L’Espagne n’est pas le pays le plus connu en matière de metal. Pourtant, quelques groupes arrivent à s’exporter et donc à se faire connaître. Personnellement, même si la partie ibère de ma discothèque ne prend pas beaucoup de place, quelques groupes ont su s’imposer. Alors certes, il s’agit principalement de black et de death metal. Mais le genre qui concerne EVADNE, le groupe du jour, a su se faire une petite place, même si moins importante. Il s’agit bien sûr de doom. En faisant la liste des groupes de doom espagnols sur Metal Archives, j’ai vu qu’il y en avait un peu plus d’une centaine de répertorié. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est vrai qu’il y a tellement de soleil que ça empêche les émotions propices à cette musique d’émerger.

Mais je m’éloigne du sujet. EVADNE, donc, groupe espagnol formé sous ce nom/forme/direction musicale en 2003. Ils sortent en 2004 leur première démo, puis trois ans plus tard leur premier album, "The 13th Condition", à la pochette ultra kitch, voire rédhibitoire (en tout cas, simplement basé sur elle, je doute que je ne l’aurais jamais écouté). Et le groupe revient donc cette année (ou plutôt en fin d’année dernière, puisque la date officielle de sortie étant mi-décembre) avec son deuxième album, intitulé "The Shortest Way". Cette fois, la pochette est confiée à Robert Höyem (EVOKEN, KAMPFAR…) qui signe une œuvre mystérieuse et brumeuse, collant parfaitement à la musique du groupe. Au programme donc, huit morceaux pour 65 minutes de doom/death melodique. L’album est sorti en autoproduction, mais mixé et masterisé par Môssieur Dan Swäno. Résultat, un son lourd et propre, sans être trop clinique, parfait pour la musique du groupe.

Bon, doom/death, ça veut un peu tout et rien dire. Mélodique a dû en faire fuir plus d’un (j’aurais été le premier). En tout cas, si EVADNE est espagnol, c’est le plus anglais des groupes ibères. Les 5 de Valence puisent leur inspiration musicale directement dans les racines du genre, en Angleterre, chez ANATHEMA et PARADISE LOST en particulier. Mais attention, ils louchent plus sur "Lost Paradise", "Gothic", "Serenades" ou "The Silent Enigma" (quels albums, soit dit en passant) que sur la suite des discographies de ces groupes cultes. Donc un doom/death assez mélodique sans être trop gnangnan, avec un chant grâââve et profond, soutenu sur certains passages par un chant clair assez discret. Par moments, le chant masculin est soutenu par le chant éthéré d’une jeune damoiselle (notamment sur "All I Will Leave Behind"), ce qui apporte de la douceur et de la richesse au morceau. Les interventions de clavier se font soit en nappe, pour accompagner la musique, soit en court interlude au milieu d’un morceau. Côté musique, comme les deux groupes pré-cités, le tempo n’est pas forcément très lent, mais plutôt lourd. Les morceaux avancent doucement mais sûrement, sans vraiment traîner. Le groupe fait se succéder des passages très lourds et oppressants à d’autres plus aériens et minimalistes, sans distorsion, par esprit de contradiction et pour rendre les titres moins linéaires. Pari gagné, puisque les 65 minutes passent finalement assez facilement, sans ennui.

Malheureusement, si on ne s’ennuie pas, tout n’est pas rose dans l’univers d’EVADNE. Et la principale critique que j’ai à leur faire est cette impression de déjà entendu qui court tout le long de l’album. En soit, c’est un bon album, mais qui n’a rien d'original. Un second couteau agréable, mais j’aurais plutôt tendance à revenir vers les bases et les valeurs sûres, le haut du panier. Les nombreuses écoutes avant d’écrire cette chronique n’étaient pas désagréables, loin de là, puisque "The Shortest Way" a un effet madeleine de Proust, mais une fois terminé, on ne retient pas grand-chose. Un album à réserver aux fans du genre, ceux qui ne veulent pas aller dans le doom plus lent, moins mélodique, voire plus traditionnel. Un bon album donc, mais…


Rédigé par : Skay | 13/20 | Nb de lectures : 11806