement diamétralement opposées et que leur musique n'a pas vraiment de similitudes non plus.

Musicalement justement parlons de cet album car il y a à dire à ce sujet. Comme je l'ai dit EVABGELIST donne dans le doom traditionnel. Nul doute que nos mystérieux inconnus ont écouté plus qu'à leur tour les albums de SOLITUDE AETURNUS et de CANDLEMASS. A ces deux illustres noms, je rajouterais celui de FORSAKEN, l'excellent groupe maltais dont on est sans nouvelles depuis 2010 mais qui est apparemment en plein composition d'un nouvel album... Mais je m'égare... Revenons aux influences, outre les noms purement doom déjà cités, on pense également à KING DIAMOND lors de quelques montées du chanteur dans les aigus. Des références plus que recommandables pour un album qui s'étire sur 45 minutes pour cinq morceaux plutôt longs donc, affichant des durées comprises entre 7 et près de 13 minutes. Le combo prend donc tout son temps pour laisser ses morceaux s'installer. En dépit de durées relativement longues, les plages n'en sont pas pour autant complexes, c'est plutôt dans la simplicité que le groupe a souhaité donner. Des riffs simples mais très efficaces, forts, majestueux et puissants, auxquels viennent régulièrement se méler de longs solos mélodiques plutôt bien sentis, voilà la formule d'EVANGELIST. La voix du chanteur est assez intéressante, bien adapté au style son chant clair dégage de la puissance mais il y a également un coté caliméro plaintif et déprimé qui sur la durée lassera peut-être certains auditeurs même si ça n'a pas été mon cas.

Sans être en quoi que ce soit révolutionnaire, cet album se révèle tout de même être une jolie découverte, d'autant qu'il est livré avec une bonne production, claire et puissante. A conseiller aux amateurs de doom traditionnel épique donc.


Rédigé par : Sheb | 13.5/20 | Nb de lectures : 12065